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Une vie réussie !

Pour être vraiment we-transférable sur les réseaux sociaux, je devrais écrire sur l’affaire Daval en cours de jugement. J’aurais dix pour cent de lecteurs en plus. Parler du sperme de Daval retrouvé sur la robe de sa victime, m’en ferait dix de plus ! Complet, je devrais dire un mot du Black Friday, pour faire bicher les américanolâtres à la mouillette sentimentale !
Mais, qu’est-ce que vous voulez, le clientélisme à la Trump, je ne peux pas.
Souvent je me trompe. Certaines de mes chroniques pourraient n’être que du complotisme, confondues avec l’islamo-gauchisme ou de les avoir tirées du nationalisme de Marine Le Pen !
Ce n’est pas plus mal ainsi. Cela me permet d’éviter les courants, tout en étant accusé de les préférer tous, à tour de rôle. Cela m’autorise à être léger un jour, abscons un autre, parfois à toucher quelque chose d’important, sans toujours en être conscient.
« Fin octobre 2018, un chauffeur routier de 33 ans, Eric Drouet, lançait sur Facebook un appel à la mobilisation contre l'augmentation des prix du carburant. Quelques semaines plus tard, le 17 novembre 2018, les gilets jaunes déferlaient sur la France, inaugurant le plus vaste mouvement social qu'ait connu le pays depuis mai 1968. » (Les journaux)
Je voudrais revenir sur cet événement, dépassant la personne d’un Eric Drouet, transcendant son appel dont il ignorait parfaitement qu’il allait bouleverser le monde social et aussi le monde politique, sans que celui-ci en ait la pleine conscience, encore aujourd’hui.
Je m’en suis déjà ouvert dans une chronique récente. Elle n’a eu aucun écho. C’est souvent ainsi que commencent les changements de grande importance, ayant sur les gens d’immenses conséquences. Ils passent inaperçus, jusqu’au jour où ils aveuglent les consciences, au point que le monde en soit bouleversé et modifié à jamais.
Malgré nous, nous ne nous dissocierons pas de cette année de manifestations spontanées jetant des millions de personnes sur les routes et les ronds-points. Un mouvement social inégalé dont les effets bousculent l’Europe, devant l'absence de perspectives et la persistance d'inégalités profondes.
Même en Belgique, pays de la placidité repue, ça se conjugue à l’effet Covid, dans une association de griefs inédite. La contestation n’est pas éteinte, qu’on l’appelle Gilets jaunes ou sidération, devant nos neuf ministres de la santé de l’usine à Gaz des politiques.

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On ne sait pas où l’on va. Les discours officiels ne passent plus. Ceux de Clarinval et de De Croo, à propos du suicide de la jeune coiffeuse de 24 ans, sont perçus comme des hypocrisies larmoyantes. Les mesures « pour notre bien » sont autant de brandons enflammés qui transpercent nos chairs, au lieu d’être le baume guérissant des promesses qu’ils nous vendent.
J’imagine que la saga des Gilets Jaunes ne fait que commencer. Les motifs d’explosion sociale se sont renforcés avec les inégalités nouvelles de l’épidémie. Comment ose-t-on confiner les pauvres sur 16 mètres carrés, homme, femme, enfant vieillard – et ils sont probablement des millions en Belgique – en leur intimant l’ordre de n’en pas sortir, après une certaine heure sous peine de coercition ?
Comment ose-t-on obliger le port d’un masque dont on sait bien qu’ils sont inefficaces à force de trop les réemployer, alors qu’ils ne sont pas gratuits et que les seuls sûrs coûtent minimum 6 euros pièce chez le pharmacien ?
Comment peut-on se gargariser de précaution en envoyant travailler sciemment des enseignants et bien d’autres travailleurs, comme les caissières des supermarchés, dans des environnements qui ne sont sécurisés que sur le papier et le sachant, affirmer le contraire ?
Les GJ incarnent la colère populaire. Ils ont réveillé l’attention à la lutte sociale jadis réservée aux syndicats et au parti socialiste. La colère vient de ce petit peuple qui a bâti son projet de vie autour de l'accession à la propriété et qui se retrouve aujourd'hui anéanti par le modèle des grandes villes des élites culturelles, fragmentant telle une grenade, la famille : les vieux à l’hospice, les jeunes à l’apprentissage d’un boulot « porteur » et les adultes au turbin. Les gilets jaunes n'ont choisi leur lieu d'habitation qu’en fonction de deux critères : les prix du foncier et la facilité d'accès à l'autoroute. Ce faisant ils ont réalisé ce que leurs parents n'avaient pas fait avant eux, faute de moyens : devenir propriétaires. Et voilà que ceux qui savent tout à notre place viennent nous dire que nous ne devrions plus vivre de la même manière, la voiture diesel, les légumes du jardin, la maison payée en trente ans, c’est fini. Tout cela sans nous expliquer si la nouvelle manière de vivre est meilleure ou pire que la précédente. Comme avec le Covid, il faudrait leur signer un chèque en blanc. Ils ont la martingale pour ne pas mourir. Eux, du reste, si vous l’avez remarqué, ils ne meurent pas.
C'est d'une très grande violence pour des gens qui avaient jusqu'alors, le sentiment d'une vie réussie.

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