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Si vis pacem…

Au-delà de la sidération qui s’est emparée de l’Europe après l’agression de Poutine en Ukraine, après la vague d’indignation qui a soulevé l’Europe et les marques de sympathie pour les agressés, une grande part de la responsabilité des événements incombe aux dirigeants européens.
Ils ont oublié, en Belgique notamment, une locution latine « Si vis pacem, para bellum ». Ou plutôt non ils ne l’ont pas oubliée, c’est pire, ils ont cru que le système libéral était au-dessus par la certitude que leur système avait changé la donne.
Ces libéraux du MR, ces socio libéraux du PS qui sont actuellement au pouvoir sous la houlette d’Alexander De Croo se sont lourdement trompés. Ils ont fait preuve de légèreté et de méconnaissance profonde de la psychologie de l’être humain.
Si la situation actuelle est dramatique, si les Russes jouent avec le feu en visant des bâtiments proches des centrales atomiques dont l’Ukraine est pourvue, si nous sommes submergés par un million de malheureux qui fuient leur pays devant l’armée russe, c’est en partie à cause de Georges-Louis Bouchez, Elio Di Rupo, Charles Michel et j’en passe… tous responsables de nous laisser une Europe molle, sans aucun moyen d’affirmer sa puissance autre que par le commerce et l’industrie. A la lumière des événements, on voit bien nettement qu’ils n’ont pas vu le drame venir et qu’ils ont été aveugles et sourds devant ce qui nous pend sous le nez depuis toujours : un affrontement avec un voisin armé jusqu’aux dents.
Ils ont laissé une Europe sans défense réelle, si ce n’est une alliance avec la puissance américaine dans le cadre de l’OTAN, qui n’est pas réellement une affirmation de puissance militaire européenne, mais une sorte de bail avec un allié étranger à l’Europe.
Ce n’est pas que cette Europe tout assotée de l’Amérique n’ait pas été avertie de ce qui ne manquerait pas d’arriver dans sa périphérie. L’occupation de la moitié de Chypre par l’armée turque depuis des années, sans que l’Europe ne fasse rien pour un pays de l’Union européenne, aurait dû au moins faire comprendre qu’Erdogan disposait d’une capacité militaire, contre laquelle les 27 ne pouvaient rien.
Cela se passait le 20 juillet 1974 !
Près de cinquante ans plus tard, c’est Poutine qui après le feu vert de Biden envahit l’Ukraine sous une pluie de doléance de l’Europe, sans que cela ne l’afflige vraiment.
Non seulement la faute européenne est lourde et la Belgique en prend une large part, mais en plus les remèdes proposés, c’est-à-dire créer une armée européenne moderne est irréaliste et se heurte déjà aux Pays de l’Est qui n’ont confiance que dans l’OTAN et à certains autres pays, au premier rang la Belgique, tous profondément attachés commercialement à l’Amérique en ce qui concerne son matériel de guerre, préférant un avion de chasse américain aux performances incertaines au super avion Rafale.
Tout n’est pourtant pas fichu.
Il faudrait d’abord que le monde libéral cesse d’imaginer qu’un monde transformé en souk permanent, peaufinant l’homme dans sa capacité de travailler dur pour son seul intérêt, opiniâtrement attaché à son succès au détriment de tous les autres, est irréalisable et contraire à l’éthique. L’affaire du Covid nous l’a indiscutablement démontré.

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Croire ensuite que le grand frère américain n’est pas ce que l’on croyait et qu’il est prêt à abandonner l’Europe et même l’OTAN si ce dernier ne le suit pas dans sa confrontation possible, sinon certaine, avec la Chine, c’est une autre affaire, mais tout aussi importante.
Vous ne voyez pas d’ici, à la suite de la catastrophe à nos portes d’un pays ami, entendre dire de ces MM du libéralisme à la Belge « Nous nous sommes trompés. Nous aurions dû revenir à la citation latine, la méditer et la comprendre. Nous en avons été incapables. ».
Jamais ils n’en conviendront. Pire encore, l’Ukraine complètement démantibulée, par terre et sous la botte russe, nos libéraux poursuivront la commercialisation du monde dans l’exacte pensée libérale d’avant les événements, parce qu’ils sont stupides avec leur foi de charbonnier dans le libéralisme le plus classique, donc le plus usé et le moins adaptable aux circonstances.
Reste le sens pratique et évident d’une armée européenne forte capable de se faire respecter de Poutine et de claquer le bec d’Erdogan, en attendant d’autres candidats au jeu de rouler des mécaniques.
La Russie aussi vaste que l’Inde et la Chine réunies n’a que 140 millions d’habitants, son PIB est égal à celui de l’Espagne, dit-on. La France et l’Allemagne réunie comptent à elles seules autant d’habitants qu’en Russie et leurs capacités financières est infiniment plus grande que celle de Poutine.
Elles ont des projets en commun, un avion succédant au Rafale, un tank dernier cri. Ces deux pays pourraient facilement mettre sur pied au service de l’Europe une armée d’un million d’hommes sans entamer leurs pib, au contraire même, en le bonifiant.
Que pourrait faire et dire les américanolâtres face à cela ? Rien, sinon contribuer financièrement et même participer humainement à ce projet, au nom de l’Europe et sous son impulsion.
Alors, qu’est-ce que ces deux grandes puissances aux communes frontières attendent ?

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