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Vacuité événementielle.

Que l’on feuillette des journaux prétendument d’informations, des « nouvelles » télévisées ou électroniques, surnage l’immense vacuité du monde moderne. Oui, les trois quarts de ce que nous apprenons par ces canaux divers ne servent à rien, sinon à nous démeubler l’esprit.
Antonin Artaud écrivait déjà à une époque sensiblement moins vacuiste sur le vide s’établissant de fait « populaire » : Tout homme est juge et juge exclusif de la quantité de douleur physique ou encore de vacuité mentale qu’il peut honnêtement supporter.
Que Giorgio Chiellini, footballeur italien – serait-il Ouighour ou Bruxellois que cela ne changerait rien – ait été engagé par le Los Angeles FC jusqu'à la fin de saison 2023, je m’en fous complètement. Que cette info passe dans une rubrique sportive, je n’en vois pas l’inconvénient, mais que la chose soit claironnée entre la condamnation de Salah Abdeslam et le reportage à Boutcha, ville de la périphérie de Kiev, célèbre pour les massacres perpétrés par l’armée russe, oui, je trouve cela choquant.
Je me mets à la place de toute une population qui n’a que les moyens cités plus haut pour améliorer ses connaissances et je me dis que ces amalgames constants entre la frivolité et le sérieux sont de nature à déséquilibrer les jugements.
Pendant des semaines, nous avons été raccordés en permanence au tribunal de Fairfaix depuis lequel nous avons été informé des scènes de ménage entre Amber Heard et Johnny Depp. Aucun détail, le moindre bruit de tinette ne nous aura été épargné et toujours au milieu d’articles pouvant être estimés « intéressants » pour la compréhension du monde aidant à un jugement moral de la société.
Mais que ces deux-là aient été des amants diaboliques, des somnambules de la drogue et du sexe et qu’ils aient mimé leurs moindres fornications pour un jury américain, je m’en suis toujours désintéressé. Comme la publicité qu’on abhorre dès qu’elle apparaît à l’écran, ces deux-là se sont opiniâtrement faufilés depuis des jours entre deux reportages sérieux, dans des scènes privées truffées d’allusions obscènes.
Qu’ils intéressent une certaine catégorie d’amateurs, masturbés de leurs propres mains pendant les séances de la cour américaine, comme s’en réclamait Salvator Dali à propos de la vision de ses propres œuvres, ça les regarde. J’applaudirais qu’ils puissent en voir davantage dans des magazines comme Playboys ou Closer ; par contre, rendre compte de leurs émois après la marche blanche honorant une fillette assassinée par un jeune criminel à peu près de son âge, voilà qui manque singulièrement de tenue.

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Ce n’est pas que je sois bégueule ou Tartuffe, mais que tout cela est inopportun, mal choisi et inapproprié semble évident !
Que de temps perdu et que de dégâts possibles dans des esprits naïfs et confiants accordant de l’intérêt dans tout ; même dans ce qui ne l’est pas.
Pourquoi les parutions dites d’intérêt général ne sont plus que des fourretout systématiques ? Pour la seule et unique raison qu’un lecteur peut n’être qu’attiré par le sport, le fait divers graveleux ou les déshabillés-habillés des starlettes montant les marches au festival du cinéma à Cannes, tout se concevant pour vendre plus et donc se faire du pognon.
Invités de l'émission Vivement dimanche, dimanche 21 novembre, Florent Pagny et Azucena Caamaño se sont confiés sur leur histoire d'amour. Elle a notamment évoqué ses doutes quant aux sentiments qu'il avait pour elle quand ils se sont rencontrés.
Parfois une information insolite, un reportage intéressant s’insère entre les états d’âme de Florent Pagny et Azucena Caamaño et qu’aussitôt après qu’elle ait susurré d’une voix aux accents patagoniens
"Je ne sais pas s’il est tombé amoureux de moi ou de la Patagonie", on apprenne que le bitcoin a continué sa chute mardi et que la principale monnaie numérique s'approche désormais de la barre des 20.000 dollars, son prix le plus bas depuis un an et demi.
Quoique voulant par un certain côté blingbling épater les apprentis bourgeois, trimant en attendant fortune chez une patron infâme, cette nouvelle est assez réjouissante. Enfin, une monnaie ne reposant sur rien de concret, imaginée par un supposé Satoshi Nakamoto, ayant fasciné des dizaines de turlupins en mal de se faire des ronds plus vite et au mieux des autres, finisse par détrousser tous les spéculateurs tombés dans le piège, entre dans les grandes affabulations pour les jobards du capitalisme. C’est parmi les nouvelles, celle à laquelle on collerait l’étiquette d’inutile et qu’on verrait plutôt dans un journal financier ; mais dont on pardonne l’intrusion dans les gazettes des péquenauds de mon espèce, ne fut-ce que par comparaison à une fable de Lafontaine.

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