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LA LUTTE DES PLACES.

Au PS, ça ne date pas d’hier, la lutte des classes est devenue la lutte des places.
Un petit retour en arrière s’impose.
Dès le début du flirt socialiste avec les libéraux, un certain malentendu avait toujours assombri les relations entre le PS et le PRL.
Jean Gol, président du PRL en 1992, resté proche d’André Cools, avait comme interlocuteur au PS, le président Spitaels. Il n’était question que de collaboration entre les deux partis, tout en tenant compte de l’importance du PS qui dominait largement les libéraux au nombre de voix. Comme en politique belge, l’alliance se fait toujours contre quelqu’un, en l’occurrence il s’agissait de couper les ailes au PSC, de le dépecer (déjà) et s’en repaître.
Le malentendu s’était focalisé autour de la lutte des classes, définie dans la Charte de Quaregnon fondatrice du PS. Il aura suffi à Jean Gol de citer quelques passages de la Charte de Quaregnon, dont celui-ci « … la réalisation de cette politique était incompatible avec le maintien du régime capitaliste qui divise la société en deux classes nécessairement antagonistes : l'une, qui peut jouir de la propriété, sans travail, l'autre, obligée d'abandonner une part de son produit à la classe possédante. » pour mettre Spitaels mal à l’aise, conscient de la pertinence de la remarque de Gol par rapport à la volonté du PS de séduire des travailleurs en pleine mutation sociale, analysait-il, en passe de faire partie bientôt de la middle-class à l’américaine ! On pouvait hésiter légitimement à confier une partie du pouvoir de la société libérale à ceux qui préconisaient sa destruction. Gol prêchait un convaincu, tant en cette fin de siècle, il devenait évident que le système économique d’Adam Smith prévaudrait dorénavant dans le monde, depuis la chute de l’URSS en 1991.
Le néolibéralisme était alors une petite merveille de nouveautés qui allait porter ses fruits dans la décennie suivante et ouvrir une ère de prospérité sans égale. C’est du moins ce que croyaient largement les ténors du PS à l’époque et qu’approuvait leur président.
Il aurait suffi un peu de curiosité intellectuelle des dirigeants socialistes de l’époque pour deviner la suite beaucoup moins réjouissante du capitalisme, notamment en lisant des économistes en marge, des philosophes et des sociologues du temps, dont le regretté Pierre Bourdieu, pour tempérer leur enthousiasme sur l’avenir de l’économie libérale.
Non, il n’y eut pas de suite aux Trente Glorieuses, mais des appauvrissement successifs, des dispersions aux quatre vents des industries pour des pays à bas salaires, accompagnés de la sottise de croire en l’avenir d’une société de services !
Et quand bien même auraient-ils eu une étincelle d’intelligence, ces responsables du PS étaient déjà, par leur mode de vie, dans une « dolce vita » de la classe « supérieure » !
La convocation d’un Congrès épurant les statuts du PS du paragraphe « honteux » n’eut pas lieu. Avait-il été déjà envisagé dans des réunions discrètes des présidents locaux du parti ? On ne le saura jamais. Car après 1991 éclatait l’affaire Agusta, le 6 janvier 1994, qui emporta Spitaels et d’autres affairistes dans les oubliettes de l’Histoire, mit Guy Coeme sur la touche en frôlant l’incarcération et fit trembler Busquin, qui succédait Spitaels à la présidence du parti, dans la confusion de l’urgence.
On connaît la suite. Elio Di Rupo devint président en octobre 1999.
Il aura fallu attendre le 26 novembre 2017 au Congrès de Liège Pour que Di Rupo concrétise le souhait des caciques du parti, depuis toujours demandeurs, en touchant au texte de la Charte de

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Quaregnon, ni vu, ni connu… enfin le croyait-il.
Celle-ci n’avait jamais été amendée depuis son adoption en 1894. La Charte s’était imposée, dans la durée, comme un sésame précieux pour des jours heureux en rappelant les fondements du socialisme belge et son attachement à la lutte des classes.
Un débat initié par Di Rupo par sa volonté d’en gommer le côté « marxiste » au Congrès de Liège, sans l’oser pouvoir dire ouvertement, tout en demi-teinte par son côté « furbo ». Son initiative, sous prétexte de dépoussiérer cette vieillerie par les suggestions des militants, fut très largement contestée, notamment par la base, justement parce que ne faisant plus aucune référence à la lutte des classes.
Spitaels peut reposer en paix, Di Rupo a accompli son rêve. Le PS s’est renié en 2017 définitivement.
Cinq ans plus tard, en 2022, cette erreur pourrait se payer comptant dès cet hiver qu’on annonce difficile, chez les libéraux eux-mêmes.
Comme le PS est rivé au système économique libéral, il ne faudra pas compter sur lui pour contester les moyens dérisoires que le gouvernement d’Alexander De Croo met au point, pour que les gens ne souffrent pas trop de la cherté des huiles et du gaz.
Le voilà condamné à suivre tous les autres partis dits de gouvernement à se féliciter des mesures prises par Ursula von der Leyen au nom de l’Europe pour maîtriser les prix. Son chemin de Canossa ne sera pas terminé pour autant, il lui faudra encore applaudir aux directives de Jo Biden et n’avoir d’autres solutions à apporter au problème Ukrainien que celles proposées par l’Amérique et l’Europe libérale étrangement unies par l’OTAN et les ramifications maffieuses du commerce international des armes. Je ne sais pas si les militants de base qui restent au PS seront heureux des dirigeants d’un parti tout dévoué à la cause capitaliste.

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