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Mais quelle horreur !

S’il y a quelque chose de pitoyable en Belgique, c’est bien le décalage entre les patrons hargneux, suspicieux et exigeants et la phraséologie sur le travail, sa grandeur, son caractère sacré par ceux que Reich appelle les « manipulateurs de symbole ».
La mutation de la faune patronale, qui est passée de maître de forge aux technologies de pointe, a produit un monstre froid qui ne communique pas ou fort peu, sans commune mesure avec le patron à l’ancienne qui soufflait la chandelle, quand les ouvriers quittaient la fabrique. (Ce qui ne veut pas dire que le premier était meilleur.)
GrandGousier 2005, qu’en aurait-il à faire des employés coûteux, des règles et des lois sur le travail, d’une Sécurité sociale, des syndicats et des délégations, au regard des machines au cœur de cartes à puces ? Sans émotion, sans plainte et sans désir, ces machines ouvrent à un autre âge dont le Maître tient le destin en mains !
Il n’a besoin que de vigiles montant la garde sur ses trésors et quelques esclaves informels vaquant à ranger les déjections rejetées de ses vrais auxiliaires tout en chrome et vitres dépolies.
Le nouveau monde de l’industrie ne nous tend pas les bras. Il n’a pas besoin de nous. Ses espaces sont sans aspérités, nous ne pouvons ceindre son poli de miroir. Nous n’appréhendons plus ses vomissures que par ses interstices.
Les ombres qui s’y activent ne nous voient pas. Ils ne partagent plus rien avec nous. Ce sont les dernières abeilles ouvrières qui ne savent même plus que la reine à qui elles prodiguent des soins, les dévorera au fur et à mesure de ses appétits.
Aucun projet, aucune pensée ne nous est proche. La langue qui s’y parle n’est même plus l’anglais de Shakespeare, c’est un mélange de sigles et de conventions au milieu d’une succession d’une logique binaire exprimée en zéros.
Ces « patrons » d’un autre monde ne sont ni indifférents, ni hostiles. Ils fuient naturellement ce qu’ils détruisent et on ne les voit pratiquement jamais. A peine se souviennent-ils de nous comme le paléographe de ses ancêtres. Ils nous ont laissé dans le monde des « emplois » avec nos Marie Aréna et nos Verhofstadt attachés à nous convaincre, alors qu’eux-mêmes ne sont plus convaincus.
Passent-ils près de nous ? Ils sont condescendants avec l’amusement d’un enfant devant guignol. Bien vite, ils retournent jouer à des jeux que GrandGousier concède à ceux qui croient en lui. Pour lui, ils gouvernent l’économie mondiale, en son nom et pour toujours convaincu de sa divine puissance. Ils finissent par ignorer, enfermés dans leurs réseaux protecteurs, que le monde dans lequel les autres humains pataugent est réel et dangereux. Sans état d’âme, ils patronnent ainsi l’économie mondiale réduite à leur seul modèle par-dessus les continents et les frontières. Les pays ne sont plus que les pièces d’un puzzle qu’ils remonteraient les yeux fermés.

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C’est dans ce monde-là que l’humanité vit, soi-disant seul maître à bord dans le vieux rafiot d’une démocratie qui s’accommode de ses rats prédateurs dans la rouille des derniers voyages.
Cependant l’évidence des faits, la luminosité de la situation n’a hélas pas de phare qui nous ferait prendre conscience. Au contraire, nous nous imaginons « à caser » dans un marché du travail momentanément en décrue ! Nous pensons à la vie future comme les bébés phoques inconscients que de sinistres chasseurs canadiens vont tuer à coups de gros bâtons, et qui, la minute avant que leurs cervelles n’éclaboussent le bas de pantalon de ces salauds, rêvent au bonheur d’être en vie.
Ce serait vraiment à mourir de rire qu’après la mise à la rue des centaines de milliers de famille sans travail nous espérions encore du système. Alors qu’entre les mots, on nous dit depuis longtemps de nous tenir à notre place, et que notre avenir est clairement défini, puisqu’il n’y en a aucun. Et dans ce paradoxe, nous allons comme la patrouille des castors en chantant les couplets d’avenir que nos chefs de meutes chantent avec nous, tout en nous entraînant vers les précipices d’où ils nous regarderont tomber, pour aussitôt recommencer le même jeu avec la génération suivante.
Les hommes potentiellement capables de fournir un travail ne servent plus à rien et la démographie est galopante ! 3, 4… milliards de sans travail bientôt en 2010 !
C’est ainsi que sans raison vraiment de vivre dans la logique régnante, les holocaustes passés ne seront rien devant les holocaustes qui se préparent. Des millions d’hommes moururent jadis de la faute d’un seul dans d’abominables tortures. Mais, on pouvait mettre des visages sur la folie National-socialiste. Demain ce sera un concept, une abstraction, une logique sans aucun fou à désigner qui sera notre tombeau. Et ce sera pire.
A la perversion d’un homme aura succédé la perversion des hommes !

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