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Fantasme.

-J’me suis tapé tout le train…
-t’as englouti un train, avec sa loco ?
-Oui, la loco, la première !
-In the baba ?
-Tu l’as dit bouffi…
-T’as des fantasmes ?
-Oui, da… mais qu’est-ce que tu veux dire au juste, auguste ?
-T’es au top, quoi…
-Oui, je suis au top. Mais de quoi ?
-De tes fantasmes !
-De mes rêves, tu veux dire ?
-Non, des fantasmes, c’est pas des rêves.
-C’est quoi ?
-C’est un autre qu’on a en nous et qu’on refoule. Il ne se rappelle à nous que dans un fantasme. C’est un fantasme parce qu’il reste inaccompli. C’est ton train avec la loco en tête…
-Ah ! bon. Je voulais seulement dire que tout un convoi a déboulé, machino en tête, pour avaler mes sandwiches aux crevettes, à la roulotte devant la gare… qu’au bout d’une heure, j’avais plus de stock…
-C’est pas un fantasme… Alors, t’en as ou pas des fantasmes ?
-Tu veux dire rêver des cochonneries qu’on ne fera pas ?
-Si tu veux.
-Pourquoi tu me demandes ça ?
-Pour savoir si ton double fait mieux l’amour que toi.
-Dis tout de suite que je ne te plais plus !
-Je veux dire, si t’as des fantasmes dont tu pourrais me faire part.
-Pourquoi ?
-Pour comprendre comment tu fonctionnes. Tu comprends, on s’aime, mais on aime quoi ? Quelle personne ? Qui es-tu ? Qu’est-ce qui te ferait plaisir… Comment elle prend, la mayonnaise…
-Qui je suis ? Mais, je suis Clémentine, celle que t’as draguée la semaine dernière à la poissonnerie au marché de Saint-Nicolas. Tu t’en souviens pas ?
-Bon. Allais. Quand tu rêves, tu rêves de quoi ?
-Hier, j’ai rêvé que je faisais une machine et que j’avais du noir qu’avait déteint sur le blanc. Si c’est ça que tu veux savoir. Dis donc, t’es pas un peu branque ?
-Non. Je veux dire, quand tu rêves du sexe…
-Je rêve pas du sexe. Puis, les rêves que tu dis, c’est personnel.
-Alors, tu rêves ou tu rêves pas du sexe ? Tu fais des fantasmes.
-Ah ! quand on rêve de la chose, c’est qu’on fait des fantasmes ?
-Pas nécessairement. C’est quand ton imagination projette ton être dans un interdit que de toute façon tu n’accomplirais quand transgressant des valeurs morales, donc qui resteront des interdits, puisque tu ne les transgresseras pas.
-T’as fini de m’embrouiller ? Donc, si je te dis un fantasme, tu me ficheras la paix ?
-Oui.
-Chaque fois qu’un client me plaît et qu’il me prend du poisson, je fais semblant de rien et je mets son poisson sur mon sexe, dans mon slip sous le comptoir, rien qu’une seconde. Sauf quand c’est des crevettes mayonnaises. Quoique une fois en été, mais j’avais pas de slip ce jour-là… Puis je le lui emballe. Et c’est recta, il me revient amoureux la semaine suivante.
-T’as rêvé de ça souvent ?
-Jamais, je te dis mon fantasme, je mets le poisson contre mon sexe…
-Ouais, t’as déjà dit.
-Voilà tu sais tout.
-T’as pas rêvé. Tu fais ça en réalité ?
-Bin oui !
-Avec moi ?
-Pareil…

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-Alors mon hareng saur ?
-Sur mon sexe.
-Mais nom de dieu, Clémentine, c’est pas un fantasme, ça…
-Ah ! Bon…
-T’as pas fait que penser mettre mon hareng saur sur ton sexe, tu l’as fait !
-Et comme ça, c’est pas un fantasme ?
-Non, alors.
-C’est quoi ?
-Mais, c’est proprement dégueulasse… c’est monstrueux… Voilà pourquoi mon hareng saur sentait autre chose que la marée et que toi par contre… C’est une cochonnerie…
-Dis tout de suite que je me néglige !... Les fantasmes, c’est bien des cochonneries, non ?
-Ça m’apprendra de vouloir connaître tes fantasmes…
-Tu veux que je t’en dise un autre ?
-T’en as beaucoup des comme ça ?
-Maintenant que tu m’as dis ce que c’était…
-Tu ne vas pas me dire qu’on t’a foutu à la porte il y a trois semaine des spécialités italiennes parce que tu te mettais les blocs de Pecorino et que tu tartinais le Gorgonzola sur ton gniard ?…

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