« Le modèle américain | Accueil | Belgo-Belge une fois. »

Trop « malin » pour nous !

Avant de poser la question de la supériorité d’une classe sur une autre, comme le font les politiques au pouvoir presque par inadvertance et d’instinct, il faut d’abord régler le problème de la faim.
Il n’y a rien de plus insupportable dans les hypocrisies bourgeoises que la fausse discrétion financière, celle qui fait croire vivre de peu pour mettre ses deux ou trois enfants à l’université. Des étudiants qui ont pour cadre de vie une maison confortable, une pièce réservée à l’étude, une bibliothèque bien fournie et des professeurs libres les secourant à leurs points faibles, l’intelligence n’est pas indispensable.
Avant de disserter sur l’argent, il faut nourrir ceux qui ont faim. Inutile de comparer les mérites qui ne peuvent se comparer d’une classe à l’autre, quand deux millions de personnes sur douze manquent de nourriture en suffisance. Épiloguer sur les avantages du libéralisme ou du socialisme, pour un choix de l’une ou l’autre méthode, est sans intérêt, tant que tous ne bénéficient pas d’un minimum vital, sans lequel il est difficile d’élever son esprit au-dessus du ventre.
Toute comparaison serait odieuse !
Le monde moderne n’a – hélas ! – pas fait le choix de la retenue. A entendre les beaux merles du néolibéralisme, nous serons tous Ubérisé, voilà l’avenir. Les faits remettent radicalement en cause un présent supérieur au passé et inférieur à l’avenir, enfin ceux qui nous font croire que travailler pour eux demain, sera profitable pour tous.
Tous ubérisés est un euphémisme. Ne seront ubérisés que ceux qui n’ont pas les moyens d’éviter ce piège. La plupart des gens n’acceptent pas cette condition. Ils y sont contraints, par les discours recruteurs libéraux et surtout par l’obligation de faire au moins un repas par jour.
Le débat s’est placé au niveau mondial par la nécessité d’être au courant de tout à cause du libre-échange.
La monétarisation des échanges s’est étendue aux valeurs non mercantiles, telles que l’art, l’éducation, les relations inter-individuelles. Les riches n’acquièrent pas leur savoir par le travail et les efforts par persévérance, mais par la facilité de l’argent.

1atourn1.jpg

La mercantilisation des valeurs intellectuelles aboutit à des régressions, à un dépérissement de la civilisation. D’où sourdait le meilleur du génie, s’exfiltre désormais la civilisation européenne.
L’égoïsme économique étendu à l’ensemble des activités sociales menace l’existence même d’un équilibre entre ceux qui font et ceux qui ordonnent. On meurt pour des valeurs sociales et non pour des valeurs boursières.
L’économiste François Perroux écrivait dans la collection « Que sais-je » : « Toute activité capitaliste fonctionne régulièrement grâce à des secteurs sociaux qui ne sont ni imprégnés, ni animés de l’esprit de gain… Lorsque le haut fonctionnaire, le soldat, le magistrat, le prêtre, l’artiste, le savant sont dominés par cet esprit, la société croule et toute forme d’économie est menacée. Les biens les plus précieux et les plus nobles de la vie des hommes, l’honneur, la joie, l’affection, le respect d’autrui ne doivent venir sur aucun marché ».
De ce qui précède faisons notre deuil. Tout est devenu spéculation, marchandage par « coup » financier, enveloppe sous la table, vente truquée. Le personnel politique de pouvoir y a sombré corps et bien. Ils s’y sont votés des salaires inimaginables, des prébendes à faire rougir l’honnête homme !
Le monde moderne avilit. Il avilit la cité ; il avilit l’homme. Il avilit la Nation. Il avilit la mort.
Le libre échange réduit la chose vendue à sa valeur nominale au détriment de sa valeur substantielle.
Hé oui ! les fils de bourgeois obtiennent plus de diplômes que les fils de ce monde du peuple qui a faim. Peut-on dire par là qu’une classe est inférieure à une autre par l’intelligence, sans ajouter que l’argent à foison de l’une a manqué à l’autre pour équilibrer les chances.
Et qu’en définitive l’intelligence forgée dans la souffrance avec ou sans diplôme est toujours plus subtile, plus ouverte, plus humaniste que l’autre, parce qu’elle est plus rare par définition et donc plus sélective.
Rien de plus méprisable que ceux qui partant de rien, oublient aussitôt d’où ils sont venus ou jouant sur les conditions de départ s’enorgueillissent d’avoir rompu avec la misère parce qu’ils avaient la foi dans l’égalité du système !...
Et la meute des parvenus, aboyant de conserve, fait croire à l’exemplarité du cas à leur clientèle rassotée de libéralisme du futur et future esclave de la combine d’UBER et confrères.

Poster un commentaire