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Classe et déclasse.

Plus que jamais, la société belge se divise en classes sociales, contrairement aux prévisions du PS qui pensait le contraire quand l’économie de service allait, soi-disant, révolutionner prodigieusement la vie de tous les jours… qui a conduit au désastre actuel.
La structure bien clivée se décomposait jadis en ouvriers, employés et riches ; Elle est obsolète. Aujourd’hui, les mouvements entre riches et pauvres, entre commerçants et employés, entre hauts fonctionnaires et banquiers façonnent la société différemment. Les différents conglomérats, groupant la fortune et l’infortune, s’organisent de façon moins nette et même parfois dans une certaine confusion.
Il y a des ingénieurs sans contrat, des cadres chômeurs et des commerçants titulaires d’un revenu inférieur à un salaire d’ouvrier. Avec la Covid-19 et la crise économique, l’ensemble amorce un tournant qui augmentera la difficulté de lecture des classes sociales en Belgique, révélant des enrichissements et des appauvrissements de haut en bas de la société.
Les partis politiques s’en ressentent, surtout ceux qui comme le MR et le PS ont la prétention de regrouper des groupes sociaux tels que commerçants, fonctionnaires, cadres et employés dans une grande communauté d’idées au centre, jusqu’à rendre ridicule les termes de « centre-gauche » et « centre-droit ». Or, avec les conditions nouvelles du libéralisme, le lumpenprolétariat est partout et nulle part. Il n’y a plus des classes nettes et l’on peut se trouver sans ressource dans la mouvance classe moyenne, petit commerçant, avec la rapidité d’un ouvrier fichu à la porte sans préavis.
En gros, la société belge se compose de strates des gens du dessus et des gens du dessous auxquelles s’ajoutent les transferts d’une strate à l’autre, brouillant les pistes.
Tout en haut, c’est le 1 % de la population dépeint par Thomas Piketty, les détenteurs du capital permettant de tenir les gouvernements et la démocratie à merci. Ce strate est la seule homogène, fermée et inaccessible même aux plus nantis des hauts personnages de l’État, comme le clan Michel ayant tiré le maximum de ses mandats, par l’avidité des membres de la famille, sans y être parvenu.

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Cette aristocratie financière ne se distingue pas d’autres manières que par celles touchant à des successions, quelques rares réussites personnelles, management, etc. On dépeint ce milieu comme généralement intellectuellement médiocre et hors d’état de redorer l’image de l’entrepreneur de génie et aventurier hors pair. En gros les super riches ne justifient en rien et surtout pas par leur mérite, un amas de biens qui dépasse l’imagination, même et y compris les GAFA.
À ce 1 % s’agglomèrent leurs dépendants (0,9 %) « des individus qui gagnent très bien leur vie, mais ne peuvent prétendre à dominer » (Emmanuel Todd Les luttes des classe en France).
Les 19 % suivants sont des pseudo-dominants, cadres et professions intellectuelles supérieures. Cette catégorie est très hétérogène avec un revenu médian de 33.000 euros. Cette classe est en train de décrocher au vu de la baisse du revenu des générations de diplômés de ces dernières années.
La classe suivante représente près de 50 % de la population. C’est une masse centrale très fragmentée et qui a explosé en shrapnels occasionnant des dégâts dans la paysannerie et l’industrie en voie de décomposition. Elle est en expansion continue sous le coup de la pandémie et de la crise. Le doute sur l’excellence du néolibéralisme s’empare de cette catégorie la rendant suspecte aux yeux des professionnels de la politique et de l’Europe.
L’évolution des salaires nets dans cette zone est en forte baisse, à cause des sans emplois diplômés qui sont réduits aux allocations de chômage ou au CPAS.
Tout en bas de l’échelle sociale est le prolétariat qui comprend les ouvriers et les employés non qualifiés. Le flux migratoire n’y interfère que pour 5 %.
Cette typologie de la société belge n’est qu’un instantané que les statisticiens prennent en compte. Elle n’augure pas de la suite, mais on peut imaginer dans le courant actuel, très défavorable à la classe sociale la plus basse, un destin tragique. L’effet Covid sur le rapatriement d’une partie de l’industrie dispersée dans les pays à bas salaire sera très vite mis de côté par les libéraux pro-européens, si les affaires reviennent à un taux de croissance plus favorable sans ré-industrialisation.
Autrement dit, l’épidémie passée, tout pourrait retomber dans la même ornière creusée depuis 2008-9, date de la dernière crise qui valut la disparition du tissu industriel, l’Allemagne exceptée.

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