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Martin L. K. refait un rêve !

Déjà que la société ne s’y prête plus, la solidarité nécessaire à la cohésion sociale a pris un sacré coup avec le confinement, les masques et la distanciation entre les gens.
Les foules solidaires et s’échangeant des mots de courtoisie, c’est fini. Les flâneries sur les bancs place cathédrale et les conversations à bâtons rompus sur la pluie et le beau temps, c’est du passé, quasiment du folklore. Ce sera difficile de renouer avec cette chaleur et cette confiance un peu naïve que les Liégeois avaient entre eux.
Sinon, ça va. Le travail est, dans neuf cas sur dix, toujours aussi dénué d’intérêt. Les emplois toujours aussi rares et les promotions difficiles absolument d’actualité.
Quoique début du siècle, nous sommes des enfants déjà « fin de siècle » ! Nous avons pris cinquante ans en un an.
Tout ce qu’on a fait croire pour nous rameuter dans les usines à bosser, pour être un maillon d’une chaîne qu’on nous disait irremplaçable, c’était du bidon. Nous n’avons ni la maîtrise du début, ni de la fin, quand la chose construite est mise en caisse pour être vendue. C’était du pipo de propagande protestante anglo-saxonne sur la « grandeur » du travail. Une arnaque pour nous voir bosser. Et nous, pauvres pommes, nous dissimulions notre souffrance et notre humiliation, pour chanter avec les partis politiques, gauche droite confondues : « le travail fait la dignité de l’homme » !

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Voilà deux siècles qu’on nous entube de ce songe creux ! Croyez-vous que les sociétés primitives allaient à la cueillette pour le plaisir ?
Elles avaient cette supériorité sur l’homme moderne, de l’oisiveté digestive : une disposition naturelle. Les grandes découvertes n’ont pas été faites par des esclaves. L’esclave a eu besoin de s’émanciper, de foutre le camp de chez son employeur, pour découvrir qu’il existe
Les sociétés modernes ne s’y sont pas trompées. Rares sont ceux qui fournissent un travail quelconque parmi les chefs, les actionnaires, les propriétaires, les membres de leur famille. Même si on vous certifie avoir vu un CEO quitter son bureau à deux heures de la nuit. L’aristocratie, avant sa chute, avait au moins cette honnêteté-là : considérer le travail comme une condition qui abaisse l’homme.
Et puis, il y a travail et travail… on a tendance à surpayer un mec qui serre des mains à des dîners d’affaires et passe une semaine à NY pour signer un contrat, et à réduire à l’état de pelure de banane, un contrat de vente au rabais d’un pauvre type, payé à respirer des acides.
Cette idée d’avoir construit une civilisation autour du travail est une des plus aberrantes qu’il ait été donné à l’homme. C’est le piège à cons suprême, nous y sommes tous tombés, la gauche, les syndicats, même les anarchistes nouvelles générations, les black-Blok et mes grands-parents, tout le monde, vous dis-je et moi aussi, tête baissée. Nous faisons émeute le samedi, pour nous raconter le dernier pénalty raté d’un club régional, le lundi.
Tous les discours revendicatifs tournent autour de cette incongruité, depuis Spartacus qui en avait marre de bosser en recevant des coups de pieds pour salaire, en passant par Stakhanov à qui on avait branché des piles à la place du cerveau, jusqu’au grouillot en règle de cotisation à la CSC, tous tombés dans le piège fatal !
Je revendique à voir la gauche prendre le pouvoir un jour. Je sais bien qu’elle ne peut pas tenir un autre discours sur le travail qu’elle a en ce moment ; mais, j’espère que c’est une connerie volontaire et qu’il s’en faudra de peu, une fois qu’elle sera à la place des voyous actuels, de nous tenir un autre discours.
Je l’entends d’ici « Trop d’intelligences détruites par un travail sans intérêt ». La solution : tout le monde bosse le moins possible et s’essaie à faire des découvertes qui fera bosser encore moins. S’orienter vers les inventions des machines à détruire le travail des hommes et à trouver des robots capables de les utiliser. L’idéal ?... des grands halls emplis de bruits et d’activités sans aucun ouvrier, des comités de citoyens tirés au sort, des salaires indexés et plafonnés sur une moyenne nationale, abolition des grandes propriétés et tout ce qui dépasse le patrimoine familial acquis par des efforts personnels, un revenu universel pour chaque citoyen.
– Non, t’as vu l’heure ? Tu ne m’as pas réveillé ! Qu’est-ce que je vais dire à Schtrouf, le nouveau patron flamand ? Il a mon préavis prêt à signer dans un tiroir !...

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