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La France qui s’en fout !

Au-delà des résultats du premier tour des législatives en France, malgré le bon score de la NUPES qui passe devant Ensemble, l’absentéisme a encore grossi d’un pour cent, depuis les élections précédentes.
Le coup des manipulations de Gérald Darmanin dans les décomptes de voix, pour faire passer les macroniens devant la coalition de gauche a quelque chose de dérisoire. Aussitôt rectifiées par le journal Le Monde, les pratiques du ministre de l’Intérieur sont inqualifiables. La semaine avant, c’était le stade français et l’anarchie qui y a régné lors du match de la coupe d’Europe des clubs champions, que Darmanin a mis sur le compte des Anglais.
Est-ce que ces manipulations des chiffres et des images ont eu une influence sur les abstentions, sans doute, mais en partie et pas au point de penser que l’accroissement des abstentionnistes lui serait dû.
Il était peu probable que les Français se mobilisent pour ce premier tour des élections législatives, quand on sait que le taux d'abstention a été de 26,31% pour le premier tour de la présidentielle, un vote qui mobilise traditionnellement plus que celui des législatives. Les premiers chiffres de la participation diffusées à la mi-journée par le ministère de l'Intérieur confirmaient cette tendance.
Les taux d'abstention record des deux tours de la présidentielle révèlent un problème bien connu : l'abstention des électeurs Français aux élections est en hausse constante depuis une dizaine d'années.
C’est un constat : cette condamnation implicite pour un mode de scrutin qui n’envoie pas à l’Assemblée nationale des élus représentant exactement le peuple dans sa complexité touche en plein une démocratie qui semble avoir collectionné les ratés au premier quinquennat Macron.
Le mode de scrutin en Belgique étant différent, on ne peut comparer les abstentions belges à la française. Reste le soupçon que les électeurs belges seraient aussi nombreux à ne pas voter, si l’élection à deux tours, sans obligation de vote, était pratiquée en Belgique.
Est-ce démobilisation partisane, désintérêt, méconnaissance ou défiance : les urnes sont de moins en moins remplies au fil des élections.
La hausse continue de l'abstention, d’après la dernière enquête d'Ipsos, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde, pourrait atteindre dimanche entre 52% et 56% très au-delà des 51,3% du 11 juin 2017, précédent record pour un premier tour de législatives. À minuit, après le dépouillement de l'ensemble des bulletins exprimés, les prévisions étaient confirmées. L'abstention s'établit finalement à 52,49%. Un record pour des élections législatives. Ce dimanche 12 juin, 47,8 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour élire leurs députés mais plus de la moitié des électeurs français ont donc choisi de boycotter le scrutin.
Ce faible taux de participation est directement lié au désintérêt croissant pour la politique, mais pas seulement. Ce désintérêt est même controversé. Il serait dû à la perte de foi à l'égard du pouvoir, sinon de l'utilité des urnes, le pouvoir étant « confisqué » par une « maffia » oligarchique. C'est en tout cas ce qu'on peut en déduire de tous les baromètres, sondages et questionnaires publiés durant cette campagne législative.

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Cette version complotiste d’une « l’élite » vendue au pouvoir de l’argent relève d’un ressenti quasiment général dans les courants de différentes origines motivant les abstentionnistes.
33% des Français disent avoir un manque d'intérêt pour la politique de manière générale ;
24% ne se sentent représentés par aucun candidat ;
20% estiment que voter ne changera rien à la situation du pays ;
15% pour qui l'élection est déjà jouée. (Ipsos)
Jusqu’à présent les campagnes pour redonner aux Français le goût du bureau de vote, n’ont rien donné. Elles ont coûté cher et notamment dans l’organisation d’enquêtes d’organismes privés dont on sait Macron friand.
Ce qu’on sait, prend en compte un accroissement de l'écart d'abstention entre villes et villages, qui est passé de 2% en 1995 à 12% en 2014 et 17% en 2021, mais aussi d'une combinaison de protestation électorale et de désintérêt de la part des Français. Enfin, le rapport explique que les défaillances du système politique ont été accentuées par la crise sanitaire.
Cette différence de comportement des grandes villes et des villages s’explique par le désertification des hôpitaux, des banques et des transports en commun dans des petites agglomérations donnant aux habitants l’impression d’être des citoyens de seconde zone. L’abandon du domaine public de certains secteurs au profit du privé donne l’impression d’une démocratie vendue au pouvoir de l’argent, qui se désintéresse des citoyens.

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