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Bientôt, un musée de la belgitude ?

Mardi dernier, la salle du dîner de sponsoring du site web nationaliste flamand Doorbraak.be était chauffée à blanc par les propos de Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang. Avant, l’invité d’honneur Jan Jambon n’avait eu qu’un succès relatif, celui d’un premier ministre régional usé par deux années de mandat.
Avec Van Grieken, ils n’ont pas été déçu. La première chose qu’il fera en 2024 si les électeurs lui donnent la majorité en Flandre, ce sera de négocier l’indépendance de la Flandre avec les francophones.
Les intentions de Van Grieken sont sans équivoque. Les Belgicains tendance Di Rupo peuvent bien pleurer et craindre pour leur roi. « Mes intentions si j’obtenais une majorité flamande au niveau national : faire une déclaration de souveraineté unilatérale depuis le Parlement flamand, mais elle entrerait seulement en vigueur en 2029. Alors, nous dirons aux francophones : soit nous nous asseyons autour de la table pour parler, soit nos chemins se séparent en 2029. Et si c’est un compromis qui se dégage, en tant que nationaliste flamand, il faudra bien que je l’accepte. »
Le public transporté acclame son leader. Ce faisant, le public électrisé ne raisonne plus. Il a tort.
Van Grieken n’a pas bien mesuré les questions pertinentes qui découlent de sa déclaration et qui jusqu’à preuve du contraire n’auront pas de réponse d’ici 2029.
L’implosion du système belge ne pourrait être dans les actuelles imbrications du pays avec l’Union Européenne, qu’un pétard mouillé. S’il existait encore l’ombre d’une diplomatie dans l’attelage Wallonie-Bruxelles et qu’une majorité menait le Vlaams Belang au pouvoir, ne pas négocier quoi que ce soit avec les nationalistes flamands serait la meilleure chose à faire. Le reste regarderait plutôt les traités de participation des pays, la Belgique inclue en 2029, entre l’Europe et ses États membres.
Qu’importe, ce qui est dit ne fait pas de tort à la cause nationaliste. Van Grieken n’était pas là pour donner corps à son projet, mais seulement pour en exprimer le sens « Le Vlaams Belang doit devenir un parti nationaliste au pouvoir ».
La salle où se comptait quand même une majorité de N-VA retrouvait son calme. La véritable question était de quelle manière un gouvernement flamand majoritaire avec les deux partis nationalistes pouvait à termes se séparer de son boulet (La Wallonie), sans se créer des embarras diplomatiques avec l’Europe ?

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Le leader du Vlaams Belang croit son heure venue « Je sais déjà comment mener la propagande et orienter un débat, mais à présent, je veux connaître le fonctionnement d’un parti au pouvoir ». Il compte probablement, parmi les dirigeants du parti quelques impatients qui lorgnent avec envie les émoluments de ministre qui leur passe sous le nez.
« Tom Van Grieken a terminé son intervention en étant pleinement conscient qu’une participation au pouvoir n’est toujours pas à l’ordre du jour pour le Vlaams Belang. « Bien sûr, il faut recueillir cinquante pour cent des suffrages au Parlement flamand pour pouvoir faire une déclaration de souveraineté », a-t-il précisé. « J’ai mené beaucoup de discussions, mais il y a un rendez-vous que je n’ai pas réussi à décrocher et qui m’est systématiquement refusé : celui avec le président de l’autre parti nationaliste flamand, Bart De Wever. Alors, je suis vraiment dépité quand j’apprends qu’il va manger en public avec le président de Vooruit, Conner Rousseau. » (DaarDaar)
Il y a dans cette intervention quelque chose de naïf, voire d’enfantin, qui surprend d’un homme politique de ce niveau.
Que ce parti se soit renforcé au cours des années par l’invective et le déni, c’est presque le lot des partis nationalistes, que son président dénonce une immaturité dans l’organisation de la propagande et une impréparation interne à sa prise de responsabilités dans un nouvel exécutif réduit à l’alliance entre les deux partis nationalistes, c’est tout à fait unique dans l’histoire des partis en Belgique.
Faut-il craindre davantage un Vlaams Belang sorti de son côté estudiantin à longue penne, devenu raisonneur en posant de bonnes questions, qu’à la caricature et l’outrance dont il était coutumier, un peu comme le fut N-VA avant d’entrer dans le gouvernement Michel ?
Nous ne le saurons que si les urnes le décident.
De cette soirée, on peut conclure que le séparatisme unilatéral flamand en prenant conscience que le véritable empêchement d’une autonomie complète flamande ne dépend pas de la Wallonie, toujours accrochée aux vieux clichés de la Belgique solidaire entre ses Régions, mais des instances européennes, va dorénavant consulter les juristes experts pour sortir du guêpier à l’anglaise.

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