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Crime d’État !

Le motif altruiste de l’acte d’accusation que Zola publia dans un journal pour défendre Dreyfus, est simple « Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. »
Aujourd’hui, 28 janvier 2021, je ne veux pas être complice non plus !
Les coupables sont faciles à désigner. Ce sont tous les chefs de gouvernements, les partis politiques et tous ceux qui, en général, tirent profit, de la situation désastreuse dans laquelle se trouve ce pays. Et la victime, c’est le peuple, courageux qui travaille en baissant la tête, trop attentif à son travail pour saisir ce qu’il se passe.
Les coupables sont facilement reconnaissables à la facilité avec laquelle ils adhèrent au néolibéralisme. Ils ont converti les règles en programme politique, trahissant par là la démocratie dont l’unique objet devrait être le bonheur des peuples.
D’une manière générale le libéralisme englobe dans sa totalité toutes les dérives actuelles dont se rendent coupables tous les jours ceux qui commandent l’action à ce pays.
Le discours libéral n’est pas un discours comme les autres. A la manière psychiatrique, c’est un discours fort. Il a pour lui toutes les forces d’un monde de rapports de forces en orientant les choix économiques de ceux qui dominent vers une négation même de la démocratie, dans un programme de destruction méthodique des collectifs.
Les acteurs politiques sont les agents actifs du programme libéral qui tire justement sa force politico-économique de ceux dont il exprime les intérêts – actionnaires, opérateur financiers, industriels, conservateurs ou sociaux-démocrates convertis aux lois du marché, hauts fonctionnaires des finances (d’autant plus acharnés à imposer une politique prônant leur propre dépérissement que, à la différence des cadres des entreprises, ils ne courent aucun risques) – toutes ces personnes tendent à favoriser la coupure entre l’économie et les réalités sociales, et à construire dans la réalité, un système économique conforme à la théorie libérale, c’est-à-dire une machine logique, qui se présente comme une sorte de contrainte entraînant les agents économiques.
En termes juridiques, par rapport à la poursuite du bien social commun qu’est la démocratie, cela s’appelle de la haute trahison.

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Ainsi, ils ont instauré le règne absolu de la flexibilité, avec les recrutements sous contrats à durée déterminée une exigence d’autocontrôle qui étend l’implication des salariés selon les techniques du management participatif à un surinvestissement dans le travail non rémunéré, contraire au groupe social le plus important, servant à affaiblir ou à abolir sciemment les repères et les solidarités collectives.
On a vu ainsi se renforcer une utopie libérale qui tend à insérer dans le quotidien une sorte de machine infernale, dont la nécessité s’impose aux dominants eux-mêmes, comme par exemple les hauts fonctionnaires et les politiciens qui sacralisent le pouvoir des marchés au nom de l’efficacité économique, qui exigent la levée des barrières administratives ou politiques capables de gêner les détenteurs de capitaux, dans la volonté de maximaliser le profit individuel.
La subordination des États dans l’Union européenne aux exigences de la liberté économique, avec la suppression de toutes les règles sur le marché, à commencer par le marché du travail, la privatisation généralisée des services publics et la réduction des dépenses publiques et sociales, sont les preuves de la collusion des dirigeants politiques aux intérêts particuliers.
Les économistes et les médias sont partie intégrante de cette association de malfaiteurs. Leur formation intellectuelle, le plus souvent purement abstraite, livresque du monde économique et social, confond « les chose de la logique avec la logique des choses (Pierre Bourdieu) ». Ils collaborent aux bouleversements sociaux actuels.
Les résultats de ce délit social est visible. On assiste à l’accroissement extraordinaire des différences entre les revenus, la disparition progressive des univers de production culturelle, cinéma, théâtre, édition, etc, par l’imposition intrusive des valeurs commerciales dans le culte du winner et la destruction de toutes les instances collectives capables de contrecarrer le néolibéralisme. Cela s’appelle un crime en association !
Ce passage forcé au libéralisme s’accomplit de manière insensible, donc imperceptible à la population. Ces criminels d’État que nous avons élus par naïveté et méconnaissance du but qu’ils poursuivent, auront, tout ou tard, à répondre des crimes prémédités qu’ils commettent.
« Il y a aujourd’hui plus de nazis à Vienne qu’en 1938 », écrivit dans une rage lucide Thomas Bernhard , Autrichien, fin des années quatre-vingts (mort en 89). On peut écrire la même chose des Belges, cinquante ans plus tard, des capitalistes. Plus l’engouement pour ces criminels sera grand, plus terrible sera la fin des illusions de millions de Belges.

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