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Histoire d’un village d’Afrique.


L’histoire commence comme un conte de fée.
Une Association caritative veut améliorer la vie d’un petit village d’Afrique d’environ 500 habitants avec l’aide des Nations Unies, de l’UNICEF et de tout le saint tremblement…
Des experts dressent des cartes géographiques, stratégiques, sanitaires, statistiques.
La situation est déplorable.
Essentiellement des paysans, les habitants vivent de peu. La terre n’est pas riche. La ville est à une journée de marche. Impossible d’y vendre les produits et les quelques volailles qu’ils élèvent. Un marigot voisin à des méandres où des millions de moustiques se reproduisent. Le paludisme fait des ravages surtout chez les enfants. Un sur trois arrive à l’âge de 5 ans.
L’ONG développe une stratégie. Il délègue des personnels pour un assainissement et un progrès social échelonnés sur deux années.
La population est enchantée et se voit même rétribuée pour des travaux de terrassement.
Les méandres du marigot sont curés et les poches à moustiques comblés. Une politique d’éradication par insecticide de l’agent du paludisme, élimine son vecteur : les moustiques.
Un dispensaire de fortune vaccine, soigne et remet sur pied la population malade.
En accord avec le Gouvernement provincial, un tracé dans la forêt écourte le trajet du village à la ville. La piste devient une route sommaire, mais sur laquelle des 4X4 circulent et met le vélo du plus riche à trois heures du marché de X.
Cette Association travaille selon le principe apparemment sans faille du fameux slogan :
« Si tu nourris des populations en détresse, c’est bien. Si tu leur apprends à pécher le poisson, c’est mieux ».
En l’occurrence, des techniques de charruage sont apprises. Des épandages d’engrais d’abord chimiques, puis organiques sont organisés.
Tout le monde se serre la main.
L’Association s’en va laissant outre des conseils, du matériel.
Puisque la ville n’est plus qu’à trois heures, le dispensaire devient une salle de réunion des chefs coutumiers avec quand même des boîtes de premier soin dans un coin.
Fière de sa réalisation, l’Association s’en sert comme vitrine de son action.
Quelques années se passent. Par hasard, un des pionniers de cette aventure revient sur les lieux.
La régression du paludisme et des maladies infantiles a quadruplé la survie des jeunes.
Les insecticides mal employés ont donné naissance à des insectes résistants et notamment un genre de doryphore qui détruit toutes les racines. La proximité de la ville a eu pour conséquence l’apport de matériau de construction en tôle et carton fort, ce qui fait que le bel ensemble de construction ancestral est devenu un bidonville. La surpopulation sur un sol pauvre a accru la misère. Beaucoup de jeunes sont allés tenter leur chance en ville. Certains sont revenus avec le SIDA.
On a même vu des enfants enrôlés chez des rebelles venir rançonner leurs parents, alors que jusqu’alors, il y avait très peu de banditisme, quelques vols et aucun meurtre.

Ceci n’est pas une fable. C’est l’illustration d’une perversion des bons sentiments sur un terrain fragile et qui l’a rendu davantage.
C’est surtout la conséquence d’une conviction naturellement fausse qui aimerait laisser supposer que le péché occidental de l’exploitation des populations d’autres continents est aisément rachetable, que le colonialisme est derrière nous et que le retard que mettent des peuples différents à nous ressembler est résorbable par l’éducation et l’apprentissage.
Alors, n’y aurait-il rien à faire ?

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Il n’y a pas trente six solutions : rendre d’abord avec l’intérêt tout ce que nous avons volé à l’Afrique ; nous interdire de fournir des kalachnikovs au prix d’une canne à pêche ; dire aux Africains que surtout ils ne nous imitent pas, que nous ne sommes pas des exemples ; et cessant de prendre notre civilisation comme modèle de parfaire organisation, peut-être retrouveront-ils leurs marques, en espérant que cela ne soit pas trop tard.

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