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Le travail rend con !

Débranchés les trémolos et le lyrisme du théâtre politique autour du travail, que trouve-t-on ? Rien ! La symbolique du peuple aactif, se ruant sur l’emploi dans le désir de battre l’enclume de ‘la belle ouvrage’, depuis la parcellisation des tâches et la spécialisation poussée à l’extrême (ce n’était pas terrible avant) aujourd’hui, c’est pire ! Les travailleurs ne voient jamais l’objet fini, ignorent même à quoi sert ce qu’ils font ! On parle ici des grands machins, des mastodontes, genre Arcelor-Mittal. Au moins celui qui met la sucette du camion-aspirateur dans l’égout, sait qu’il est égoutier ; tandis que l’employé de banque qui met un point de plus au taux d’escompte sur ordre, ne sait pas à quoi ça sert.
Même les enseignants s’engagent dans des mécanismes qui laissent échapper les galopins et les font macérer dans leur jus pseudo-intellectuel, puisqu’il y manque l’explication de la finalité d’apprendre, qu’il leur est interdit d’enseigner.
Les motivations pour estimer un travail intéressant sont multiples, comme l’intérêt pour le travail est variable selon les travailleurs. On peut aimer des tâches que d’autres trouvent ennuyeuses ou abêtissantes.
Du temps de ma grand-mère, à droite comme à gauche, les chefs n’arrêtaient pas de nous seriner que le travail est vertueux. Ce qu’ils ne nous disaient pas – il a fallu un demi-siècle pour que nous nous en apercevions – se chauffer les balloches à côté du chauffage-central, signer deux papiers, s’aller faire voir dans les étages en-dessous avant de faire une partie de golf à la Trump avec un client, porte le nom de travail au même titre que le manœuvre gueulard qui est à la coulée du haut-fourneau en tablier de cuir et casque et qu’au dernier incident, un de ses collègues est passé dans la fonte et on ne l’a jamais revu que transformé en lingot ou en feuillard. C’est dire la confusion sur le mot ! Comment on se fait avoir !
Les barbes blanches qui ont écrit la Bible à la place du Grand-Chose, nous avaient prévenus que cela ne serait pas drôle « Tu te nourriras à la sueur de ton front ! ». Tandis que les anars s’étaient mis aux études, pour nous bonir qu’étymologiquement, le mot « travail » en latin « trepalium » est un instrument de torture. Les aristocrates, en avance sur leur temps, ne pouvaient travailler sans déchoir... Comme quoi 90 % de la population mériterait le petit « de ». Du mauvais côté des guichets de l’ONEM, le chômeur déchoit en acceptant les boulots qui font injure à l’intelligence de l’espèce, dans l’obligation de prendre tout ce qui passe, sous peine de tomber dans la marginalité. Il se débat entre paresse « crapuleuse » et travaux forcés.
Le travail apparaît pour les petits, comme le seul moyen de trouver une place, dans la société et pour les grands, l’art de dissimuler leur parasitisme. Un enfant de pauvre qui aurait pu égaler Léonard de Vinci ou Albert Einstein sera condamné toute sa vie à mettre des sardines en boîtes ou à récurer les cabinets d’un immeuble de bureaux. Malgré tout, les libéraux se sont emparés de l’idéologie du conformisme protestant anglo-saxon. Leur point de vue sur le travail s’est élargi à tous les esprits et imposé sa conception de la normalité, avec la frénésie d’un Bouchez, ci-devant travailleur, très bien payé à la branlette des esprits.

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Haro sur l’infâme qui ne respecte pas les règles que les bourges nous imposent et font semblant de s’imposer. En disant sa vérité sur le travail, le besogneux commettrait un crime de lèse-travail, se comporterait comme un salopard, pire qu’un terroriste musulman, en vantant la paresse. Paresse, voilà la bombe, le lâche attentat, mot dégoûtant par les tenants, pourtant souvent pas pire fainéants qu’eux, de la Jet-Set, au petit rentier qui en est sorti et qui depuis fait travailler les autres, avec l’acharnement d’un SS d’Auschwitz.
Le courant winner du protestantisme militant – la Belgique adore – considère la paresse comme le plus vil des sept péchés capitaux, avant le meurtre et le viol. Sarkozy avait accueilli à l’Élysée Amedy Coulibaly, le terroriste islamiste de l’Hypercacher de Vincennes, en 2015… pour sa reconversion chez Coca-Cola quelques années auparavant.
Lafargue, dans son brûlot, « le droit à la paresse » ne dénonce pas que la « religion du capital », mais tous les systèmes sociaux qui se fondent sur le travail comme unique valeur sociale et individuelle. Il espère une libération du salariat (« le pire des esclavages ») par la machine et l’accès prochain, pour tous, aux « loisirs ». Le loisir, c’est avoir du temps pour soi, non pas pour rien, mais pour en faire ce qu’on veut.
Beau-père de Lafargue, Marx a lu son travail. On ignore les commentaires qu’il en fit. Ce qu’on en peut dire, c’est qu’ils ne furent pas brouillés, après la parution de l’œuvre qui eut un retentissement considérable. En 2021, Richard3 s’interroge sur la redistribution du travail, sur sa finalité, sa place dans l’existence.
On croirait bien qu’à chaque crise économique nouvelle, on soit un peu plus désenchanté. Un signe que la civilisation meurt : les esclaves prennent le parti de leurs maîtres !

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