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Ah ! ces intelligences « supérieures » !

Si elle était encore de ce monde, Geneviève Tabouis aurait proféré au micro des installations de RTL « Attendez-vous à savoir »… qu’à force de détestation des gens qu’ils élisent, les Belges vont finir par détester aussi le système.
Ce n’est pas étonnant puisque ceux que nous détestons sont ses produits ! Heureusement pour la démocratie, le système n’en est plus un dérivé. C’est une sorte d’ersatz fait de particratie et d’oligarchie, fifty-fifty.
L’excellent magazine Daardaar le confirme « Selon une enquête menée conjointement par cinq universités (Anvers, KU Leuven, VUB, UC Louvain et ULB), de nombreux sondés jugent en effet les hommes politiques corrompus, incapables et déconnectés des réalités sociétales. »
Pourquoi les électeurs détestent-ils les hommes et les femmes qu’ils élisent ? On peut donner quelques réponses : on vote avec les pieds, on fait confiance à un parti mais pas à ses dirigeants, on craint l’amende pour n’avoir pas voter (on ne poursuit pas les abstentionnistes) et on pousse n’importe qui dans l’urne.
Ne serait-ce pas plutôt la résignation qui conduit à la démoralisation du citoyen, par la vision d’une aporie collective (absence d’issue) nationale ?
Cela peut être aussi pour une désapprobation collective qui ne s’est pas encore transformée en émeute.
Près de la moitié des sondés (48,7%), sur 4.000 échantillonnés d’un large éventail social, estiment que les hommes politiques sont corrompus, 60% pensent que ces élites ignorent ce qui se joue dans la société et 44% considèrent qu'aucun parti ou personnalité ne parvient à veiller correctement sur leurs intérêts. (De Morgen)
Ce sondage remet les choses d’aplomb, l’électeur est très lucide, au contraire, il est simplement désabusé de la classe politique, pourtant universitaire.
Et c’est là qu’il faut poser la question. Qu’apprend-on aujourd’hui dans les universités aux étudiants sur la démocratie, sur le contrat social entre l’état et le citoyen, sur le « métier » de parlementaire qui n’en est pas un ? Dispose-t-on l’apprenti politicien à l’analyse de la société par l’étude des sociologues Durkheim, Habermas, Bourdieu, Adorno, Marcuse et combien d’autres. Ce qui donne à penser aux citoyens lettrés (il y en a plus qu’on ne pense) que les universités ne prédisposent pas ceux qui en sortent à une bonne analyse de la situation sociale qui ferait que les citoyens qualifient les temps de législature heureux ou désastreux.

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Ce qu’on y apprend, c’est la culture bourgeoise qui prend ses repères dans la société libérale et qui n’en sort sous aucun prétexte. L’université non seulement ne joue pas son rôle, mais encore elle l’interprète comme l’apprentissage d’une continuité de ce qui existe, dans des formes immuables. Elle fait des diplômés de bons petits soldats des banques et de l’économie néolibérale.
Il n’y a que deux sortes d’intellectuels qui vont pouvoir tenir des propos réfléchis différents: le rebelle universitaire qui a la capacité critique de remettre chaque chose à sa valeur réelle et l’autodidacte, qui a l’avantage sur le premier, de n’avoir pas eu à résister à une scolarisation tournant autour de la propagande du système.
De ce qui précède, entre les cribles ne passent que très peu de parlementaires et plus rarement un président de parti. C’est maigre, mais voilà qui justifie à ces exceptions près, le « tous pourris » de l’électeur.
Ce sondage montre aussi une volonté de pousser vers la sortie les corrompus, puisqu’une large majorité (82,9%) continue à croire aux élections tous les deux ou trois ans pour nommer des élus, mais aussi au fait que des coalitions doivent être constituées pour obtenir un gouvernement (64%). Or, les élections ont lieu tous les cinq ans. Cela nous permet de croire que tout n’est pas perdu, qu’il y a des solutions, celle d’élections rapprochées entre autres. Si l’on joint à cela un référendum permettant de destituer un ministre ou un gouvernement en exercice, on aura créé un nouvel essai pour revenir à la démocratie.
Les échecs de la recherche d'une coalition gouvernementale et les jeux politiques parfois mesquins saturent l’espace sociale et tuent dans l’œuf toute réconciliation du citoyen avec le personnel politique.

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