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De l’amour.

Quel est ce sentiment inconnu qui nous anime, nous pousse aux pires extrémités parfois ; mais le plus souvent s’éteint, de sorte que les plus audacieux(ses) cherchent d’autres partenaires et que les plus prudents s’installent dans une longue « collaboration » d’intérêts, entre l’amitié conformiste et l’exultation de la chair par à coup, si je puis m’exprimer ainsi, à titre de réciprocité pratique, mais dont le quotidien est tapissé d’ennui ?
Des philosophes aux grands écrivains ont donné une version qui semble suspecte, tant leur propre affect a pu influencer leur jugement, qui se retrouve dans leurs romans, bien sûr, mais jusque dans les ouvrages les plus austères.
Quel est le lien entre le roman de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre « Paul et Virginie », publié en 1788, pétri de bons sentiments et « La nouvelle Justine » de D.A.F de Sade, paru trois ans plus tard, récit obscène illustré de gravures non-équivoques ?
Gilbert Lely et Annie Le Brun spécialistes de l’œuvre du « Divin Marquis » ont un avis que je partage : le lien commun, c’est l’Amour dans sa diversité et l’intensité des sentiments.
L’Amour peut se fantasmer ou s’accomplir physiquement, on peut aimer seul, rien ne l’empêche à condition de ne pas importuner celui ou celle qui n’en veut pas, à plusieurs aussi, Michel Onfray avait deux compagnes et Simone de Beauvoir plusieurs compagnons. Je passe sur les vies compliquées de Henry Miller et Anaïs Nin, avec le fantastique portrait de June, l’épouse emblématique de dear Henry.
La question à débattre reste la difficulté d’être heureux soit ensemble, soit seul, d’en assumer dans l’inconscience complète de l’autre un bonheur non partagé ou de se dévouer au bonheur de l’autre, en n’éprouvant qu’une amertume résignée.
Le drame en amour, c’est qu’il commence trop tôt et qu’il finit souvent dans l’incompréhension. Le merveilleux serait qu’il soit pris à rebours et que l’on commençât sa période amoureuse à un âge avancé pour le terminer en pleine jeunesse. On éviterait ainsi bien des écueils.

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Le mystère dans l’amour reste l’attirance. Je ne parle pas ici des mariages convenus, prévus de longue date et réunissant des biens plutôt que des personnes, oui, cela a encore lieu, mais d’un amour aussitôt conçu, comme une nécessité pour quelqu’un qu’on ne connaissait pas la minute avant et qui serait sorti de votre destinée sans plus d’effets si vous n’en aviez pas éprouvé à l’instant comme un éblouissement intérieur !
À bien considérer, en amour l’honnêteté est quelque chose de haïssable. Quand on n’aime plus, on reste fidèle par « honnêteté ». Vit-on jamais pareil sacrifice qui ne se nourrit que de la peur du « qu’en dira-t-on ? », d’une lâcheté qui préfère le confort sans histoire à une histoire sans confort et qui fait vivre côte à côte, pendant un demi siècle, des êtres qui n’avaient au départ qu’un besoin physique de faire l’amour, n’éprouvant déjà qu’une piètre estime de l’autre dès les premiers contacts.
Heureusement que le sentiment amoureux a pourvu la littérature d’une abondance d’écrivains dont certains sont de qualité. Ils se sont exprimés, à travers les héros issus de leur imagination, de telle manière qu’ils n’ont pas pu cacher tout à fait ce qu’avaient été leurs expériences personnelles.
Jacques Lacan : L’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas.
Gustave Flaubert : Le bonheur est un mythe inventé par le diable pour nous désespérer.
Marcel Jouhandeau : pour moi, ce n’est que déçu que j’aime, aussi bien aucun être ne saurait me décevoir : quand on redit sur tout, il reste à redire sur quelque chose, mais plus encore à aimer.
Sénèque : Les désirs naturels sont bornés, ceux qui naissent d’une opinion fausse sont sans fin.
Jules Renard : L’homme heureux et optimiste est un imbécile.
Marcel Jouhandeau : On épouse un poète et quand on est une femme, ce qu’on remarque d’abord, c’est qu’il oublie de tirer la chaîne des cabinets.
Paul Nizan : Personne n’est heureux comme les gens qui n’attendent rien, qui n’ont plus d’avenir parce que tout est remis en question, comme les gens qui s’aiment à la veille d’une bataille, de la mort.

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