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Amis sportifs, bonsoir !

C’est par ces mots qu’un chroniqueur sportif commençait ses reportages.
Cela situe tout à fait l’homme d’aujourd’hui.

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Le mot « sport » donne l’impression du mouvement, de la jeunesse, de la compétition, même si vous êtes affalé dans un club devant votre télé à bouffer des chips tout en matant le cul de Vénus Williams s’apprêtant à recevoir.
Voilà bien la société d’aujourd’hui : activité et mouvement.
L’air de rien, nous mutons. Au passage, nous dynamitons la famille. .
On a viré l’humanisme des objectifs. On fabrique, vend et consomme de la marchandise, sans autre but. Tout fout le camp !
Nous avons cru en travaillant au présent, que nous serions heureux au futur.
Foutaise !
Le désenchantement conduit au malaise social généralisé.
Les éberlués des soixante heures révèrent le capitalisme comme une hostie. Les jeunes MR – s’il y en a – comme jadis les jeunes giscardiens, sont pétris de convictions erronées!
A Genk les trois mille que Ford va flanquer à la porte se voient dans les deux mille qui vont rester. L’opus de la multiplication des pains empêche les gars de grossir les rangs des manifestants. Même en JEPG, il faudra bien virer des dossiers une partie des serviles, alors autant rester dignes.
L’individu hypermoderne, une créature sans repère bonne à voter MR comme fin du fin.
Demain, l’homme n’aura plus rien en lui qui l’intéresse. Il sortira de lui-même sans savoir où cela le conduit. Il croit mener sa vie quand on la lui mène. La marche du monde, les guerres, les famines ne l’habitent qu’en passant. Les tenants et les aboutissants de la guerre d’Irak n’ont arrêté sa fuite que quelques minutes. En trois mots, il n’y a rien à comprendre, si ce n’est que Bush est un héros et Hussein un salaud. Il a trouvé ce raccourci pour s’éviter un mal de tête.
Il résume.
14-18 ne lui aurait fait que quinze jours… Sa vie n’est plus qu’une suite de pitchs.
Il court. Ses plaisirs sont brefs comme ses nuits.
Tout cela pour éviter qu’on ne l’exclue d’un profit immédiat.
L’hypermoderne vit au rythme des normes sans cesse réévaluées à la hausse. Il admire les Chinois qui fabriquent ce que nous leur vendons !
Une gérante d’une mini entreprise de trois ouvriers n’a plus ses règles à 33 ans, en cause : le stress !... Son mari va jouer aux cartes et rentre tous les soirs de plus en plus tard.
Challenge ! Quand j’entends ce mot, j’ai envie de gerber. C’est le cri de guerre de l’industrie.
Non seulement je ne veux pas être le meilleur, mais ma vie n’est pas une compétition permanente et je n’ai pas envie de casser la gueule à mes concurrents.
Qu’est-ce que c’est pour des mœurs de sauvages ?
Toujours plus vite jusqu’au pied du mur à compter les couillons. Nous nous y écraserons tôt ou tard, non sans avoir marché sur les « pas de chance » que la statistique n’a plus voulu…
Certes, l’excès est masqué par des trompe-l’œil. C’est Louis Michel qui fait dans le social, Di Rupo qui se penche sur les victimes du capitalisme. Tout le monde s’en fout. Le pouvoir est ailleurs.
Et nous sommes là avec nos excès sur les bras, de consommation, d’hypertension, d’activité, d’admiration, de la nouveauté, des pops stars, avec un mot clé : la vitesse.
Modernes, nous reculons les barrières du possible, résolument contre ce qui est d’hier, donc pour la fermeture des musées. L’histoire aux chiottes ! Au rencart les vieilles lunes, les philosophes, les maîtres du passé.
La nouveauté est la valeur montante. Le malheur, c’est que le neuf ne dure pas. Il faut sans cesse inventer. Les vedettes sortent sur TF1 à raison d’une fournée par mois. Les producteurs n’ont plus le temps de refermer leurs braguettes.
La puissance est fonction de la vitesse de mutation et de communication.
S’adapter à ces mutations est indispensable pour figurer dans le top.
Les moyens de communiquer conduisent à une chose : éviter les pertes de temps.

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STRESS

Quand on demande aux gens pressés pourquoi courent-ils ?
Ils prennent l’air idiot. C’est ce qu’ils savent faire le mieux pour répondre des conneries à la mesure de leurs diplômes.
Aboyeurs heureux, attachés-cases pressés, ordinateurs ambulants, d’un côté… vieux avant l’âge, conspirateurs du passé et nostalgiques des sensations anciennes, de l’autre, ça sent la fin de l’homo erectus. Voici, l’ère de l’homo affairé …
L’individu en formation continue n’a plus d’ancrage. Mouvement perpétuel, il vogue entre l’infarctus et la dépression. C’est devenu l’antienne des bureaux de la performance « Et toi, qu’est-ce que tu prends pour tenir le coup ? ».
Sans maîtresse, il va en cabine se masturber sur l’icône électronique qui ressemble vaguement à une Marilyn qui aurait perdu quelques pixels dans le frottement continu. Le soir, avec Marinette, ils vont au Chinois se remplir de nouilles froides.
Marinette dit quelques mots de son nouveau job « consulting » avant de dormir chacun de son côté.
Le dimanche matin les comiques troupiers se font reluire dans des faces à faces à la RTBF. Politique de l’emploi, humanisme selon Joëlle Milquet, l’homme pressé zappe sur « Mon cul c’est du poulet » l’émission de Bellemarre.
Faire le bilan du merdier, c’est facile.
Le tissu social est en fibre synthétique. Tout le monde voit au travers. Derrière, il n’y a plus que les parties honteuses et du vide.
La polyvalence, vice de Pic de la Mirandole, on voit où ça mène. Tout le monde n’a pas le génie de Vinci. Un polyvalent, de raté partiel, devient raté complet.
Plus on s’éparpille, plus on devient con.
Dans les années à venir un diplôme universitaire aura l’équivalence d’un satisfecit de l’école moyenne d’avant guerre.
La logique du libéralisme voudrait que l’on devienne plus libre de construire sa vie.
Avec les deux millions de préretraités forcés, des vieux, des chômeurs, et des indigents, construire sa vie et courir à la réussite équivaudraient à faire chanter l’Internationale à Didier Reynders dans un dîner du Rotary.
L’économiste qui espérait régler tous les problèmes de l’humanité aux rayons du supermarché, s’est lourdement trompé.

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