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Les champs désespérés sont les champs les plus abreuvés !

La construction des bassines, ces retenues d’eau à compenser la sécheresse les jours de canicule pour l’agriculture, soulève en France des problèmes qui concernent tous les Européens, car elle est à la fois écologique et politique.
Écologique, car ces eaux de pluie que l’on va y recueillir ne pénétreront plus dans le sol afin d’humidifier les racines de tout ce qui pousse aux alentours, comme ce sera autant de perdu pour les nappes phréatiques déjà au plus bas en France comme en Belgique. Une partie de l’eau retenue s’évaporera sous l’effet des fortes chaleurs, d’autant plus mécaniquement que l’étiage de ces bassines ne sera que d’un mètre ou deux. L’eau de pluie sera perdue pour les sols et l’agriculture.
Pourquoi n’essaie-t-on pas de capter une partie de l’eau douce des fleuves et des rivières à leur embouchure ? Cette eau se perdra dans l’océan qui se passerait très bien d’une partie de ce qu’il recueille naturellement par ruissellement, ce qui ne l’empêchera pas dans les années à venir de monter dit-on au moins d’un demi-mètre. C’est possible là où il n’y a pas d’estuaire et de méandre, sans avoir d’effet sur le littoral.
Politique, parce que les images des manifestants se défendant de la police sont des éléments de propagande d’une droite classique stigmatisant les violences contre la loi (ici l’interdiction de manifester prise par la préfecture) et les forces de l’ordre chargée de la faire respecter.
Les écolos et les groupes de gauche seront flingués par la presse bien-pensante, ce qui permettra à celle-ci de glisser sur les bonnes raisons de ne pas construire ces bassines. Cette « chienlit » des champs sera baptisée « populiste », tandis qu’on ne taxera pas d’ « élitisme » les classes supérieures refusant d’appliquer les décisions du peuple.
Ces bassines, qui y auront accès ? Assez curieusement leur emplacement a été déterminé en fonction de la proximité de grandes entreprises agricoles. Y aura-t-il des quotas de prélèvement ? Auront-ils des tuyauteries privées pour abreuver leurs champs ? On voit mal le petit agriculteur faisant dix kilomètre en tracteur remplir une citerne de 1000 litres, servant habituellement à abreuver ses vaches, d’autant que cette eau stagnante, propice aux germes, est impropre à tout autre usage que l’arrosage des sols.

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Il est clair que le pouvoir en autorisant ces constructions est du côté de la grande industrie agro-alimentaire, celle qui spécule sur la montée et la descente des prix des céréales ou de l’huile de tournesol, et, ce faisant, ne plante pas en fonction des besoins en blé ou en huile des consommateurs, mais sur les valeurs de la Bourse qui seront celles, dans six mois, du blé, de l’orge, voire des maïs pour le fourrage des ruminants.
Ce faisant, le pouvoir par les solides appuis qu’il a dans les milieux de la bienpensance cherche à influencer la population qui résiste aux chants de ses sirènes.
Faire du bruit autour des violences des gens contre la construction des bassines, dispense le pouvoir de justifier son discours sur « les nécessaires réformes » à faire pour limiter la hausse des températures. En réalité, toute sa politique consiste à spéculer jusqu’où il peut aller dans les mesures restrictives pesant sur la vie quotidienne des gens, afin de satisfaire aux accords entre européens des normes de rejet des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Un excès de zèle de leur part pourrait ressusciter le soulèvement populaire que fut les Gilets Jaunes. Entre parenthèse, quoique d’origine populaire et essentiellement démocratique, ce mouvement fut traité aussi durement qu’un cortège de Black-Blok, auxquels on l’assimila sur la fin.
En ce mois de novembre, cette société vit sur un baril de poudre, tant les sujets de mécontentement sont variés et nombreux. Le mouvement anti-bassine n’en est qu’une infime partie. Il permet seulement de prendre le pouls du pouvoir pour le saut dans les mois d’hiver que tout le monde redoute.
Et pas que sur la cherté d’une brutale inflation, la bassesse des salaires, des pensions, des revenus de remplacement, mais sur la fin de la bagnole à essence qui complique par la cherté des voitures électriques et des bornes inexistantes, les difficultés du travailleur logé de plus en plus loin de son lieu de travail, tandis que le matériel roulant militaire poursuit sa consommation effrénée en mazout et essence, comme si un char d’assaut polluait moins qu’une 2cv !
Ce qui fait peur au pouvoir, c’est la lucidité des gens devant l’inanité des discours exaltant la démocratie ; alors que devant eux finit d’agoniser une démocratie au suffrage universel qui ne fonctionne plus.

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