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La guerre en boutons.

Qu’un de mes lointains successeurs probable soit atteint du vice « italien » (les Italiens appellent cela le vice « français »), voilà qui ne serait pas étonnant.
Il y a tant eu de mes pareils assis à ma place que toutes les bizarreries y ont un jour ou l’autre été présentes.
Il faut vraiment attendre l’époque moderne pour que brusquement s’effacent toutes nos anomalies. Non pas qu’elles n’existent plus, mais pour que leur relation en ait été strictement réglementée et tombe sous le coup du secret d’Etat.
Charles, puisque c’est de lui qu’il s’agit, aurait sans doute préféré vivre de mon temps où les domestiques qui avaient leur franc parler mouraient dans leur jeune âge.
Sacha Guitry qui en a connu l’engeance avait réussi à faire sa fortune en calquant sur eux les répliques de ses pièces.
Il faut croire que ces gredins-là ont l’oreille des rédactions dont ils attendent des livres sterling les émancipant des ladreries de la reine mère.
Vous conviendrez qu’il n’appartient pas à un York de se prononcer sur un Windsor.
Mais il y a dans la réserve britannique, une singularité qui rend tout gentleman suspect de ne pas trop aimer les femmes.
Peuvent-elles encore porter ce nom quand on en voit des plus nobles attifées comme elles le sont sur les champs de course ?
D’autant que les plus exquises, celles qui sont faites pour l’amour, s’expatrient en France ou finissent par déserter le lit marital pour courir l’Egyptien dans des souks adaptés au brouillard londonien !
Libérées du climat, il faut les entendre alors dépeindre les nuits sans sommeil attendant que le bonnet de nuit étalé à leur côté termine le Times, avant de ronfler en contrariant leurs espérances de femme.
Alors notre pauvre Charles, toujours tiré à quatre épingles, comment ne finirait-il pas par en être, lui qui endosse si bien la jaquette ? Et ce n’est pas miss Parker-Bowles qui prend des allures d’adjudant à la retraite qui l’en pourrait dissuader.
Mais gardons notre self control, qu’est-ce que cela, si ce n’est une affaire d’hommes ? Voilà bien des histoires pour quelques poils roux et des changements de kilts en raison d’une inspection de clan ?
Qui à la guerre des Deux Roses se fût imaginé qu’elles finiraient en boutons ?
Afin de couper court aux commérages, il serait séant qu’à la prochaine Gay pride, l’on vît sur un char aux couleurs du prince de Galles, notre héritier se tortillant dans des hauts de chausse roses dont je faisais mes délices au temps de la reine Marguerite.
L’Anglais étant conservateur, il doit bien en rester quelques paires dans les mobiliers Tudor m’ayant appartenu.
Ainsi, tout en étant relooké, malgré l’antiquité du vêtement, le prétendant de mon Royaume aurait les faveurs des manchettes des journaux faisant taire les rumeurs et vouant les domestiques aux pages des demandeurs d’emploi.
Nous ne sommes plus au temps où il suffisait de faire rouler quelques têtes dans le panier du bourreau pour devenir populaire.
Nous devons payer de notre personne. C’est la seule façon d’assurer nos arrières.
Richard III

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