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L’arroseur arrosé.

On a eu droit au « premier de cordée », théorie du type, le plus fort, le plus intelligent, donc le plus riche pour les marchands à la criée du plus beau système au monde.
C’était l’image favorite du Macron, guide de haute montagne, dont s’émerveillait la foule dans ses premiers pas en politique. Le coq était hardi, direction l’Everest, gravissant derechef la plus haute crête du pouvoir. Ce qui subjugua l’élite et endormit pendant un an au moins le sens critique de l’inferioribus.
Maintenant, on ressort ce vieux machin de la théorie du ruissellement, selon laquelle un bon ardoisier capitaliste laisserait un filet d’eau couler volontairement pour abreuver les parties basses de son environnement. Bouchez en a récupéré l’usage en singeant Macron, en avocat spécialiste du fac-similé et de la copie.
Ah ! le brave homme, à moins que cela ne soit encore un de ces raisonnements de fripouilles pour détrousser avec l’air altruiste, plus pauvre que soi.
En wallon au XVIIIme siècle on avait déjà « Qwand i ploût so l’curé, i gote so l’mårli. » (Quand il pleut sur le curé, il goutte sur l’enfant de chœur). C’est dire comme cette antienne n’est pas neuve.
C’est encore un de ces mythes qui reste dans l’esprit des élites. Ces beaux esprits nous considérent d’abord comme de parfaits imbéciles, bien dans leur manière d’imaginer qu’ils sont au sommet parce qu’ils le méritent !
Aucun économiste sérieux n’a jamais démontré la validité de l’effet de ruissellement.
C’est plutôt une invention du bourgeois tentant entre 1830-1840 de faire croire que son enrichissement dans l’industrie naissante et en expansion va profiter à tout le monde. Cent ans plus tard, il n’est point besoin d’être un sphinx pour s’apercevoir que cela n’a jamais profité qu’à celui qui le profère. C’est même le contraire qui s’est produit. Plus les riches amassaient des bénéfices, moins les pauvres avaient l’’espoir de s’en sortir. Cela n’a pas changé !
C’est un clown au nom de Will Rogers, humoriste américain, qui pour se moquer du programme de baisse d’impôts du président Hoover, a repris la théorie, sous le nom de
trickle down effect (effet de ruissellement) en 1932.

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Comme le président Ronald Reagan était un peu de la partie en qualité d’acteur et de show man, il a filé l’idée à son directeur du budget « Donner les réductions d’impôts aux individus les plus riches et aux plus grandes entreprises, et laisser les bons effets “ruisseler” à travers l’économie pour atteindre tout le monde. »
On sait que la foutaise mise en boîte Outre-Atlantique eut immédiatement ses lettres de crédit chez les libéraux belges, bien qu’elle n’ait aucun fondement sérieux, que ce soit sous sa forme faible (l’argent cédé aux riches par les pauvres stimule la croissance) ou sa forme forte (l’effet est suffisamment important pour compenser le coût initial des baisses d’impôts).
Dans la pratique, l’arrosage d’un champ en pente dont on ne ferait que la crête, comptant sur la pesanteur pour que l’eau arrive en bas, on serait obligé d’inonder littéralement la crête pour espérer un soupçon d’humidité en bas. Aucun cultivateur sérieux ne le ferait.
Mais qu’est-ce que vous voulez, la bande à Bouchez se croit tellement supérieure, qu’elle finit par être bête à pleurer.
Car, si on va au fond des choses et qu’on prenne pour argent content cette stupidité, selon laquelle les réformes favorables aux plus riches sont une réponse à la mondialisation permettant d’éviter une fuite des capitaux, on est à côté de la réalité. Dix mille contribuables ont quitté la France en quinze ans pour une perte de recettes de 40 millions par an, alors que la suppression de l’ISF coûte 3,5 milliards. C’est encore un prétexte de plus pour masquer une obéissance de principe aux lois du marché. En réalité, l’argent va à l’argent, comme le dit si bien un autre proverbe wallon « Li djâle tchêye todi so l’gros hopê » (le diable chie toujours sur le plus gros tas).

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