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Bis repetita placent (1)

C’est légitime de la part du citoyen et des journaux de s’inquiéter de la manière dont Alexander De Croo compte organiser la rentrée politique du gouvernement.
Eh bien, détrompez-vous ! Les journaux à la botte dégoisent plutôt sur la rentrée des classes de nos bambins. Pas d’interview cette fois du petit dernier d’une présentatrice de la télé, mais en publiant les photos du palais : des quatre bambins du couple royal. Comme on ne peut plus filmer Philippe les conduisant à l’école, on les regroupe en extérieur sur un perron. L’aîné des garçons doit faire près de deux mètres.
L’armée mexicaine de l’usine à gaz aura été perturbée par les inondations de juillet.
On les a tous vus après les hautes-eaux, le temps d’une photo, avant de repartir sur des lieux enchanteurs. Ce fut tellement visible, que des riverains ont porté plainte. Comme en général, les plaintes de ce genre finissent dans la confusion, le personnel politique les adore. Elles s’achèvent par des éloges sur la capacité des élites à réagir, voire, à souffrir avec les sinistrés. Cette relaxe avec les honneurs, c’est le sauf-conduit des prochaines élections.
La rentrée studieuse des volumineux dossiers sous le bras sert à justifier l’énormité des salaires de tout ce petit monde. Il faut que le public les trouve courageux et déterminés.
Le microcosme s’agite déjà. Non pas que De Croo ait décidé de la réforme du siècle, mais parce que les aigreurs avant vacances des ministres peuvent déboucher sur des engueulades publiques en septembre. Et que ça fait mauvais genre.
La Flandre a son Georges-Louis Bouchez : Egbert Lachaert, président de l’Open VLD. Il ne veut plus de la réforme des pensions décidée à la formation du gouvernement. Évidemment son homologue francophone dit pareil. Le monokini à peine rangé dans sa boîte à pilules, Karine Lalieux (PS) est furieuse. De nature pétroleuse, elle va certainement hausser le ton comme à la minque d’Ostende.
Au milieu de tout ce bazar naissant, le Belge moyen retrouve son train-train apathique quotidien hors-travail, au contraire des attitudes mussoliniennes des élites. Il se satisfait du remue-ménage qui prouve qu’on travaille en Haut-lieu. Puis il se rendort, certain d’avoir fait son devoir de citoyen !
De Croo a mis de « grandes questions » à l’agenda. Le 16, rue de la Loi, c’est le village paralympique des bras cassés du gouvernement. Ils viennent y prendre le thé pour y émettre quelques onomatopées entre deux déglutitions. Il faut des réformes en profondeur pour couper le bec au tandem Lachaert-Bouchez, mais on ne sait pas lesquelles !
Des réformes, que Lalieux en décide ou non. Le sinistre Bacquelaine avait slalomé pour camoufler les tensions possibles entre les citoyens et les parlementaires blanchis sous le harnais de la démocratie monarchique profitant largement du système actuel. Lalieux n’en touchera mot non plus.
Alexander ne voit à l’heure présente que le départ le plus tard possible à la retraite, pour faire plaisir aux deux coupe-jarrets présidents de parti. La Commission Européenne y est favorable. Le tout, c’est de placer l’os au bon moment, par exemple, quand le peuple a le dos tourné ou qu’on lui a donné une hausse d’index.

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J’ai soudain l’impression que ce qui précède, je l’ai bien écrit dix fois dans des tournures différentes, mais avec la même sensation que les gens s’en fichent tellement que c’est comme si je chantais Marlborough !
Les guerriers talibans défilant dans les rues de Kaboul sur du matériel américain flambant neuf suscitent davantage d’intérêt.
Bizarre quand même ! La démocratie déçoit tellement à gauche comme à droite, qu’on ne prête plus attention à ses agitateurs. La question qui tue reste pourtant d’actu : comment refonder une démocratie réelle, depuis un contexte aussi pourri que le nôtre ?
Le hic, les organisateurs de ce bal maudit ne vont tout de même pas refonder la démocratie comme le souhaite l’électeur… contre eux-mêmes qui en vivent et très bien !...
Aux commandes depuis toujours, ils ne vont pas céder la place à des apprentis qui gâcheraient le métier ! Et eux, le public y-a-t-il pensé ? La reconversion que ce serait, travailler comme tout le monde. Vous n’y pensez pas. Leur métier n’est-il pas de faire comme G-L Bouchez, hurler au voleur de la petite pension, stigmatiser le chômeur âgé, pour qu’on ne voie pas l’extrême générosité de l’État à leur égard !
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1. Aphorisme imaginé d’après un vers de l’Art poétique d’Horace. Le poète dit que telle œuvre ne plaira qu’une fois, tandis que telle autre répétée dix fois plaira toujours (Haec decies repetita placebit).

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