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Attendez les profiteroles.

-Irma, ma chère épouse, Léopold et Sandrine, mes enfants, Boulette, ma belle fille, grand’man Paula, nous sommes réunis ce soir…
-Arrête Dieudonné, tu ne vas pas faire le coup du discours. Vous savez quoi, les enfants, votre père est un monstre, depuis trente ans, je le suis à la trace. On ne peut pas entrer après lui dans les cabinets… Il troue les tapis avec ses mégots enflammés…
-Tu me laisses finir, Irma ? …pour enfin faire la paix entre nous et pour cela, une seule façon : faire des concessions !…
-T’en as fait des concessions ? C’est ta fille qui te le dit. Tu m’as empoisonné l’existence avec tes observations frappées du coin de ton bon sens, différent du nôtre… bon sens à sens unique. Tu vois la paille au cul des autres et toi, tu vois pas l’autobus qui te rentre dans le fion… Merde, je suis pas venue non plus pour des discours, je suis venue pour reprendre mes affaires et pour plus jamais remettre les pieds dans cette piaule.
-Tu permets Sandrine que je continue ? Tu n’écoutes pas ce qu’on te dit… Où j’en étais ? J’en étais aux concessions… Nous sommes tous coupables de la mésentente qui règne dans cette maison. Irma et moi, nous vous avons toujours aimés…
-Ma sœur est une garce, ma mère une conne et mon père un salaud, et on voudrait que Boulette et moi mangions vos immondes sauces grasses à la viande de porc avec en prime le discours d’un type qui m’a fait observer la semaine dernière que Boulette non seulement décausait tout le monde, mais qu’en plus elle bavait aussi sur moi, c’est même elle qui se vantait que je suis cocu, d’après Dieudonné ! L’a été voir à la sortie du bureau ?
-Vous allez me laisser finir, oui, ou merde ? C’est quand même fort qu’on peut pas dire un mot sans être interrompu. Personne n’écoute ce que je dis… Je ne sais pas où vous avez appris la politesse…
-C’est chez toi, hé…
-Tais-toi Léopold, si ton père t’avait pas poussé aux études, tu serais au chômedu…
-C’est vrais, man, par contre sur le temps qu’il poussait mon frère…
-Toi, la pétasse n’attaque pas Léopold…
-Comment elle m’appelle celle-là… Tu t’es pas regardée, la grosse…
-Je te défends d’appeler Boulette la grosse…
-C’est fini le cirque ? Ça va durer longtemps les règlements de compte ? Si vous voulez vous battre allez sur le trottoir… Voilà Irma qui pleure… Vous faites pleurer votre mère, petits cons…
-C’est qrand’man Paula la plus sage. Elle dit rien…
-J’ai plus rien à dire. Je suis plus d’ici. Laissez parler votre père.
-Enfin quelqu’un de raisonnable, je te remercie mère. Enfin, je peux parler… oui… non ? personne n’a plus rien à dire ?…
-Balance-la, ta nouvelle, qu’on se barre tout de suite après.
-Laisse-le parler…
- Merci. Donc, j’espérais qu’à cette occasion, on se réconcilierait tous et qu’on ferait la fête à ma mère, Paula, une dernière fois.
-Comment ça une dernière fois ?

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-Enfin, écoutez-moi. Grand’man Paula nous quitte.
-Comment elle nous quitte, où veux-tu qu’elle aille ?
-A l’hospice, mon fils Dieudonné veut me mettre à l’hospice !
-Mais c’est dégueulasse !
-Et toi, man tu laisses faire une chose pareille ?
-Mais c’est elle qui l’a demandé, nom de dieu !...
-T’as demandé d’y aller, grand’man ?
-Non, c’est votre mère Irma !...
-Bien, c’est-à-dire.
-Et toi, son fils, t’as été d’accord !
-Vous êtes encore plus dégueulasses que je pensais.
-Ta gueule Boulette, t’es pas de la famille justement.
-Nom, de dieu qu’est-ce que tu dis ? Je vais t’en retourner une.
-Touche-moi pour voir, je téléphone à N’Bonga qui se fera un plaisir de venir te casser la gueule.
-M’emmerde pas avec ton nègre !
-Raciste…
-Pétasse…
-Vous allez-vous taire… Vous n’écoutez pas ce que je suis en train de vous dire…
-On t’a trop bien entendu, au contraire…
-Mais quelle merde cette maison…
-C’est ça, c’est moi la charogne, mais demandez à Paula ce qu’elle m’en a fait voir depuis dix ans qu’elle est avec nous ? Même que j’ai dit à Dieudonné : c’est elle ou moi…
-Chiez, je peux plus bouffer leur sauce.
-Moi aussi, je vais gerber…
-Ta gueule, va gerber où tu veux, mais me parle pas. Viens Boulette on s’en va…
-Partez pas comme ça, attendez les profiteroles…

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