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Une paire aux valets

Un choix au Nobel n’est que l’arbitraire d’un jury.
Le jour où le Nobel de la Paix a été attribué à Kissinger et Arafat, c’était un symbole et le désir d’ouvrir une voie pour arriver à la paix. Les deux élus n’étaient pas des enfants de chœur.
Autre exemple, le Nobel de la littérature. C’est souvent un écrivain menacé par une dictature, mettant la littérature nobélisée au service des Droits de l’homme. Personnellement, je n’ai rien contre. C’est comme attribuer le prix Goncourt ou le Grand Prix de l’Arc de Triomphe.
Mais où le Nobel vaut une attraction foraine, c’est bien l’attribution du prix de l’économie. On croirait plutôt que les lauréats définiraient les règles d’une nouvelle économie, en tenant compte du chômage massif et du travail peu enrichissant de la réalité. Eh bien ! non… Le prix comme chaque année est destiné à un brontosaure dont l’œuf primé est inutile pour l’avenir et servira à peine à comprendre le présent…
C’est d’autant plus poilant que tous les journaux s’en masturbent les méninges, les universités s’en badigeonnent les amygdales et nos ineffables de l’éthique démocratique – enfin ceux qui ne sont pas en prison – s’en glorifient, comme s’ils étaient les inventeurs.
Cette année, le prix Nobel d’économie 2005 a été attribué lundi à Stockholm à l’Américain Thomas Schelling et à l’Israélo-américain Robert Aumann pour "avoir amélioré notre compréhension des conflits et de la coopération au moyen de la théorie des jeux".
Ce prix récompense une étude sur une économie qui n’existe plus que dans les livres d’histoire, avec des enjeux d’une civilisation dont nous avons tourné la page depuis 1980.
Voilà, vous savez tout. Inutile d’aller plus loin. En effet, c’est toujours fort hasardeux de vouloir à tout prix établir des règles et proposer des lois d’un « dégoûtant empirisme » comme disait Bernanos, d’un capitalisme mondialisé.
Heureusement, Schelling et Aumann sont passés par là.
"Leur travail a transformé les sciences sociales bien au-delà des frontières de l’économie" et leur recherche "continue de modeler le débat sur la formation des institutions sociales", a indiqué le jury Nobel. »
On est heureux de l’apprendre.
Cela n’aura aucune incidence sur le prix du mazout ou sur la consommation de l’arachide dans les cocktails mondains, mais au moins saura-t-on que les trois quarts de la population mondiale crève de faim, le pourquoi de la chose restant inconnu.
Reste à faire comprendre aux demeurés de naissance que nous sommes la « Théorie des jeux ».
Le temps d’apporter la choucroute garnie et le jambonneau :
"Dans une interaction humaine, un seul individu peut rarement déterminer ce qui va arriver, chacun peut d’une certaine façon influencer le résultat. Par exemple, si quelqu’un, dans une relation à deux parties, peut choisir entre deux actions possibles et que l’autre partie dispose de trois options, il y a un total de deux multiplié par trois soit six dénouements possibles.
Les deux parties ont généralement différentes évaluations de ces résultats et agissent sur la base de l’alternative qu’elles croient que l’autre va choisir. Une conséquence des recherches des deux économistes est que "le concept de rationalité a maintenant une interprétation plus large". "Le comportement qui était considéré comme irrationnel est devenu compréhensible et rationnel".
Nos deux gaillards viennent de ramasser le jackpot du Nobel pour nous avoir expliquer les règles du Poker, c’est fort tout même …

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Une quinte floche qui rapporte un million de couronnes, c’est mieux en Norvège qu’à Las Vegas…
Les malins, les esprits enflammés de la réussite financière, les tondeurs de gazon des villas périphériques du rêve américain qui veulent chipoter les règles du Poker de nos astucieux économistes vous diront qu’il existe cependant une théorie des jeux coopératifs où les joueurs peuvent passer des accords entre eux — former une coalition — et où le non-respect de ces accords est sanctionné. D’accord, ce n’est plus le poker, mais la belote bridgée.
Ce Nobel-là est prévu pour l’année prochaine.
N’importe quel batteur de cartes sur le zinc des troquets, sait ça aussi bien que Schelling et Aumann.
Dans le futur, un socialiste de Charleroi aura peut-être le Nobel pour avoir adapté les règles du Couillon à l’économie de gestion des patrimoines immobiliers …

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