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Marie-France Botte : non-lieu.

La chambre du conseil de Bruxelles a rendu mardi une ordonnance de non-lieu à l’encontre de Marie-France Botte, inculpée depuis 1996 de faux, usage de faux, détournement et abus de confiance.
On se souvient du lynchage médiatique de cette infirmière dont le parcours jusque là avait été admirable au Cambodge et au Vietnam dans le sauvetage d’enfants maltraités et prostitués.
C’est un des graves défauts des médias en Belgique d’accorder trop de crédits à certaines inculpations, quitte à rester presque muets sur d’autres.
Que dire à présent que le mal est fait, alors que Madame Marie-France Botte est déclarée innocente des accusations qui pesaient sur elle depuis huit ans?
Il existe en Belgique des personnages à gauche comme à droite qui s’en mettent plein les poches grâce à des mandats publics octroyant des traitements cumulés et prohibitifs et qu’au-dessus de ces pourvus légaux, il y a toute cette faune de gros industriels vivant sur la sueur des esclaves industriels que nous sommes devenus, se moquant des lois et transmettant de génération en génération une galette qui s’accroît et s’embellit à force de contourner les lois ou de les interpréter à leur profit.

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Comment faire pour rendre l’honneur perdu à cette femme injustement accusée ?
Ce qui ne va pas dans la justice belge, c’est qu’il n’est pas possible de faire une enquête sur l’enquête, comme il y a une police des polices. En principe, un magistrat ne se trompe jamais. La morale n’ayant rien à voir avec une décision de justice, comme chacun sait, le fait d’avoir saccagé une existence n’entre pas en ligne de compte.
Chaque ordonnance de non-lieu est comme un poinçon qui reste au cœur ; car, il existe des non-lieux qui masquent des culpabilités. Le défaut de preuves probantes n’exclut pas de conserver un doute sur « la faute » du relaxé, suivant le principe qu’il n’y a pas de fumée sans feu.
C’est cela qui est intolérable dans le non-lieu d’un innocent.
Et quand bien même, Marie-France Botte aurait été coupable d’avoir déjeuner d’un sachet de frites mayonnaise sur le compte de l’ASBL, est-elle pour cela à blâmer, quand il y a trop de gens qui ont en Belgique des commodités, frais de représentation, voiture avec chauffeur, badges officiels de toute nature, sans que cela heurte le moins du monde, tous les lèches culs de la presse télévisée et écrite ?
Ce qui manque à cette législation bourgeoise sous le joug de laquelle nous sommes, c’est une procédure discrète de mise en examen, surtout quand elle provient de dénonciateurs.
Il n’y a que les politiques et les industriels qui tirent gloire d’une condamnation de ce qui pour tout autre serait une atteinte à l’honneur. Le politicien convaincu de corruption et condamné ne descend aux enfers que momentanément. On ne saurait dire pourquoi, peut-être est-ce par esprit frondeur, l’électeur adore le margoulin qui est tombé. Ainsi on prend un malin plaisir à lui faire confiance et s’il n’a pas trouvé une combine plus lucrative, il pourra toujours se représenter au suffrage universel, il aura de fortes chances d’être à nouveau élu.

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Quant à l’industriel pris la main dans le sac, n’en parlons pas. La nuée d’avocats à son service va rendre la vie difficile à l’Instruction. Les millions qu’il aura mis sur le côté ne seront qu’à peine entamés s’il y a une amende, même forte, à la clé. Irait-il jusqu’à la prison, il disposera d’attentions particulières et d’une cellule de VIP. Sa réputation comme celle du politique sortira grandie.
Ce qui est grave dans le cas de Marie-France Botte, cette action malencontreuse de justice a privé des associations de secours à l’enfance des possibilités de poursuivre leur travail.
J’attends toujours que ceux qui parlent haut et fort au nom de l’enfance maltraitée, violée, meurtrie, qui se disent prêts à payer de leur personne pour que cela cesse, élèvent au moins une protestation.
J’attends que les médias qui se sont rués sur Madame Botte aient au moins la décence d’accompagner la froide décision du non-lieu de leur mea-culpa et regret.
J’attends que l’entartreur Godin qui n’avait pas raté sa cible reconnaisse l’indignité de son geste et présente des excuses.
J’attends enfin de l’opinion qu’elle se pose la question de savoir comment on va « rembourser » ces huit années perdues aux petits protégés de Marie-France Botte ?
Sans déconner, qu’est-ce que Child Focus et Lelièvre, le porte-parole des enfants, attendent pour poser la question aux médias ?

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