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Campus au TROULOUETTE

- Les gens réfléchissent pas.
- Je l’ai toujours dit.
- Tu demanderais où ils vont, avec des airs de gens pressés… I’ savent pas.
- I’ conduisent pour conduire…
-…comme ils boivent pour boire.
- I’ s’renferment chez eux après le boulot. Se mettent à la télé…
- C’est à se demander comment i’ font pour rencontrer une créature…
- Faut bien qu’i’ sortent pour. Sans les autres, on serait rien. Mais i’ vont pas loin pour être quelque chose…
- L’idéal, c’est la voisine de palier.
- On sait que les accidents les plus fréquents se passent à moins d’un kilomètre de chez eux.
- Bon. Et alors ?
- Pourquoi, i’ déménagent pas à plus d’un kilomètre, les gens ?
- C’est des blagues tout ça, puisqu’ils auront un nouveau domicile ailleurs, donc il leur arrivera des tuiles à moins d’un kilomètre de leur nouveau domicile ! C’est con, ce que tu dis…
- Pas s’ils déménagent sans changer d’adresse !
- C’est vrai, j’avais pas pensé…
- Moi, j’ai déménagé. Une maison neuve. Toute équipée. Comme nous on est de la campagne tu penses du changement !
- Te voilà comme tout le monde, au progrès pour le progrès…
- C’est quoi « comme tout le monde » ? Avant on sentait le gaz ?
- Fini d’aller à la feuillée ou à la cabane au fond du jardin, comme Cabrel, je veux dire…
- Le changement de la vie à l’air à la vie sans air est pas facile.
- Oui. On a l’air de quoi ?
- L’autre jour, je mets du linge dans la machine à laver. Je tire la chasse. Je n’ai plus vu le linge depuis !
- Tu t’es remis à la planche à lessiver dans la cour ?
- I’ a pas de cour ! On a voulu mettre le baquet sur le trottoir. C’est le voisin qui a dit que ça se faisait pas en ville.
- Et pour les chiottes, ça doit te changer ?
- Tu ne le croiras pas. Il faut monter sur un escabeau. Le vase est horizontal. On se contorsionne à se dévisser le chose... C’est tellement moderne qu’il faut programmer ton passage. Si c’est pour ta petite, tu mets sans prélavage et pour tes gros besoins, je te dis pas, sur 60 et un trempage, qu’il faut. En plus, ça dure une heure pour évacuer. Si t’as un autre qu’attend, faut pas qu’il soit pressé !
- T’as le temps pour de la lecture !
- Depuis qu’i’s font La Meuse en tabloïd, a fallu réduire les papiers-cul. Même pour les titres on a du mal. Faut tourner les pages tout le temps… Note, qu’en petits carrés t’as l’essentiel. T’en sors un du clou de temps en temps.
- T’as la télé ?
- Ouais. Pour changer de chaîne on demande au voisin. Quand il n’est pas là, on regarde le bocal du poisson rouge. Veux-tu que je te dise, c’est plus vivant que Drucker.
- T’as un garage pour la bagnole ?
- Oui. Mais je peux pas y entrer.
- Pourquoi ?
- A cause de la bétaillère qu’est toujours pas vendue. Faut dire qu’elle a vingt-cinq ans.
- Tu sais pas en mettre deux ?
- Ouais. L’autre jour, je mets ma voiture à côté de la bétaillère. Je peux plus sortir ! J’appelle ma femme. Elle peut pas entrer non plus. C’est un dépanneur qui m’a sorti en marche arrière.
- C’est embêtant, les voitures. Je reclape la portière avec les clés, ma femme et les gosses à l’intérieur. J’ai dû chercher le jeu de clés de réserve dans la maison !
- Elle pouvait pas te donner les clés puisqu’elle était à l’intérieur ?
- Impossible, elle sait pas conduire !
- Mais de l’intérieur, on peut ouvrir sans clé !
- Tiens, c’est vrai. Elle est con, celle-là, pour pas y avoir pensé !

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