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Stagflation !

La population est comme un malade sur un lit d’hôpital qui voit son sort prendre une tournure indépendante à lui-même, sans qu’il puisse intervenir.
Sauf, qu’à l’hôpital nous avons un personnel dévoué, aimable, dont la mission de bienveillance attentive et de soins ponctuels s’accomplit au profit du patient ; tandis que ce qui pend au nez des gens dans son rapport avec l’État, dans une économie bouleversée, est la propension des politiques au pouvoir, à faire payer le pauvre et sauvegarder le riche. Normal, puisque ces élus se sont créés des patrimoines. Ainsi ils gèrent conjointement nos affaires aux leurs.
Cette réflexion amère m’est venue à l’audition du speech de Christine Lagarde, la banquière de l’Europe, sur la situation économique des 27.
Cela va si mal, les temps sont si propices à l’imprévu que la patronne de la BCE n’a pas osé prononcer le mot que chacun a au bord des lèvres, mais qu’il n’ose pas dire en premier : la stagflation.
Car ce mot est terrible. Il contient en même temps toutes les erreurs commises depuis au moins dix ans par l’économie libérale, mais il suggère aussi que la crise – puisque crise il y a – n’a pas été prise au sérieux ou pire ignorée.
En un mot, la stagflation est la situation d'une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d'une forte inflation (c’est-à-dire une croissance rapide des prix). Cette situation est souvent accompagnée d'un taux de chômage élevé.
Ce marasme économique nous le devons à l’Europe et à sa politique de démantèlement des entreprises, à la chasse du moindre coût et à notre entêtement à nous réserver les services.
Déjà de graves dysfonctionnements furent perçus par la population dès les premiers mois de la pandémie du Covid-19. Il touchait principalement les matériels, masques et respirateurs. Accessoirement, nous eûmes un aperçu de la manière dont le système libéral avait traité nos hôpitaux publics.
Cela aurait dû nous sauter à l’esprit que ce qui ne marchait pas dans un secteur d’activité entraînait certainement des conséquences ailleurs.
Mais non ! Le gouvernement de Michel à Wilmès et de Croo arrangeait les choses à sa manière, même mieux, confortait son pouvoir et faisait en sorte de diluer la responsabilité, dans une Europe à quelques détails près, dans la même situation que la nôtre.

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Depuis, les événements comme la guerre en Ukraine ont singulièrement et très rapidement conduit à joindre au malheur du néolibéralisme, l’effet rareté des matières premières.
Tous ces malheurs qui s’amoncellent n’ont pas encore leur plein effet. Ce n’est qu’au fur et à mesure de l’augmentation des prix, cumulé au chômage s’accélérant que nous aurons une vue meilleure d’un désastre qui aurait pu être évité par une autre politique de l’Europe et dans les pays membres, par exemple dans la contestation de la bible du libéralisme et la liberté d’entreprendre de fixer les taux d’embauche en fonction des seuls intérêts du privé.
Car, n’allez pas croire que la stagflation ne profite à personne et que ce malheur est justement réparti parmi toutes les couches de la population.
La stagflation est aussi en partie décidée par les entreprises, par une stratégie connue des économistes. Le système économique varierait entre deux phases : lors de la première, les entreprises multiplient les fusions-acquisitions pour grossir ; lors de la deuxième, les gouvernements limitent ces mouvements dans le cadre de luttes anti-monopoles, alors les entreprises utilisent la stagflation pour augmenter leurs profits. Les entreprises dominantes, en situation de quasi-monopole, peuvent en effet augmenter leurs prix plus vite que les compétiteurs. On refusera plus aisément à une modeste société locale toute adaptation des prix, qu’à Danone sur l’augmentation de ses pots de yaourt. Or, s’il est possible que la petite société puisse en ouvrant ses livres démontrer qu’il est nécessaire d’adapter ses prix de vente au prorata des coûts de sa production pour ne pas vendre à perte, il est impossible d’en faire autant dans une grande société. D’ailleurs, le pourrait-on, ces société se gardent bien d’ouvrir leur livres de compte et de fabrication au tout venant.
La stagflation par la demande est aussi la conséquence de la stimulation de l'inflation par la banque centrale. C’est le « qu’importe le coût » d’un Macron distribuant sans discernement de l’argent à profusion aux entreprises, même à celles qui n’en avaient pas besoin, ce qui procure un effet d’aubaine prélevé sur la collectivité à des nantis. Ce fut aussi le cas en Belgique et dans les autres pays de la collectivité, la banque Centrale faisant une croix sur la règle de 3 % de dépassement de crédit.
La guerre en Ukraine décidée par un fou orgueilleux est la goutte qui fait déborder le vase et permet ainsi à nos responsables de se défausser de leurs erreurs sur le compte de la fatalité et de la folie d’un homme.
Jusqu’où cette stagflation peut-elle aller ? On l’ignore, comme Georges-Louis Bouchez, cet apprenti sorcier l’ignore aussi. Tout ce qu’on sait des recettes du libéralisme est là devant nous, et ce n’est pas peu dire que les responsables du marasme dans lequel nous allons être plongés, ce sont eux essentiellement, eux !

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