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La gifle "Au théâtre ce soir"

Tout ce que nous écrivons est inutile, écrit Bianciotti, surtout si c’est la vérité. « Le monde va devenir chaque jour plus bête, plus laid, plus dur. Aussi aurons-nous plus que jamais besoin de nos masques. L’avenir est à la clandestinité. »
Il avait vu juste Bianciotti, Italien émigré en Argentine, venu en France pour l’amour de la langue française, mort il y a quelques années.
Chacun se représente la société de façon différente. Ceux qui ne sont pas enthousiastes du système doutent de l’intelligence des acteurs politiques qui pourrait en modifier le cours. Ces derniers préfèrent, installés aux premières loges, le récit de nos indigences. Les médias font chorus avec le pouvoir contre le populisme (c’est ainsi que l’on baptise désormais l’opposition), en Flandre c’est le Vlaams Belang et en Wallonie le PTB.
Comment peut-on être convaincu par le libéralisme ? Mystère ! L’économie néolibérale ne se discute plus. On ne peut plus la remettre en question. La contredire sera bientôt illégal. Dans la hâte de reprendre la vie d’avant le virus, c’est quasiment appeler au terrorisme de prétendre que l’économie actuelle est suicidaire pour ce gouvernement.
La terre s’appauvrit, des pilleurs marchands consomment ce qu’il en reste. Nous ne perdons rien pour apprendre ce qu’est la pauvreté. Le discours reste le même, nous manquons de croissance !
L’ennemi, ce n’est même plus l’Union Européenne, son appareil rongé par son administration justifiant une réglementation si critiquable dans les États associés, non, l’ennemi c’est l’ordre économique mondial, la tournure que prennent les choses et pris dans cette tourmente, l’impossibilité des États de revenir en arrière.
Le despotisme de l’économie de marché devient d’autant plus violent qu’il est condamné par une majorité qui se cherche parmi les peuples sous son joug.
Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir, promet Rivarol. Et c’est l’histoire des Gilets Jaunes réprimés dans une démocratie comme la France, ce qui serait insolite, si on ne connaissait pas Emmanuel Macron, jeune Rastignac, élevé à gauche pour rallier la droite. Maintenant giflé par un anonyme, c’est toute la classe politique qui fait corps.
On voit bien l’issue du labyrinthe dans lequel nous sommes : c’est la guerre ! On en revient au Moyen-âge, on cherche que la futilité ne le soit pas, qu’une gifle ait valeur d’un coup de mousquet !

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Aussi vieille que l’humanité, la guerre donne au plus fort le droit de décider de l’avenir du vaincu. La solution pense le pouvoir, serait que les riches forts de leur armée et maîtres des démocraties écrasent les gens du dessous, laissant vivant juste ce qu’il convient de personnel pour faire tourner l’industrie presque toute passée en Chine, et assurer leur service. On pourrait chipoter sur le terme de guerre, tout au plus s’agirait-il d’une insurrection « réprimée dans le sang ». Complotistes, terroristes, gauchistes et fascistes, il y a toujours bien une étiquette qui colle à qui rouspète, à qui s’inquiète qu’on ne propose aucun un autre ordre économique.
On voit très bien les partis justifier l’hécatombe, comme on devine les discours jumelés de Georges-Louis Bouchez et Paul Magnette. Tout est en préparation. L’action est incertaine.
Elle sera proportionnée à la vague de mécontents.
Talleyrand avait prévu la chose deux siècles avant nous. « On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus ». En cas de paix prolongée, où ranger le formidable matériel ? Vous avez remarqué, sous tous les prétextes possibles, les polices sont relookées et surarmées. Serait-ce le signal ?
Chateaubriand a jugé avant l’heure nos ministres et hauts placés divers, tous ardents à leur promo, bâtissant leur nouveau monde « L’ambition, dont on n’a pas les talents, est un crime ».
C‘est ainsi que jugés criminels avant qu’ils ne nous anéantissent, c’est leur donner l’occasion de justifier le crime de nous anéantir, avant que les premiers morts de la révolte ne tachent les trottoirs de leur sang.
D’ici là, il y aura d’autres Fillon et d’autres Reynders au pouvoir. L’un tombant à propos de costumes, l’autre slalomant entre les affaires. Les censeurs des petites cupidités de l’illustre n’ont pas suffi à arrêter la carrière de l’ami d’Armand De Decker.
Comme tout passe par l’idéologie, celle qui nous concerne est confisquée par la seule économie néolibérale. On n’est pas près d’en changer. Nos révoltes ne seront que des murmures désapprobateurs… d’une gifle à un président, on passe terroriste vite fait, engeance vouée à détruire l’État, ce parfait équilibre d’artifices entre connerie et réalité.

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