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Le mépris des autres.

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On fait toujours l’expertise de l’entre deux guerres, sur ce qui a motivé la montée du racisme, non seulement en Allemagne nazie, mais encore en France et en Belgique, comment les milieux ultra catholiques belges sont tombés dans le panneau de la croisade contre le communisme et envoyé des jeunes gens combattre aux côtés de l’armée allemande et des rexistes, sur le front de l’Est.
Quant on fera le bilan de 1945 à l’an 2000 sur la même question, dans 15 ou 20 ans, est-on sûr qu’il sera meilleur ?
Il y a des éléments nouveaux à prendre en compte.
1. L’espace Schengen a reculé nos frontières aux limites de l’Europe ou presque ;
2. Des lois ont tempéré l’ardeur xénophobe en faisant un délit de ce genre d’agressivité ;
3. Le racisme d’Etat s’exerce-t-il sur les non européens, un peu comme les lois antijuives de 1936 en Allemagne ?

Voilà ce que devront examiner nos successeurs dans les décennies à venir.
L’espace Schengen devait en principe rejeter sur les pays frontières de la Communauté la responsabilité de refuser l’accès aux étrangers non autorisés. L’Espagne pour les pays du Maghreb, la Grèce pour les turcophones et l’Allemagne, bientôt la Pologne, pour l’Est et les Balkans.
Comment l’ont-ils fait et avec quels moyens ?
Tout le monde sait que les frontières sont poreuses. Les transports aériens se sont tellement développés que l’on voit mal un réfugié d’Ouganda demander l’asile en débarquant d’un car qu’il aurait pris à Kampala.
Quand un étranger traverse le détroit de Gibraltar sur une planche à voile pour s’installer à Bruxelles, les autorités espagnoles ont intérêt à le laisser filer. Le problème est évacué vers la Belgique, via la France.
Les pays de la Communauté gardent toute leur souveraineté pour accueillir ou refuser la personne.
La Belgique règle seule le sort des étrangers hors Communauté sur son territoire, sans se référer aux autres qui ne font pas, ou mal, leur travail de filtrage.
A quoi servent les accords de Schengen ?
Prétextant les accords, la Belgique élabore une politique de ségrégation inavouée. Les Etats frontaliers gardant mal la Communauté, l’Etat en tire arguments pour se comporter en raciste de seconde main. Il triche sur sa véritable nature qui n’est pas d’être généreux comme il le prétend ; mais de décourager les impétrants en dévalorisant la personne humaine dans ses centres fermés et ses no man’s land d’aéroports, dans une sorte de jeu « au chat et à la souris » avec des populations fragiles.
On peut même se demander si cette inhumanité bien étalée dans les informations – qui nous fait tirer des larmes - n’est pas voulue afin de décourager de nouveaux candidats ?
Pendant ce temps, le législateur pour se donner bonne conscience, que fait-il ? Il élabore des lois qui défendent aux xénophobes de s’exprimer en public.
C’est toujours cela me direz-vous. Sauf qu’on ne sait plus aujourd’hui qui est qui. Les racistes bâillonnés n’en sont que plus nuisibles. Ne pouvant plus dire leur haine imbécile, soyez assurés qu’ils le feront d’une autre manière, ne serait-ce que par un vote d’extrême droite. Il ne reste plus qu’à interdire l’extrême droite, me direz-vous. Mais nous ne serions plus en démocratie. Et, on l’est déjà si peu !
Etant un homme libre – enfin dans la mesure où l’on me laisse user d’une certaine liberté – je revendique pour ceux qui ne partagent pas mon opinion le droit à la parole.
Je réprouve toute loi ordonnant aux citoyens de se taire, quelles qu’en soient les conséquences.

