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Quand le travail est une corvée.

Cela fait peine à dire, mais le travail dans ce qu’il avait de plus innovent et créatif ayant presque tout à fait disparu dans les trente-six métiers qui n’en sont pas vraiment, mais que l’on fait par nécessité, ce qui pouvait encore aller avec la joie de faire quelque chose d’utile a complètement disparu.
Poussée aux extrêmes des rendements possibles par les sponsors du MR, l’heure de travail est devenue odieuse par la mégalomanie de ceux qui la paie et l‘exige dans son intégralité.
Jadis, une heure de travail se comprenait une heure de présence avec quelques intermittences en poses diverses. Ce n’était pas de la paresse, mais une nécessité de respiration pour ne pas faire le temps durant, la même chose.
Les patrons de jadis y semblaient résignés, tout en trouvant le moyen d’y faire fortune. L’idée de faire des concours à l’échelle mondiale sur l’heure de travail par métier déterminé, c’est en réalité la base du néolibéralisme. Elle a mis fin à un certain laxisme en bouleversant les rendements et les façons d’accomplir mieux et plus vite toute tâche répétitive.
Ce qui pouvait rendre idiot par la performance de multiplier les gestes et qu’on pratiquait parfois entre ouvriers en matière de jeu, est devenu la norme en-dessous de laquelle le risque est grand de perdre son travail.
De cet hallucinant progrès s’est dégagée une contrainte physique qui conduit le travailleur à la performance. Or le champion pousse la machine en s’entraînant avant de performer. Son exploit est à sa pointe de forme qui décroit nécessairement jusqu’à l’apaisement moral et musculaire.
En passant de l’âge anomique des entreprises au behaviorisme, on demande à des travailleurs qui ne sont pas des champions à soutenir des performances établies sur de courts instants que l’on multiplie pour atteindre l’heure. La plupart des normes établies ne peuvent être soutenues. C’est une politique qui, sans syndicat actif, donne à l’employeur une arme qui constate une productivité possible non assumée et donne au travailleur l’impression d’être mauvais dans sa branche.
Cela a conduit à des vagues de suicide dans certaines entreprises trop behaviorismes et heureusement que le peuple réagit plus intelligemment à des renoncements d’intérêt pour le travail que l’on fait dans de pareilles conditions, jusqu’au je-m’en-fichisme complet.
Bref, le libéralisme avancé dit de progrès a conduit à un renoncement quasi général à trouver le travail noble et nécessaire. Aujourd’hui, il emmerde quasiment dans toutes les petites professions, tout qui y est sommé par l’ONEM de ramasser ce qu’on lui donne, sous peine de se voir virer des allocations.
Nous ne sommes plus à une période où le peuple avait la perspective du paradis pour patienter. Ah ! que cette période du patriarcat industriel facilitait bien les choses.

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Tout le système reposait sur la résignation des pauvres.
Je n’ose ici reproduire ce que le pauvre en 2022 dit à GL Bouchez et ses mirobolantes admirations des jobs les plus sordides.
Le riche garde facilement l’ardeur au travail d’autant que le sien va de décider à ne rien faire ou établir un agenda pour ce qu’il fera. Il garde ses illusions et ses dix doigts, sa digestion lente ou rapide et ses heures de sommeil. Le pauvre, même en multipliant ses efforts, ne garde rien. Il n’a pas droit au superflu.
Contrairement à ce qu’on entend partout dans la définition du travail en système libéral avancé, les méthodes employées ne sont même pas créditées d’un certains progrès, puisque ces méthodes consistent finalement à détester ce que l’on fait et combien pèse la sacro-sainte obligation de s’agiter depuis le déclic de l’horloge pointeuse, jusqu’à la sortie, qui est l’obligation entre toutes.
En Belgique, d’après les calculs des libéraux, 800.000 chômeurs pourraient être facilement remis au travail. Ce qui remettrait quelques milliards de plus dans la machine et rétablirait les comptes d’un État dépensier.
Ce déficit est en grande partie le résultat de la manière dont on traite les gens au travail. Donc en termes de profit, ce système ne vaut rien.
C’est par la seule faiblesse des syndicats dans ce domaine qu’il persiste et aussi par le rapprochement mondial des industries concernées en concurrence universelle. Jusqu’à présent aucune autre méthode n’a été mise en pratique.
Les usines rutilante en tôle peinte dans les grandes banlieues industrielles ne sont plus que des goulags sans espoir et sans issue.
Est-ce cela le progrès ?
Justement, mettant à profit les temps incertains, l’inflation, la misère montante, la guerre, no « élites » dirigeantes sont en train de nous faire croire que nous pouvons y arriver avec leur méthode.
Eh bien ! ils se trompent. Leurs erreurs auront un jour beaucoup plus de conséquences qu’ils ne le pensent dans tous les domaines, y compris dans le domaine politique.

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