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Les contremaîtres de l’âme.

La Bruyère clôt le bec à tous nos forts en gueule lorsqu’il écrit « C’est une grande misère que de n’avoir pas assez d’esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire ». N’ayant ni esprit, ni jugement, les grands chefs des partis n’en sont pas moins diserts et entreprenants aussitôt « Les caractères… » refermé.
Les grands classiques ne les effraient pas, au contraire. Mais où l’on entrevoit l’abîme qui les sépare d’un sain jugement, c’est qu’ils ne croient pas que les grands penseurs des siècles passés les ont dépeints. Ils sont persuadés, au contraire, qu’ils en sont les continuateurs !
Leur hubris est dérangeant dans l’art de gouverner le peuple d’une démocratie qui n’est pas la leur.
Ils font leur miel des paroles de ce vieux sacripant de Talleyrand « Ce qui est excessif est insignifiant ». Voilà qui entre parfaitement dans les objectifs des classes libérales profondément bourgeoises. Au temps de la Belgique catholique « pas de vague dans le bénitier » voulait dire la même chose. Talleyrand les libère de considérer ce qui est excessif et donc de ne pas réfléchir à ceux qui ont excessivement faim, et encore à ceux poussés à l’extrémisme, par leur façon « retenue » d’aborder le progrès social, d’aller au plus pressé de l’urgence à pas comptés !
À bien considérer l’organisation des grands corps de l’État par ces forts en gueule, on y trouverait toutes les verges nécessaires pour les battre. Comment Georges-Louis Bouchez ose-t-il partir en guerre contre les chômeurs déjà dans une situation difficile, sans avoir, au préalable exigé la liquidation du contentieux sur les bureaux des juges d’instruction d’une multitude de riches qui ne se contentant pas de l’être par l’exploitation des gens sur le territoire national, conservent dans les paradis fiscaux le fruit du travail de leurs salariés ?
Il ne s’agit pas là de grapiller quelques centaines de milliers d’euros, mais de récupérer des milliards !
Sa chance veut que son auditoire ne se donne pas la peine de réfléchir. Il lui semble que quelques tricheurs de bas niveau pourraient porter atteinte à l’État ! Pour arriver à son but, ce président de parti pratique l’inverse de la pensée de Talleyrand « je déclare excessif, ce qui est insignifiant ».
Ces personnages qui sont censés gouverner à notre profit et sous nos ordres en sont arrivés à ne plus obéir qu’à eux-mêmes et leur clientèle dont ils ont besoin dans leur quête du Graal.

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Montesquieu les connaît bien ces arrivistes, avocats d’un jour, députés toujours, poussés par l’ambition de ce qu’ils croient être l’aboutissement d’une carrière : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites ». Et ces limites ne sont-elles pas du jour où un peuple instruit pourra démêler des intentions et des actes, les indélicatesses et les tromperies de l’engeance libéralo-socialiste ?
Alors, se révélera toute la force d’un Lacordaire « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. »
Comme elles apparaîtront misérables les menées de ces commerçants des urnes et dérisoires les avantages des uns aussitôt contestés par les autres, débattant dans la même soupe politiquement bourgeoise des propos d’un Bouchez ou de son compère de classe di Rupo.
Je tiens pour certain qu’un chômeur poussé à tromper l’ONEM, conduit à la malhonnêteté par cette société qui l’accable, est cent fois plus honnête que les brigands qui négligent leurs confrères en brigandage éparpillés dans les paradis fiscaux et qui tiennent des propos haineux contre le petit qui tente de sauver sa peau par une tromperie infime, quasiment instinctive de survie.
Est-ce à dire de celui qui suit ces gens de pouvoir à la façon que Montaigne en discourait « Qui suit un autre, il ne suit rien, il ne trouve rien, voire : il ne cherche rien » ?
« Les mots qui ont surgi savent de nous des choses que nous ne savons pas d’eux. Impose ta chance et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront. » René Char balaie du foutriquet qui s’intitule contremaître de l’âme.
Ne soyons pas comme Paul Nizan, entièrement sans espoir en découvrant la trahison irrémédiable comme la mort. La mort ne s’efface jamais. Mais vous, le peuple, vous êtes vivant, ce sont vos maîtres qui agissent comme si vous n’existiez plus.

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