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Détestation de la Ville de Liège !

Comment suis-je arrivé à détester cette Ville, moi qui l’aimais tant !
Né place Delcour ayant été logé de Robermont à la rue Saint-Nicolas, passant de la rive droite à la rive gauche, tous les quartiers et pratiquement toutes les rues me sont familiers.
C’est que je n’y reconnais plus rien de ce qui me la faisait aimer.
Après le massacre Destenay, ce libéral fou, voulant transformer la ville dont il était le maïeur en autostrades bornés de hauts buildings, nous aboutîmes au désastre architectural de la Place Saint-Lambert. Nous y perdîmes le charmant théâtre du gymnase et le square Notger. Nous assistâmes à la perte de quelques vestiges majeurs dont les écuries des prince-évêques, existant encore dans les méandres de la librairie Biblio et des magasins du Phare.
Puis, après trente ans du « Trou de la place », nous eûmes les tracassés du bien-être pas cher qui firent Droixhe. Leurs successeurs en démolirent une partie.
Pendant ce temps, prenant souvent les riverains par surprise, des concussionnaires complotèrent avec des entrepreneurs pour acheter, même parfois à prix d’or, des maisons de maîtres, parfois petites gentilhommières, tout au long des boulevards de la Sauvenière et d’Avroy. On se mit à saccager le formidable patrimoine immobilier, plutôt que de l’adapter en appartements originaux. Au nom de l’intérêt général, souvent synonyme d’intérêts particuliers innommables, on construisit des sortes de clapiers de douze étages sans âme et sans originalité. arrachant avec délectation des lambris de chêne, des cheminées de carrare, des stucs trompe-l’œil, des plafonds peints avec l’ardeur d’iconoclastes incultes pour y faire croître leurs horreurs.
Il eût été tellement esthétique et intelligent de laisser la Ville dans son ensemble telle qu’elle fut créée après le comblement de la rivière Avroy en 1835, en transformant adroitement les gentilhommières aux hauteurs de plafond souvent de plus de quatre mètres, en appartements originaux et de qualité.
Le spectacle architectural de ces deux grands boulevards est absolument navrant. On dirait la bouche d’un géant brèche-dent à cause des malheureux monuments d’époque pas rachetés encore à cause des propriétaires qui résistent, entre les canines éléphantesques de messieurs les entrepreneurs-urbanistes de la cité désarmante.

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Mais ce n’est pas tout, restait le motif suprême, la haine de l’automobilistes et des autos que l’actuel bourgmestre affiche dans sa dérive du tout-à-pied ou à vélo, sacrifiant ainsi à l’écologie pour qu’on ne lui reproche pas les grosses pollutions dont la Ville perpétue la tradition.
Le chantier du Tramway fut l’opportunité. Commencé un peu partout et achevé nulle part, voilà plus de deux ans que nous en sommes accablés. Tous les jours, il y des chantiers qui s’ouvrent sans que jamais les autres ne se referment. Les commerçants sont désespérés, les clients rares, les autos tournoient sans pouvoir atteindre une issue, les amendes pleuvent sous la forte progression des détournements et des rues barrées, le tout dans une incohérence rare.
On peut même se demander s’il y a un pilote dans l’avion, d’un projet au départ intéressant et qui tourne au cauchemar.
Certes avec Ecolo le Bourgmestre Demeyer ne veut pas se fâcher, l’automobiliste vache à lait idéale, ne disparaîtra pas avec les diesel et les vieux breaks à essence, sans les avoir traqués jusqu’au dernier, taxés et sommés de se vouer à l’électrique, comme si la plupart des usagers avaient les moyens et les bornes adéquates pour ce nouveau pari, aussi dingue et irresponsable que celui de Destenay, il y a soixante ans.
Le bourgmestre oublie que nombre de handicapés utilisent de petits véhicules à essence sans lesquels leur sort est scellé : la maison de retraite et les parties de dominos.
Il devrait faire le compte des mécontents. Il se pourrait qu’une majorité de Liégeois trouvent que le massacre de Liège d’autrefois, le tram, les chantiers, les détournements, les rues barrées et les manifestations publiques comme cette course à travers la ville de ce dimanche, resserrant davantage l’écheveau des rues permises à quelques-unes, en faisant passer du boulevard Kleyer aux Guillemins pour retrouver le boulevard Sainte-Beuve, juste derrière, ce ne soit un peu beaucoup !
Manifestement, on devrait être charmé des décombres, des trous et des rues barrées tantôt plus nombreuses que toutes les autres, qui nous feront une ville calme, agréable, reposante, après, quand ce cauchemar aura pris fin.
Connaissant les édiles, les haines des vieux ensembles et des vieilles voitures, on fait confiance pour qu’ils nous trouvent d’autres horreurs, une sorte de piétonnier général où pour descendre au centre, il faudra laisser sa voiture à Saint-Nicolas. Nul doute que sans la vache à lait motorisée, ils ne s’attaquent aux piétons, un permis de circuler en ville.
Reste le parcours de ce tramway mythique. C’est bien de longer la Meuse. C’est surtout facile. Le parcours Ans-Fléron, crucial pour la fluidité routière, ce n’est pas demain la veille que des petits génies en auront l’idée. On a oublié que nous étions jusque dans les années soixante en possession d’un réseau de tramways remarquables. Le Tram 10 allait bien de la Place Saint-Lambert à Fléron, tandis que son homologue descendait d’Ans.
Ah ! ce passé qui remonte sans cesse en amertume dans la bouche du Liégeois !

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