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Poutine.

Le peuple russe doit être un peuple malheureux. Traversé pas des courants nationalistes dont le maître du kremlin est la représentation suprême, parcouru par des idéaux internationalistes et secoué par l’intelligentsia avide de liberté, voilà Poutine qui pousse le peuple à partager son aventure et c’est ensemble, qu’ils sont condamnés par une partie non négligeable du monde.
Le peuple allemand sous la botte d’un autre nationaliste, pire aventurier des temps modernes, avait adhéré massivement entre 1936 et 1941 à un destin désigné comme étant le sien et fabriqué de toute pièce, par la camarilla de l’hitlérisme. Il revint à son honneur qu’un complot de l’Armée fut à deux doigts de débarrasser le monde de ce vampire avant l’échéance de 1945.
Ces peuples sont de natures différentes. Le peuple allemand ressent encore l’effondrement moral dans lequel le chancelier l’avait conduit, avec le génocide juif. Le peuple russe après sa victoire, mit encore du temps à se débarrasser d’un système où les successeurs de Staline imitèrent le despote sans jamais l’égaler, donnant de la sorte aux populations une fausse impression d’humanisme, se révélant pas la suite un simple expansionnisme nationaliste, comme les tsars avant eux et Poutine aujourd’hui.
Si l’Allemand s’est débarrassé de la culture nationaliste, même si des résidus postfascistes font parfois la une des journaux, l’autre repris en main par l’esprit religieux orthodoxe manipulé depuis le kremlin, n’a jusqu’à présent opposé qu’une faible résistance aux derniers projets de Poutine, dont le sommet est l’envahissement de son voisin. Ainsi, on ne sait toujours pas ce pense le peuple russe des exactions commises par une Armée de conscrits, allant jusqu’au bombardement d’une clinique pour enfants.
Les dictateurs ont tous eu, à quelques rares exceptions, des destins tragiques.
Peut-on qualifier Poutine de dictateur ?
Oui, d’après les derniers événements au cours duquel des Russes sont descendus dans les rues de Moscou pour signifier qu’ils n’étaient pas d’accord, sur la politique guerrière de l’actuel pouvoir.
Vite enfournés dans des cars de police, ce n’est pas demain la veille qu’on les retrouvera libres. Ne perdant pas de temps et avec l’accord des Chambres, une loi nouvelle condamne à la fois les rassemblements et les critiques sur le bellicisme du Kremlin et ce au nom des intérêts suprêmes de la Nation. Le mot « guerre » ne se dit plus en public, sous peine de sanctions.
Vu la rapidité des réactions du pouvoir, sa volonté de ne plus accorder le moindre espace à l’opposition, on peut dire que la Russie a maintenant un dictateur dont le principe est simple : durer au nom du droit de la force, avec la sainte onction de l’église orthodoxe qui pardonne à l’avance tous les crimes commis au nom de la Nation.
Hitler se perdit dans les plaines devant Moscou et son armée ne fut plus qu’une illusion après Stalingrad.

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Poutine semble avoir échoué à se rendre maître de l’Ukraine en six jours.
C’est de cet échec que tout peut se perdre.
Son dilemme est le suivant « Si je souscris à une paix honorable avec un pays que mes partisans croyaient partie intégrante de la Russie, je me déjuge et je perds le crédit de toute une Armée au départ magnifique et rentrant dans ses foyers, qu’accueille la population ?... une troupe de jeunes conscrits cassée et sans moral. D’autre part, si je poursuis l’aventure jusqu’au bout, je réduis en cendre un pays magnifique qu’au départ on disait frère. Je fais des survivants, des opposants farouches que vu l’étendue du territoire, avec des pays voisins refuges, mèneront une guérilla que je ne réduirai jamais. Dès lors, comment occuper un pays aussi vaste et maintenir sous la contrainte une population qui s’est révélée, les russophones compris, une Nation à part entière ? ».
Contrairement à l’opinion publique occidentale attribuant une place prépondérante dans les négociations aux négociateurs russes, Poutine est coincé dans son raisonnement par deux alternatives dont aucune ne tourne à son avantage et que négocier dans de pareille condition, n’est rien d’autre qu’un état de faiblesse dont le camp d’en face finira par s’apercevoir.
De ce coup d’échec mal préparé et qui, au départ, était faussé par une mauvaise appréciation du joueur, le sort à plus ou moins long terme de Poutine est scellé. Il n’ira pas jusqu’à la date ultime qu’il s’était fixée en 2036 et qui correspondait aux alentours de ses 85 ans !
Mieux, on me dirait qu’un coup d’État au palais l’a fait arrêter dans les semaines prochaines que je n’en serais pas surpris.
Ce sont toutes ses raisons qui font qu’actuellement Poutine est extrêmement dangereux. Hitler confondait son avenir avec l’Allemagne. Poutine est pareil. Puisque l’Allemagne n’a pas eu la force de combattre jusqu’au bout, qu’elle périsse avec moi, pensait Hitler. Même asservis, les Allemands ne l’ont pas entendu de cette oreille. Les Russes, peuple intelligent, brave, du peuple des Cités dans des logements au style stalinien, aux appartements partagés des abords des universités ne croiront plus longtemps au génie de l’homme fort. Ce jour-là, ils se débarrasseront du despote, avant qu’il ne devienne fou et se prenne pour Rostopchine incendiant Moscou, comme Néron brûla Rome (1)
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1. Controversé par les historiens, cette comparaison est utilisée ici pour sa force.

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