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La dictamocratie !

Le régime russe est une démocratie à la manière de Madagascar. Tous les ingrédients y sont, pourtant un seul d’entre eux empêche tous les autres de se mélanger harmonieusement. C’est l’autocrate au sommet dont la puissance n’est soumise à aucun contrôle.
Aucun débat devant la Nation n’a permis à Poutine d’envahir l’Ukraine, afin de préserver l’effet de surprise, sans doute. Le feu vert est arrivé après l’invasion. Cela s’est fait, paraît-il, sans problème, par l’applaudissement enthousiaste de l’élite moscovite.
Tout du « piège du dictateur » est dans les quelques lignes qui précèdent.
Les stratégies que les dictateurs mettent en place pour rester au pouvoir, les poussent parfois vers la sortie. Les dictateurs sèment les graines de leur propre perte dès le début de leur mandat. En troquant la liberté d'expression contre une politique de la peur, les despotes prennent un risque considérable. Dès qu’une décision importante est prise, par exemple une guerre avec le voisin, le dictateur est en danger. Vainqueur ou vaincu, le dictateur est obligé de faire croire au peuple que c’est un triomphe, sous peine de risquer la déchéance.
Pourquoi Kim Jong-un est-il toujours le maître incontesté en Corée du Nord ? Parce qu’il se contente de gesticulations, que ses fusées font grand bruit en tombant à l’eau comme autant de triomphe. S’en prendrait-il à la Corée du Sud ou, pire, au Japon, ses jours seraient comptés.
Les partis gérant le pouvoir dans les démocraties l’ont compris. Critiquer la personne au pouvoir, n’altère en rien chez celui-ci le droit de l’exercer. Sous d’autres régimes, émettre un jugement sur le chef de l'État peut vous coûter la vie. C'est une erreur. Le résultat est le même dans une démocratie que dans une dictature, puisque l’exécutif fait exactement ce que bon lui semble sans s’intéresser au peuple et cela sans répandre la terreur. Si aucun conseiller ne peut dire au dictateur qu'une de ses idées est vouée à la catastrophe, comment éviter cette dernière ? En démocratie, le chef de l’État aime que ses conseillers innovent et aient de bonnes idées. Ainsi, il peut se les approprier et passer pour plus intelligent qu’il n’est. Quant aux collaborateurs loyaux, comment leur faire confiance en dictature, puisqu’il entre dans leurs intérêts de donner toujours raison à leur leader ?

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Pour rester au pouvoir, les dictateurs ont intérêt à garder les conseillers dans l’ombre, afin d’éviter que l’un d’entre eux ne devienne trop populaire, comme Edouard Philippe en France. Leur volonté d’intimider et contraindre leur population est l’objectif principal. En démocratie aussi. Comme en témoigne les yeux crevés et les mains arrachées des Gilets Jaunes, alors que les électeurs placent Macron à 30 % d’intentions de vote. Démocrates et dictateurs ont un autre point commun. Ils investissent dans des médias, financés par l'État pour les dictateurs, par leurs sponsors dans les démocraties. Les citoyens dont le cerveau est «lavé» par la propagande apporteront leur soutien dans les décisions des chefs dans les deux cas, même si ces arguments devaient se retourner contre eux plus tard.
Dictature ou démocratie, en vivant dans un monde faux, vous commencez à y croire. A en juger les récents discours de Poutine, il est possible que Macron y ait succombé aussi. «Il est possible que son esprit ait succombé à sa propre propagande, créant une vision du monde déformée dans laquelle l'invasion de l'Ukraine a été, comme l'a dit Trump, un geste incroyablement “avisé”».
On dit que Vladimir Poutine avait passé les confinements isolé et seul, examinant de vieilles cartes de l'«imperium» russe perdu. D'après les spécialistes, ces facteurs auraient pu le convaincre qu'envahir l'Ukraine était une bonne idée. C’est aussi ce que pense Macron. Il ne s’en tient qu’à ses bonnes idées.
Malheureusement, le dirigeant russe semble être pleinement tombé dans le «piège du dictateur»: il est entouré de personnes qui le craignent et vit dans un monde où il est l'autocrate depuis vingt ans. «C'est pourquoi il est temps de larguer le mythe de l'homme fort “avisé”, ou du dictateur qui serait un “génie” géopolitique. Poutine a été victime du piège du dictateur et a prouvé qu'il n'est ni l'un ni l'autre».
En résumé les démocraties ont un plus bel avenir que les dictatures. Tout en ne tombant pas dans les extrêmes, elles font à peu près la même chose sans trop effrayer l’opinion publique. Seuls les scandales y sont plus visibles, mais leur visibilité est de courte durée, la presse se chargeant à mettre sous le tapis ce qui dérange le pouvoir.
L’État de guerre y est moins facilement acquis qu’en Dictature. Mais c’est justement là qu’on voit la supériorité de la démocratie sur la dictature. Ce n’est pas elle qui entre en conflit, mais elle y entre quand même. Elle reçoit les premiers coups. Cela la situe du bon côté de l’opinion.
On gagne rarement les guerres que l’on déclare, donc les agressés ont plus de chance de gagner que les agresseurs. Ayant compris cela, tous les dictateurs devraient préférer la démocratie. Ils n’y tombent pas et pourtant c’est le seul où ils le devraient.
La différence entre une démocratie et une dictature est le passage du figuratif au réel, quand on y perd la tête. C’est tout de même appréciable.

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