« Mes gages. | Accueil | Si vis pacem… »

Désarroi et hésitations.

Poutine a certainement lu Tchekhov ! C’est d’autant plus pénible que c’est à un grand Russe né à Tanganrog, Anton Tchekhov, à qui nous devons cette citation « Nous ne voyons pas, nous n’entendons pas ceux qui souffrent, et tout ce qu’il y a d’effrayant dans la vie se déroule quelque part dans les coulisses. Tout est calme, paisible, et seuls protestent les muettes statistiques : tant d’hommes devenus fous ; tant de seaux de vodka bus ; tant d’enfants morts de faim. Et cet ordre des choses est apparemment nécessaire. Apparemment, l’homme heureux ne se sent bien que parce que les malheureux portent leur fardeau, et que, sans ce silence, le bonheur serait impossible. »
Les murailles du Kremlin sont suffisamment épaisses pour que le maître des lieux s’y sentent heureux dans un grand silence, parce qu’un peuple frère qu’il est train d’étrangler porte son fardeau.
On savait que Poutine était un autocrate, devenu dictateur par intérêt et vocation. On ne savait pas qu’il pousserait aussi loin sa dictature et combien, ce faisant, il entraînerait dans ses crimes un grand peuple, sans doute abasourdi en ce moment, refusant d’y croire ou encore, sous l’emprise du narcotique de la propagande d’État.
Comment peut-on en 2022 pénétrer dans un grand pays sans en être invité, saccager et tuer tout ce qu’il est possible de saccager et de tuer ?
On cherche sans trouver le crime abominable que les Ukrainiens auraient commis pour mériter un pareil sort !
Si Poutine a encore sa raison pourrait-il nous le dire ?
Il ne convaincra personne avec cette accusation de « peuple nazi » qu’il égrène de temps à autre dans ses discours, les lèvres serrées et les yeux froids.

1adolf1.jpg

Et quand bien même, le peuple ukrainien serait très éloigné de la pensée politique prépondérante en Russie, est-ce une raison pour vouloir l’anéantir ?
Un dictateur peut rester longtemps dans un état moral au cours duquel il est difficile de percer sa nature. Non pas qu’il la dissimule, mais parce que l’environnement est une sorte de tuteur qui le fait tenir droit. Il attend peut-être son heure, mais la force de l’adversaire lui en impose. Et il reste muet et ne dérange que ceux, dans sa mouvance, qui voient les libertés menacées par le haut.
Cette force de l’adversaire qui en impose, il ne l’a pas trouvée en Europe. L’Europe est un grand corps mou qui a cru que la liberté des personnes, c’est la liberté des dividendes, plus forte que des tanks !
Encore aujourd’hui au milieu du massacre des innocents, une bonne dizaine de pays de l’UE, dont la Belgique, croient dur comme fer au grand protecteur américain. On a vu comme Biden s’y est pris pour laisser le problème de l’Europe centrale aux autres « Nous n’interviendrons pas en Ukraine » ce qui traduit en russe signifie « Disposez de ce pays à votre guise ».
Ce que voyant, Poutine s’est révélé le successeur d’Yvan le Terrible en libérant son instinct de mort. Certes la violence a toujours coûté un argent fou, ne serait-ce que par ce qu’il faut équiper, entretenir et rétribuer les militaires, troupes oisives en temps de paix ; raison pour laquelle la violence est aujourd’hui une affaire de riches. Dans le cas Poutine, même si on estime sa fortune à 100 milliards, l’armée russe ne recevra pas un seul kopek de lui. C’est au peuple, déjà meurtri par le Covid et pauvre de toute éternité, à qui on va soutirer les fonds nécessaires pour la démolition de l’Ukraine.
C’est pourquoi, le peuple devrait s’insurger rien que pour cela.
Et même, comme c’est souvent le cas, des décombres, l’armée victorieuse en tirerait quelques profits par des pillages, les intermédiaires entre le peuple et ces profits sont tellement nombreux et voraces, que c’est le diable si, de l’argent de ces pillages le peuple jamais voie la couleur.
Et l’avenir ? Qui peut en dire deux mots, sinon que le plus prévisible, les massacreurs termineront leur besogne et nous les regarderons horrifiés, jusqu’à la fin de la boucherie, sans trop provoquer, de peur de se faire étendre aussi pour le compte, sans pouvoir se rebeller, Biden étant aux abonnés absents.
Que faire pour se prémunir à l’avenir d’un Poutine ou d’un autre tyran dans une Europe qui a cru que l’éblouissement par l’échange, le commerce et l’individualisme libéral allaient nous assurer mille ans de paix ?
L’angélisme ne paie pas, le rameau d’olivier brandi, on en devient ridicule.
Ceux qui se sont sagement limités à ce qui leur paraissait possible n’ont jamais avancé d’un pas. C’est le cas en ce moment de Macron, qui finira par conduire les gens dans une impasse.
La guerre est une affaire trop sérieuse pour qu’on la confie aux militaires, a écrit Clémenceau. Ne nous resterait-il que le soin de confier notre destin à un autre dictateur ?
Dans l’histoire on a vu parfois des dictatures adverses se neutraliser.
Une armée européenne ? Rien qu’à prononcer les mots, on sent à l’avance que c’est fichu.
Aussi bizarre que cela paraisse, la seule chose sur laquelle on puisse compter c’est le peuple russe !
Il suffirait qu’il trouve les crimes de Poutine trop voyants.

Poster un commentaire