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Une belle histoire d’amour

On peut dire que t’emballes vite, chouquet… On se connaît depuis que tu nous as passé la carte des vins, et nous voilà dans les cuisines où il n’y a plus personne…
- C’est-y pas toi qu’as fait des avances, bijou ?
- Faut pas le dire à une femme, ça, tu pourrais la vexer… Tu veux pas cracher ton chewing-gum avant de mettre la langue ?
- Pendant que je passais les plats, t’avais les yeux à hauteur de braguette… Note, c’est pareil avec toutes les clientes. Mon copain, le serveur de l’autre rang, qui en a une de 5cm met une serviette…
- C’était pour voir si je te faisais de l’effet.
- T’es quand même une chaude, toutes tes vannes devant tes enfants…
- Mes enfants, i’ sont majeurs. Puis, ils se sont barrés avant la fin.
- Qu’est-ce que tu me fais ?
- Attends, bouge ta main. Je vais prévenir les autres que je rentre pas avec eux…
(Elle ouvre le va-et-vient des cuisines et devant les derniers clients médusés, elle interpelle son amie)
- Monika, je rentre pas tout de suite. Firmin va me montrer les cuisines…
- Comment tu sais que je m’appelle Firmin ?
- Et ton badge, à quoi qui sert ?
- C’est le nom du resto : Au Couscous ben Firmin…
- C’est un Arab’
- Par sa mère. Lui est né derrière Cockerill…
- Comment tu t’appelles alors ?
- Kid Peebles, enfin c’est mon nom de scène. Je suis batteur au « King Plouc » une formation Trash Metal avec d’anciens militaires, quand je faisais mon temps.
- T’as fais ton temps, où ? T’as pas un papier cul pour enlever mon rouge à lèvres ?
- A Saive. On jouait à Bellaire, au café « Chez Mathilde ». Et toi ?
- Moi, j’ai pas fait mon service militaire. J’en ai connu un, même deux qu’étaient dans les tanks. Qu’est-ce qu tu fais ? Laisse-moi un peu jouer avec.
- Si tu veux. C’est quoi ton travail ? J’ai pas de capote...
- Je monte à cru, comme Zingaro…
- T’as pas peur d’être cuite ?
- Je sais à qui je peux faire confiance. J’suis une scientifik.
- Une scientifique ?
- Je vends des herbes médicinales, des cures d’amaigrissement, des pilules de bonheur… tout quoi. Attends, je vais le bouger moi-même. C’est deux agrafes dans le dos. C’est pas du rembourré mon Cœur Croisé… On me les admire partout. C’est ce que j’ai de plus beau ! Je les soigne. Tu peux y aller, sauf les bouts. Touche pas les bouts, j’ai pas ma pommade.
- C’est vrai ce qu’on dit pour le gingembre ?
- Attention, j’ai le manche d’une casserole dans le cul. C’est ça déplace. Le mari de ma patronne en a pris et cela ne lui a rien fait.
- Tu viens souvent chez Firmin ?
- Non. C’est le mari de ma copine, qu’a dit qu’on mangeait bon.
- Pour ça… Tu le sens bien, là ? J’te fais pas mal ?
- Non, t’es qu’au bord. Là, t’es bon… Vas-y doucement. On est pas pressé.
- T’as une de ces entrées !...
- C’est pas la cathédrale de Chartres, tout de même.
- Non, mais on risque pas de passer à côté !
- Ça frotte !
- Tu veux du beurre ? Ici, c’est du beurre de cuisine… c’est pas le même que l’autre, mais pour ce qu’on en a à faire…
- Ecoute, si on remue dans le sens opposé… on y arrivera pas…
- Alors tu disais le mari de ta copine ?
- Oui. N’a pas souvent d’idées. Pour une fois…
- Elle n’est pas mal. Mieux que lui…
- Si tu voyais ses seins, ils sont tout petits…
- Tu crois qu’elle baise comme toi ?
- On est copines. Elle me dit tout. Tu veux que je mette la main en dessous ?
- Oui, ça me va.
- C’que t’es poilu aux couilles !
- Alors Monika ?
- Quoi, Monika ? N’oublie pas avec qui tu baises. Oui, de temps en temps. Lui, sait plus faire grand chose… En ce moment, elle est avec un chauffeur qui fait l’étranger…
- Attends, qu’est-ce que tu fais ? T’accélères…
- Oui, je sens qu’ça vient…
- Moi aussi ! On est fait un pour l’autre…
- Ah… C’est bon. Oulala… le pied !
- Hon, hon, foutre de bonheur de chienne de pute…
- C’est de moi que tu causes ? Aaah ! Ce que c’est bon…
- Non, je dis toujours ça quand ça vient…
- Je trouve plus mon slip.
- Je l’ai mis dans ma poche. Et je le garde.
- Si tu veux. Tu les collectionnes ?
- J’en ai quelques-uns. Le soir je les respire quand je suis seul. Mais c’est pas tout, comment qu’tu t’appelles ?
- Didi.
- C’est pas un nom, ça.
- C’est Denise, en réalité.
- Alors comment tu le trouves ?
- Pas mal. Mais je te le remets dans le caleçon, pour une prochaine fois.
- On pourrait se revoir chez toi.
- Non, je suis avec quelqu’un.
- C’est comme moi.
- Tiens voilà mon téléphone.
- Passe-moi l’essuie tout. Ça me coule entre les jambes, maintenant que je suis debout. Voilà le mien.
- On sort par derrière ?
- Faudra le faire la prochaine fois.
- Je te parle pas des positions. Je te demande si tu veux qu’on sorte par le fond des cuisines ?
(Ils sortent)
- Merde, i’ sont pas encore partis. Monica dégueule derrière la voiture !
- C’est pas une réclame pour le Couscous Firmin, ça.
- Elle va pas nous faire un ulcère ? On fait comme on a dit.
- Comme on a dit.
(Il s’éloigne)
- Monika t’es toujours-là ?
- Elle a une queue d’homard qui passe pas.
- Pourtant elle a l’habitude.
-Des homards ?
- Non. Des queues !

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