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Wallon todi !

La grogne causée par l’inflation, l’insuffisance notoire du gouvernement d’Alexander De Croo incapable d’apporter des solutions nationales à la crise sévère de l’économie, la guerre en Ukraine qui ravive les sentiments nationalistes, tout enfin rejoint la conviction de Jules Gheude dans un article du Monde diplomatique, selon laquelle la N-VA et le Vlaams Belang seraient majoritaires à elles seules en Flandre au scrutin de 2024 !
Si la N-VA a moins de voix que le Vlaams Belang, elle se trouvera assise entre deux chaises. Poursuivre la tendance « je renonce au séparatisme en échange d’une plus grande participation dans la machine fédérale » ou faire corps avec le Vlaams, pour sceller la fin de la Belgique, deux possibilités s’offrent à elle.
Le nationalisme flamand, à la suite d’élections qui verraient le triomphe du Vlaams serait dans une forme ascendante. Il ne pardonnerait pas à la N-VA de renouer avec son expérience du gouvernement Charles Michel et de tourner le dos au séparatisme. Bart De Wever n’aurait pas d’autre alternative que de s’allier avec le Vlaams sous peine de quasi disparaître en 2029.
Il se pourrait donc que 2024 soit la dernière consultation de la Fédération de Belgique.
Il serait temps que la partie romane de ce pays se réveille et se rappelle ce qu’elle est.
Les monarchistes ralliés au fédéralisme pour sauver les meubles ont rendu jusque-là, un très mauvais service à la Wallonie en refusant toute réflexion sur la probabilité du séparatisme par une volonté unilatérale flamande. Parmi les personnalités à montrer du doigt dans cette obstination suicidaire, citons l’actuel premier ministre régional wallon, Elio Di Rupo.
Un peu d’Histoire. À l’abbé Chavée, aux écrivains Grandgagnage et Mockel reviennent la création du mot Wallonie qui désigne la partie romane de la Belgique.
L’historien Félix rousseau définit très bien la position géographique délicate de la Wallonie et en même temps met le doigt sur l’actualité politique :
« Depuis des siècles, la terre des Wallons est une terre romane et n'a cessé de l'être. Voilà le fait capital de l'histoire des Wallons qui explique leur façon de penser, de sentir, de croire. D'autre part, dans l'ensemble du monde roman, la terre des Wallons, coincée entre des territoires germaniques, occupe une position spéciale, une position d'avant-garde. En effet, une frontière de près de trois cents kilomètres sépare ces extremi Latini des Flamands au Nord, des Allemands à l'Est. »

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C’est au Flamand Gilson de remettre le feu au « bazar » conçu après Waterloo dans cette pétaudière de territoire à trois France, Pays-Bas, Allemagne, en fixant en Belgique la frontière linguistique, plus d’un siècle et demi après le show de Talleyrand ! Le transfert des Fourons à la province du Limbourg, en échange du retour de Mouscron à la Wallonie, est antérieur. C’est à partir de la trahison de quelques socialistes et libéraux francophones qu’avait été possible le troc, toujours nié par les socialistes.
Gilson chambarde le principe de citoyenneté, puisque l'individu ne décide pas de son appartenance à une communauté, mais c'est le domicile qui détermine la nationalité.
Cette hérésie du Droit échappa apparemment au « club » des députés et sénateurs de l’époque. Cette imposition d'identité est du pur autoritarisme. C’est à partir de ce manquement aux droits des gens que se sent le poids d’une majorité flamande dans toutes les décisions que prendront dorénavant les gouvernements fédéraux, plaçant la Wallonie dans une situation désavantageuse par rapport à la Flandre.
Assez paradoxalement, alors qu’elle en est victime aujourd’hui, la Wallonie a été la première à réclamer le fédéralisme, avec la Lettre au Roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre de Jules Destrée. La Première Guerre mondiale remet les compteurs à zéro.
La Seconde Guerre mondiale va diviser encore plus profondément le Nord et le Sud. Lors de l'attaque allemande en mai 1940, certains régiments flamands font défection. Les soldats flamands faits prisonniers le 28 mai 1940 sont libérés, les soldats wallons maintenus en captivité. L'attitude du roi enclenche la grave « Question royale ». Une Consultation populaire (sur le retour de Léopold III au pouvoir) durcit les oppositions. Au cours des événements de 1950 et 1960, la classe ouvrière wallonne, inquiète de la régression économique de la Wallonie, soucieuse de démocratie, intervient plus massivement.
À partir de 1970, Flandre et Wallonie (Bruxelles également), se créent par de nouvelles lois une large autonomie. C’est l’âge d’or du fédéralisme.
Il prendra fin par la croyance généralement répandue en Flandre que le Nord du pays remorque le Sud de plus en plus en déficit. Cette opinion est aussi largement répandue en Wallonie, si bien que c’est à cor et à cri qu’une majorité en Wallonie revendique son cocooning en cherchant à garder le plus longtemps possible les bras protecteurs de la Flandre.
La survie du fédéralisme est en jeu. Que pourrait-on encore ajouter aux lois existantes pour qu’il survive à l’obsession du séparatisme par une forte poussée du nationalisme en Flandre ?
Ignorer les éventualités d’une désunion avec les Flamands est une faute grave des partis francophones. Prévoir, c’est anticiper de ce qui pourrait se passer dès 2024.
Dans les années 1960, le général de Gaulle déclarait au professeur Robert Liénard : « J’ai la conviction que seule leur prise en charge par un pays comme la France peut assurer l’avenir à vos trois à quatre millions de Wallons ».
Prémonition ou galéjade ?

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