« Le commissaire est bon enfant. | Accueil | Merci de m’avoir abandonné... »

L’alphabet du vide.

La télé s’amenuise. Un jour, il n’en restera rien qu’un verre dépoli sur une décharge.
J’ai longtemps hésité avant de faire de la pub pour Monsieur Bouygue. Mais si, sans claironner la chose, on pouvait dissuader ne serait-ce qu’un « client » de mater par le trou de la serrure ?…
Quelle mouche me pique à tirer les gens de leur sommeil. Il vaudrait mieux les laisser dormir, n’est-ce pas ? D’autant que je n’ai rien à leur proposer qu’une critique qui pourrait être interprétée comme étant la somme des jalousies cumulées au long d’une déjà longue habitude de téléspectateur.
Et si par esprit de contradiction, un lecteur frondeur devenait voyeur ?
Si à la suite de mon exemple, toujours par esprit de contradiction, il se mettait à aimer ça ?
La vérité est que les jeux sont faits à l’avance. Un Richard III sommeille dans tout amateur du petit écran.
D’un côté, il y a les recettes publicitaires, Dechavanne et Carmouze en laboureurs des champs, de l’autre nous. Ce serait insuffisant s’il n’y avait les has been des gloires parisiennes en quête de promotions et de come back…
En visionnant Elodie Gossuin, Eva Kowalewska, Mia Frye, Tita, Céline Balitan, Eve Angeli et Danièle Gilbert, côté cour et Ilario Calvo, Mouss Diouf, Massimo Gargia, Vincent MacDoom, Maxime, Moura et Pascal Ometa, côté jardin, on se dit que TF1 a eu du fil à retordre pour convaincre des gens plus connus qu’eux à mettre le bout de la semelle dans le purin de la Première.
Reste qu’en dix ans, on est descendu tellement bas dans les jeux du cirque que cela en devient fascinant. On se demande aujourd’hui où est la vraie indécence : en montrant son cul ou en montrant son âme ?
Ici, le problème ne se pose pas. Même vêtus, ces gens sont tellement indécents dans leur désir d’argent et de gloire qu’ils nous salissent quand nous les regardons.
La Chaîne espère que les campagnards vont se fendre la gueule en voyant des Parisiens faire la file devant les chiottes de cette fausse métairie du Vaucluse et les gens de la capitale, se foutre d’une Jet Set, acheteuse place Vendôme et vêtue par Emmaüs.
Le plus accablant, les programmateurs n’ont pas tort. Les premiers épisodes sont un succès !
Pourtant, tout dans cette série est truqué.
L’eau de la pompe est amenée au canon de la fontaine par un moteur électrique, la douche dans la cour est alimentée en eau chaude et l’entretien des animaux est supervisé par le loueur de chèvres et de ruminants, traite comprise, qui vient finir le travail et épandre la nourriture quand les mouches à merde du star system ont déserté les écuries.

emission.JPG

Dans la cuisine, tout vient du supermarché et la literie est en multispires avec sac de couchage « montagne » pur nylon. On est loin de la vie rustique dans les campagnes du XIXe siècle, par contre, on est très proche d’un XVIIIe arrondissement avant l’expansion de Moulinex, vers les années 50.
L’éclairage n’est pas à la bougie, mais en watts. Enfin, chaque pseudo bouseux est équipé d’un micro sans fil capable d’enregistrer un pet de Danièle Gilbert à dix mètres.
Le ton juste n’est pas là.
Il est dans le panel professionnel de ces quatorze pionniers de l’émission. Il y a là des putes, un maquereau, des comédiens de seconde zone, une velléitaire de la télé du temps de Guy Lux, une miss France récemment reconvertie en conseillère UMP, la gentille amie de Paul Loup Sulitzer, l’ex de Georges Clooney et l’ex d’Elodie Gosuin.
Vous ne saurez ni le nom, ni les heures, ni les jours de l’émission.
C’est ma façon de faire de la résistance.

Poster un commentaire