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Est-il encore possible de rêver ?

Supposons, malgré l’apparente stabilité des partis de pouvoir, que la crise économique qui s’annonce monstrueuse, fasse tomber la Belgique politique dans le chaos.
Soudain, le peuple descend en masse dans les rues. C’est l’insurrection ! Les nécessités premières, dont celle de manger, ont toujours été les causes des grands bouleversements.
Alexander De Croo, qui auparavant avait cent raisons de présenter sa démission et qui ne le faisait pas, sous la pression populaire et en dernier recours, met un terme à son gouvernement. Dans la foulée, les députés en appellent à des élections anticipées.
On vote. La population, à bout de patience, tourne la page du néolibéralisme et élit un socialiste à l’ancienne, le dotant d’une majorité confortable. Ce socialiste à l’ancienne est issu d’un courant ignoré des dirigeants habituels du PS, évidemment ; mais cela pourrait être aussi une personnalité d’un autre parti, comme le PTB.
Allons-même jusqu’au constat que les fonctionnaires soient loyaux, que la police affiche un légalisme à toute épreuve et que les militaires restent sagement dans leurs casernes.
Toujours en ébullition et attentive, la population reste vigilante dans des manifestations de rue, au point que les médias y regardent à deux fois avant d’exprimer leur haine du socialisme d’avant, le seul qui vaille, celui de la lutte des classes.
Malgré un large consensus, le nouveau pouvoir va devoir mener un combat sans merci d’une grande violence.
Ce changement va en effet être perçu comme une déclaration de guerre des Marchés et de l’Europe elle-même acquise au néolibéralisme, suivraient derrière toutes les forces du capital, du petit actionnaire et de l’infime propriétaire aux holdings et multinationales.
Cette réaction contraindrait le nouveau pouvoir à une escalade radicale ou à capituler et rentrer dans le rang. Dans le premier cas, il entreprendrait dans l’urgence des mesures sociales honnies par les libéraux et par toute l’oligarchie financière.
La population aurait enfin des raisons objectives de soutenir le nouveau pouvoir par ces mesures prises. On accueillerait avec enthousiasme la fin de la précarité et de la misère organisées pour « pousser » les réticents au travail et dans les entreprises, des limites nouvelles verraient l’arrêt de la productivité mettant en danger la santé des travailleurs. Enfin, il serait mis en chantier le dossier des inégalités en diminuant progressivement les différences entre riches et pauvres, par des ponctions sur les fortunes et les bénéfices des actionnaires.
Pendant ce temps, orchestrés par l’Europe, les adversaires du nouveau Régime ne resteraient pas les mains dans les poches. La sanction des marchés serait immédiate. Les investisseurs arrêteraient tout apport de fonds à la dette souveraine. Les grandes fortunes, la Belgique compte trois milliardaires, réaliseraient le plus possible pour placer ailleurs. La balance des paiements serait au désavantage de l’État. La Belgique se trouverait dans la position actuelle de la Russie, en défaut imminent de paiement.

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Sur le plan politique, la Commission européenne multiplierait ses appels au boycott de l’État rebelle qui ose remettre en question les traités européens. Il serait étudié une pénalité par jour de non-respect aux dits traités.
Depuis le début du changement de Régime, les grosses fortunes personnelles, jusqu’aux petits avoirs, sortiraient du socialisme naissant par tous les interstices possibles. Il faudrait donc que le nouveau Régime instaure une loi sur l’interdiction à l’exportation des capitaux et trouve un moratoire sur le paiement de la dette.
« Les structures de l’économie internationale et des économies nationales ont été agencées de telle sorte que, pour faire plier un tant soit peu les forces de la finance, il faut leur briser la colonne vertébrale. Et cela passe par des mesures brutales. On change d’univers politique. » Cette citation d’un économistes dont j’ai oublié le nom dit bien ce que cela veut dire. Le système économique libéral est comme un lierre qui circonvient le tronc de la démocratie, la paralyse et bientôt l’étouffera.
Nous sommes dans la période d’étouffement, cela rétrécit d’autant les possibilités de changer le système, sans une transformation radicale en profondeur.
Tout n’est pas encore joué et perdu. Pour stabiliser les finances sur le long terme, l’État dispose d’un outil redoutable : l’impôt. Cette situation verrait également par la nature même des choses, une nationalisation des banques. Ce qui amènerait au-devant de la scène, la situation de l’État par rapport à sa monnaie, l’euro, dont il ne contrôle ni sa fabrication (la fameuse planche à billets) ni sa cotation par rapport aux autres monnaies. De deux choses l’une, ou la Belgique serait expulsée de l’Union européenne pour non-respect des traités ou l’euro volerait en éclats sous les tensions financières.
Reste l’entraînement par l’exemple des autres États de la zone euro confrontés aux mêmes désirs de la population de se débarrasser d’un système libéral, estimé antisocial et nuisible. Devant les premières difficultés grossies par les gazettes hostiles, la Belgique pourrait restée isolée.
Le sombre avenir que le libéralisme nous destine, nous pouvons ne pas en vouloir avec assez de force pour imaginer un autre société, plus juste et moins impitoyable pour les pauvres. L’avenir nous dira si des personnalités de la politique ou de la rue y forgeront demain notre destin.

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