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Béribéri et psittacose.

Les peuples africains souffrent encore du béribéri qui est leur pandémie à eux « sans virus » mais autrement mortelle. Et voilà que dans notre inconsciente arrogance, nous les rejoignons dans le malheur permanent en chopant la Covid-19, maladie de riches et qui touche un président de la République, mais frappe surtout les pauvres dans ses scratchs. Voilà qui rend le peuple européen proche du peuple africain.
Nous ne retiendrons rien de cette pandémie. L’homme moderne est fait pour jouir de tout et tout de suite. Après la douleur de n’être plus soi dans le temps de travail imparti au système, il entend tout de suite avoir droit aux plaisirs. La règle ne souffre aucune exception d’ordre moral ou social : les vieux au mouroir, les pauvres ignorés et l’Afrique rayée de la carte.
Nous enverrons quelques millions de doses de vaccin aux populations africaines qui continueront à mourir du béribéri. Seuls nos morts comptent. L’aide à l’Afrique, c’est pour concurrencer la Chine, rapport au business.
Nous ferons l’apologie des scientifiques qui ont réussi à endiguer l’hécatombe, moins meurtrière que celle qui emporta Guillaume Apollinaire.
Les pédagogues trouveront utile, un certain temps, d’introduire l’historique de la pandémie dans un cours de science. Il sera vite remplacé par des théories du bien-être, grâce à l’économie remondialisée. L’addendum écologique sera productiviste et tourné vers la croissance. Le changement ne sera qu’apparent, mais les masses ne s’en apercevront pas !
C’est le drame de toutes les civilisations, elles ne se fortifient pas des expériences passées. Elles ne survivent que grâce aux bons souvenirs, pas des mauvais.
Nous remettrons en état ce que nous condamnions avant la Covid-19. A l’inventaire des dégâts de nos grandes industries succédera leur indemnisation.
Bien entendu il ne sera plus question de réformes sociales, en accord avec les partis de pouvoir. Nous nous retrousserons les manches dans « la belle ouvrage », vivement encouragés par le pouvoir politique.

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Les partis associés auront profité des moments de désarroi pour consolider leur mainmise sur les gens. La force publique ayant servi contre le fléau, les Gilets Jaunes et les extrémistes musulmans, sera maintenue après la crise pandémique. La liberté économique sera le fer de lance de la démocratie non entravée par les syndicats. Le personnel politique restera en poste pour de longues années. Le droit de vote ira au seul usage de les réélire.
L’opinion publique ayant retrouvé le goût des fêtes et de la joie, le pouvoir en profitera pour frapper la gauche d’un grand coup, en supprimant le droit à la parole des derniers téméraires revendiquant des changements profonds.
Toutes les formes créatives de l’Art ayant presque disparu, l’État prendra en charge la reconstruction selon les anciens critères des subventionnés, théâtres, opéras et conservatoires, ajoutant au surplace conventionnel ancien, le goût moderne bourgeois des dessus de cheminée et de la musique de contemption de la gueuserie de ginguette. L’Art officiel aura très peu perdu, l’underground sera presque totalement détruit. Les entreprises mondiales d’intérêts et de culture générale, les GAFA, combleront les trous causés par la disparition des hors-la-loi, créateurs de l’en-dehors officiel. Ce sera l’âge d’or de la pensée unique et la fin de toute velléité de l’art précurseur. Une pétition pour rehausser la gare de Mons de la statue de Di Rupo aurait l’assentiment des autorités.
Après s’être doté d’une capacité d'hospitalisation plus grande et réservé des avantages financiers au personnel hospitalier, dans un premier temps, le pouvoir oubliera le personnel auxiliaire et d’entretien, dans le second, six mois plus tard, on ne pensera plus ni aux uns, ni aux autres. Après la sortie du dernier malade Covid des urgences, on se débarrassera des stocks de masques. Le pouvoir reprendra ses habitudes de dénigrement des hôpitaux publics au bénéfice des hôpitaux privés.
Les laboratoires pharmaceutiques producteurs de médicaments qui avaient juré de revenir en Europe, resteront en Chine, en Inde et en Corée du Sud !
Evidemment, tout cela dans l’euphorie générale d’une santé recouvrée, et l’absolu enthousiasme d’une reprise de la croissance capitaliste !

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