C’est un débat. Ayons-le.
Dans notre société soi-disant débarrassée du racisme que voit-on ? Une lente montée de tous les racismes, pas seulement à l’encontre des étrangers, mais encore des jeunes, des vieux (cliquer ici pour lire l’article de Gaston Lecoq dans Proxi-Liège, sur la Toile, à propos des compagnies d’assurances de ce jeudi 25 septembre) et demain ce sera le tour des petits, des gros, des laids, des infirmes, toute forme d’exclusion non dite, mais qui s’inscrit dans les faits du travail, de l’argent, de la société marchande et même, c’est un comble, de l’organisation associative.

Seul fait rassurant, les jeunes qui s’aiment et qui se foutent si la jeune fille est chinoise et le jeune homme malgache. C’est le spectacle de ces couples mélangés qui va du citoyen belge à l’émigrée birmane, du Sikh à une brune de Palermo, que je vois tous les jours sur les trottoirs de ma ville, qui me réjouissent le cœur et me font espérer quand même…
C’est peut-être ce mélange magnifique et inter culture qui finira pas diluer le vieux fond raciste de la plupart d’entre nous dans un pot bouille dissolvant qui est l’élément capital pour les vingt prochaines années. L’avenir est au sang mêlé !

Pour le reste, c’est plutôt misérable.
Il faut entendre les raisonnements des services d’immigration ou des offices des étrangers qui s’abritent derrière le respect des lois pour jubiler intérieurement quand une jeune fille désemparée, à bout de nerfs, glande depuis huit jours sur les banquettes de Zaventem, pour avoir la honte profonde d’être né Belge.
Mais, il y a bien plus important que ces attitudes primaires si bien inoculées par les bleus au pouvoir et si mal tempérées en magenta par les rouges. C’est la politique économique que nous pratiquons avec nos partenaires commerciaux qui est véritablement le sommet du racisme meurtrier.
Le « National Geographic » a fait une enquête sur les esclaves que nous entretenons délibérément dans la misère et qui vivent à notre porte, voire chez nous.
Ce magazine vénérable et digne de foi apporte preuve à l’appui notre complicité dans tous ces crimes sur des enfants exploités, réduits à l’esclavage.
Avant, d’instinct, je ne pouvais voir un seul de nos ministres sans suspecter sous l’apparente honnêteté, ses côtés honteux. Aujourd’hui, je suis convaincu qu’ils ont tous une lourde responsabilité de l’infamie dans laquelle nous baignons.
Voulez-vous un exemple parmi tant d’autres ?
« Panneer a dix ans. Il enroule des fils quatorze heures par jours sur des métiers à tisser à Kanchipuram en Inde. Ses doigts saignent. Son organisme est empoisonné par les teintures. Des milliers d’enfants travaillent dans l’industrie de la soie en Inde ».
« Vous pouvez fondre en larmes, avoir un haut-le-cœur, être sous le choc, incapable de vous arrêter de lire. Ou vous pouvez décider que trop, c’est trop, et passer à l’article suivant ».
« …avant que nous ne nous mettions à travailler sur ce sujet, dit le journaliste du National Geographic, j’ignorais qu’il y avait 27 millions d’esclaves dans le monde, tout autour de nous, en majorité invisible.»
Que cela nous dérange ou non, non seulement nous sommes co-responsables avec les Thénardier indiens de l’exploitation monstrueuse des enfants, mais encore nous sommes responsables au premier chef de tous les travailleurs clandestins de chez nous, que nous feignons de traquer et qui contribuent, sans en être les bénéficiaires, à la prospérité économique du monde occidental.
Je ne peux qu’avoir du mépris pour ces responsables, ces ministres de l’intérieur, de la justice, qui disent leur haine des étrangers sous le couvert de nos lois d’accès au territoire, en affirmant le contraire, mais en foulant des tapis qui ont été tissé par le petit Panneer et tous ses pareils, en enfilant des chemises fabriquées en Chine et en donnant le coup d’envoi d’un match de foot dans un ballon – malgré la propagande contraire qui en a été faite – qui a été coupé et assemblé par des fillettes de huit ans.
Alors, si cette misérable petite chose qu’est ce blog, peut servir à dévoiler la honteuse évolution de la société belge, je n’aurais pas perdu mon temps.

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