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Une vocation.

Je suis un con qui croit tout ce qu’on lui dit.
J’objecte : « Certes, on est en démocratie s’pas ? »
Mais je finis par m’incliner.
Toujours !... et ça depuis l’école.
Putain, ce que j’en ai vu défiler des cons comme moi ! Et pas que du mauvais côté, non, souvent du bon. C’est là que j’ai compris ce qu’était le pouvoir.

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T’as tort, mais t’as le pouvoir, donc t’as raison. CQFD !
T’as raison, mais t’as pas le pouvoir, donc t’as tort. Re CQFD.
J’ai bien pensé, à force d’avoir tort surtout quand j’ai raison, de la fermer définitivement, sauf pour dire : Oui, oui… Vous croyez ? Si vous croyez, vous devez avoir raison. Bien sûr… certainement, Monsieur le Directeur… Je vous en prie Madame Petigris de l’héliciculture… avec vous à 100%. Oh ! tout à fait…
L’autre jour, un autre con, mais qui a le pouvoir me demande en plein hémicycle, qu’est-ce qu’une société riche ?
Tous les autres cons, sans pouvoir, se fendaient la gueule, parce que le prof, à moins que ce ne soit le patron, avait inscrit derrière lui au tableau noir :
Une société riche est une société dont le PIB est très élevé, c’est-à-dire dans laquelle les échanges marchands sont considérablement développés.
Je m’apprêtais à faire semblant de savoir tout en lisant pour me faire vite fait un 8 sur 10…
quand mon esprit de contradiction après six mois de calme m’a secoué comme un cocotier.
- Quoi, t’as pas honte, que je me disais, ce bouffeur de merde qui le prend de haut, lui qu’a essuyé le cul d’un MR pendant dix ans pour l’avoir sa petite place bien au chaud dans la haute considération des asticots consensuels, qu’est toujours à l’interview chez les lèche-cul de la culture, qu’est pas fichu de dire combien ça coûte un pain, faudrait une fois de plus que je me laisse empapaouter mes fibres arrières !
J’étais résigné pourtant. La perspective de me faire entuber n’a pas plût quelque part entre mon derrière et le cortex. Souvent, on pense plus avec le bas qu’avec le haut. Les apollons des médiathèques du samedi soir vous le diront, si tu en as une qui fait moins de quinze centimètres par l’esprit, t’as aucune chance de conclure.
- C’est pas que cela soit de ma part une véritable objection, mais, un pays riche est-il un pays riche même si la consommation est extrêmement mal répartie à cause des écarts de revenus considérables ; même si l’accès au strict nécessaire pour tous n’est pas accompli ; même si des gens très riches ignorent complètement des gens très pauvres ; même si les riches se défendent mieux contre la violence que les pauvres par toutes sortes de moyens ; même si les biens et services coûtent de plus en cher pour les pauvres et de moins en moins pour les riches par l’effet des lois de la relativité économique ; même si l’habitat se ghettoïse
pour les uns et s’enfle d’annexes et de hangars à bateaux pour les autres ; même si la discrimination xénophobe empêche tout progrès et que la simple idée d’intérêt général et l’amélioration des conditions de vie des classes défavorisées fait rigoler les démocrates au pouvoir ?
Le faux derche pendant mon discours compulsait des notes dans son calepin des mauvais jours.
- Je vois que le mois dernier vous avez eu 3 et ensuite que vous n’avez pas répondu à la question pourtant simple : Quels sont les critères économiques d’une société d’abondance ?
- Vous aurez deux, mon cher, et c’est bien payé.
Qu’est-ce que vous voulez ? Faut que tout le monde mange quand c’est midi.
C’est lâche, mais c’est la dernière fois que je l’ai ouverte ainsi.
Bien des années plus tard, je suis devenu prof d’économie.
Aujourd’hui, j’en ai honte.

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