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Les soirées de Marly !

Après le sérieux, le frivole.
Être (de Marly) était un honneur suprême. Rassurez-vous, vous n’en auriez pas été, ni au siècle de Louis XIV, ni au nôtre.
Y a-t-il rien de plus léger que le spectacle que nous offre les élites ?
Le théâtre heureux qu’ils nous montrent, est une suite de Ballets de Lully relookée façon moderne.
C’est le spectacle d’eux-mêmes, de leur réussite sur la façon dont ils conduisent le pays. Notre Louis XIV parti se répandre en somptuosité Rond-Point Schumann, le surintendant Fouquet, premier ministre, voyage beaucoup pour nous et pour son plaisir, sous le nom d’emprunt, bien sûr, d’Alexander De Croo. Il est flanqué d’une ancienne speakerine de la télévision, venue de peu et parvenue à la cour, par la grâce de Monsieur, frère du roi, Orléans-Bouchez, sa favorite.
Alexander-Fouquet ne risque pas de finir à Pignerol, victime d’une lettre de cachet ou d’une défaite électorale. Tout le monde peut remarquer qu’un ministre du royaume, même désavoué, même battu aux élections, même d’une grande médiocrité tout au long de son mandat, est toujours recasé sans passer par l’ONEM.
En attendant une retraite à moins de cinquante ans, Alexander-Fouquet serre les mains d’autres illustres partout dans le monde, en notre nom. À l’UE, il donne souvent des leçons et se place en premier ministre exemplaire. Malgré l’étalage de ses compétences et de son obéissance à l’Amérique, Ursula von des Leyen le pointe du doigt et colporte partout que la Belgique est le mauvais élève des 27. Qu’importe puisque tout se passe au-dessus de nos têtes et que nous ne nous sentons concernés que lorsqu’on serre la vis trop vivement, comme jadis la torture du tourniquet qui faisait craquer les os des manants de notre sorte.
La merveille des laides manières apprises sous l’Ancien Régime s’est cristallisée dans la roche de quelque chose qui a l’aspect d’une démocratie, mais qui n’en est pas une. Les auteurs de la pièce sont également ceux qui la commentent et apprécient leurs propres mots d’esprit dans leurs grands monologues. Les trois actes, la venue, l’action, le triomphe se passent dans les jardins à proximité des fontaines et des serres de Laeken. Vous n’y êtes pas les bienvenus.
Et pour cause, les spectateurs sont en même temps les figurants muets de la comédie.

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Qu’importe cette incompréhension du peuple qu’ils devinent et les chagrinent pour l’unique raison que cela pourrait mal tourner. Leur seul défaut : ils sont trop intelligents ! Mais ils ne désespèrent pas que l’euro glissé dans la fente du jukebox des amusements pour débiles légers, ne déjoue les difficultés passagères. Nous faire aimer leur gavotte primesautière, n’est qu’une affaire d’adaptation de leur haute intelligence à la médiocrité de la nôtre.
Après Laeken, les auteurs nous promènent dans le parc d’attractions où ils ont regroupé tous les symboles de leur réussite, les visiteurs amusés se croient sur une autre planète, une Belgique martienne, rigolote et satisfaite.
Ils sont émerveillés de la facilité que leur procure l’organisation mondiale de l’économie et des arrangements entre démocraties. Leur job pourrait être exécuté par un enfant ! Après tout, Louis XV fut roi à cinq ans !
Ils sont en intérim comme madame Wilmès le fut au départ du grand Charles. Ils n’ont rien d’autre à faire qu’ouvrir le courrier venu de Washington et répercuter la douleur sur la barbaque de leurs abattoirs ! Le succès est assuré.
« Mais comment peut-on » se récrient les salons libéraux : les temps changent ! Les gens n’ont plus la bosse de l’admiration pour ce qui est au-dessus d’eux. Ils n’ont plus le respect des décors, des costumes, des diplômes. On peut très bien parler l’anglais comme Shakespeare et être un beau con.
Le ridicule les a peut-être rattrapés sans qu’ils s’en doutent. L’odieux de leur position par rapport à celle du peuple en souffrance ne les touche pas encore, mais il y a progrès.
Le peuple en se durcissant pour échapper à ses souffrances est devenu réfractaire !
Il a fini par comprendre qu’il peut se moquer de qui le moque. Il sait que contenter les gens du dessus, s’était, quelque part, être mécontent de soi.
Il a bien vu que nos Maîtres sont en réalité des valets d’autres maîtres. La Belgique, au point où elle en est, peut faire l’économie de ses intermédiaires. La vie serait-elle si différente si nous étions directement un protectorat américain, un ixième État des rois du commerce et de la thune ? Au moins, sous tutelle, nous serions débarrassés d’une belle collection de prétentieux imbéciles.

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