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DU VRAI DANS LE FAUX

C’est encore un paradoxe de poser la question des devoirs du citoyen et des obligations de l’État envers celui-ci. Devoir est une nécessité morale de faire et « s’obliger à » est une contrainte accessoire.
Le peuple baigne dans des valeurs morales qui viennent des Autorités et de ses serviteurs. Je doute qu’elles soient des valeurs spontanées profondes et que le peuple soit « vertueux » par nature.
Cependant, l’État ristourne sous forme de services aux gens, une partie de ce qu’il prend sur leur travail et leurs biens personnels. Il ne peut faire autrement – certes il le pourrait – mais ce serait à son détriment, puisque à ne rien rendre, il risque de tout perdre. La contrainte accessoire est en réalité une contrainte indispensable.
L’essentiel est dans le dosage concerté entre les détenteurs du pouvoir politique et le pouvoir de l’argent. En gros, le pouvoir de gauche passe pour taxer plus le pouvoir de l’argent. Mais ce n’est pas toujours le cas. L’abandon de la lutte des classes a singulièrement rapproché les partis de pouvoir dans la conception d’un monde libéral. De cette démission, il découle que pour trouver de la main-d’œuvre pas cher et en abondance, il est nécessaire que le travail ne puisse pas enrichir celui qui y est contraint.
Ce simple raisonnement débouche sur la question du travail. Le travail est une pure invention spéculative à l’intention des foules. Il faut travailler pour vivre. Ce qui est complètement faux dans un système libéral. La fortune dispense de cette obligation. Et pourquoi cette dispense ne serait-elle pas une liberté pour tous ?
Est-ce indigne de se dire peut intéressé par la façon dont on procède aujourd’hui à écumer les écoles pour en recruter les plus aptes, en réalité les plus serviles ? Est-ce tout à fait monstrueux d’avoir un don pour une création quelconque, sans pouvoir l’assumer ? Enfin, si le riche à la possibilité de ne rien faire et de s’en vanter, pourquoi l’homme du peuple lorsqu’il s’en vante est qualifié d’infâme profiteur ?
On sait bien que ce qui différencie le riche du pauvre, c’est le compte en banque, les propriétés diverses et les intérêts dans des entreprises, alors que le bas de gamme n’a rien de cela.
Il existe bien des « filières » qui donnent l’illusion de s’enrichir et de se prévaloir d’avoir changé de classe. On voit ce qu’il en est aujourd’hui de la classe moyenne, même si certains loustics, plus habiles que d’autres, se glissent par chance dans la classe supérieure, donnant ainsi du poids à la sauce libérale qui fait l’apologie du mérite pour justifier les inégalités.
Le peuple perd son temps à travailler. Son travail sert à enrichir autrui, alors qu’il ne sert qu’à survivre celui qui y est contraint.
Le zèle modéré du travail dans la crainte du patron et aussi le désir de lui plaire sont de ces petites passions durables qui font une vie ! Est-ce ça que l’on peut décrire comme une existence bien remplie ?

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Ces notions « hors entendement » des sociétés libérales, le sont aussi des sociétés communisantes ou communautaristes. On pourrait dire que c’est pire dans une société où chacun a le regard des autres à supporter. Il est parfois plus difficile d’y afficher un manque de solidarité que dans une société libérale. L’illusion de « travailler pour son compte » met les travailleurs dans l’obligation morale de faire.
Ce type de société est préférable à l’autre, lorsque la théorie rejoint la pratique. Elle ne l’a rejoint que lorsque les horaires de travail diminuent et qu’en même temps les salaires et les loisirs augmentent.
Sinon, vous changez seulement d’employeur.
On comprend pourquoi ces raisonnements ne sont jamais exposés, ni exploités. Ils ouvriraient des pistes dans lesquelles l’âme chavire en entrevoyant un monde inaccessible de libertés !
Il est vrai que la liberté absolue n’est pas bonne pour tout le monde. Une grosse partie de l’humanité, dans la nécessité de faire, ne peut pas concevoir à ne rien faire sans éprouver un grand trouble. Certains diront un manque.
Qui n’a pas entendu des speechs de fin de parcours, quand le nouveau retraité pose carrément la question de ce qu’il va faire de son temps, dès lors qu’il ne le consacre plus au travail quotidien ! Hébété par certaines tâches, il s’y habitue et finit par gouter l’hébétude comme une tranquillité de l’âme, qui vire parfois en passion pour le travail qu’il fait.
Serait-ce que contraint à la servitude, le travailleur finisse par prendre goût à cette obligation de faire ?
Tout ne serait qu’une question d’éducation. Cette société s’y attèle pour rendre les foules passives, besogneuses, résignées et à jamais immatures !
On n’a pas encore trouvé mieux comme appât, que les différences énormes qui séparent les diplômés sortis des écoles de la société de consommation. S’il faut autant de temps pour contraindre quelqu’un à devenir maçon qu’à devenir ingénieur, en revanche le salaire alloué de l’un par rapport à l’autre n’est pas comparable.
L’astuce suprême pour sacrifier un maximum au pouvoir de l’argent et donc au pouvoir politique tient en la différence de traitement entre l’effort physique et l’effort intellectuel. Cependant les « physiques » ne sont pas tous idiots et les avantagés du bocal, tous intelligents.
En gros, il n’y a rien qui justifie la morale prêchi-prêcha du libéralisme. Nous vivons dans un bordel d’idées toutes aussi fausses les unes que les autres. Tous les batteurs d’estrade un peu ivres vous le diront.

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