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Europe : le civil toujours en première ligne.

On a morflé pendant la guerre 40-45. Les Anciens se souviennent. Les jeunes se sont pas mal renseignés.
Les films où les shrapnells pleuvent du ciel, les Américains en ont plein les caves à Hollywood. Quand Mitchum débarque à Arromanches-les-Bains au milieu des morts, si c’est en décors, on doit bien se dire que c’est copier de quelque chose.
Comment se fait-il ayant vécu et assumé toutes ces horreurs que la droite soit encore si chaude, plus chaude que la gauche en tous cas, pour en découdre ?
Car enfin, on n’a pas la berlue, quand Louis Michel serre la main de Colin Powell, même si ce Conseiller de Bush est réputé pour être une colombe, c’est quand même lui qui a présenté les tubes de virus bidons aux Nations Unies pour entraîner des pays derrière son président et guerroyer en Irak sous un faux prétexte ! Michel le sait. Il devrait trouver répugnant de serrer la main d’un tel homme et que fait-il ? Il plastronne au nom de l’amitié indéfectible entre les deux pays et propose notre aide pour la rédaction de la future Constitution irakienne !
Si ce n’est pas ridicule, ça ? Notre Constitution, un modèle pour les Irakiens, on croit rêver ! Comment ça se dit « Mouvement réformateur » en arabe !...
Pour revenir sur le Pentagone fictif de la Metro Goldwyn Mayer, c’est vrai que tous les films à l’exception de quelques-uns sur le Vietnam, ont marqué les esprits insidieusement. Nous n’avons vu les guerres de ces cinquante dernières années que sous la loupe déformante américaine. Si bien que nous nous sommes imbibés de cette culture tape à l’œil de la bravoure du GI et de son immense désir de sauver la démocratie.
En Belgique, les traces de cette propagande massive à travers les échos, les films, les magazines et aujourd’hui encore tous ces jeux importés d’Outre-atlantique sont si prégnants qu’on peut suivre leurs effets jusque dans les vêtements et la nourriture de la jeunesse.
Quoique nous nous en défendions, même si nous sommes contre l’intervention américaine en Irak, une majorité de la population adhère à la vision de la guerre totale contre le terrorisme.

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Sous le prétexte de cette lutte sans merci, nous voyons fondre nos libertés. Les mesures de sécurité nous assimilent aux suspects dans les endroits stratégiques. On invente des pièges à la délinquance intégriste comme l’installation de caméras, de fichages et d’écoutes téléphoniques qui sont aussi bien opérationnels pour les criminels que pour les citoyens ordinaires.
L’armée, surtout l’armée, et les polices font de moins en moins la distinction entre civils désarmés et dangereux malfaiteurs.
On s’exclame que 800 Américains morts en Irak, c’est beaucoup. On oublie que le plus lourd tribut payé cash à la guerre a de tous temps été les civils. Combien d’innocents tués en Irak à côté des 800 soldats ? Personne n’en a fait le compte. Peut-être faudrait-il multiplier par dix les pertes américaines pour avoir un chiffre approximatif des civils tués.
Si la comptabilité des pertes en vies humaines parmi les populations occupées n’existe nulle part, c’est que tout le monde s’en fout en haut lieu et dans les médias.
Quand Sharon parle de civils tués dans le camp d’en face, à peine présente-t-il ses excuses. Excuses qui, aussitôt dites, sont oubliées par ses hommes sur le terrain.
Nous nous sommes accoutumés à trouver « regrettable » ce que l’armée israélienne fait subir aux Palestiniens. Les Résolutions des Nations Unies qui condamnent les agressions se suivent et se ressemblent dans l’indifférence.
Si nous restons modérés dans nos propos, c’est parce que nous subissons la propagande quotidienne de Sharon en personne, à la tête de ce système meurtrier et parfaitement inique d’un Etat qui ose encore s’appeler une démocratie.
Si je suis le raisonnement actuel, ce seraient bel et bien quelques intégristes musulmans insaisissables qui, au nom d’un mythique Al Qaida, menaceraient la liberté dans le monde ?

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Mais alors, pourquoi ce formidable armement, ces masses de militaires en mouvement, ces crimes perpétrés contre des innocents, pour une poignée de dangereux criminels ?
N’y aurait-il pas mieux à faire plutôt que d’employer des tanks et des hélicoptères, mettre sur pied une police bien spécialisée ?
Ces crimes d’Etat au grand jour, ne sont-ils pas le meilleur atout de recrutement du terrorisme mondial ?
N’est-ce pas à cause de l’escalade de la violence qu’organisent des Etats pseudo-démocratiques, qu’Al Qaïda n’a aucune peine à se fondre dans les populations ?
Voilà la messe est dite. Nous sommes victimes non seulement des terroristes, mais encore des forces chargées de les éliminer.
Le comble, c’est que ces forces si meurtrières, si incapables de couper le terrorisme à sa racine, agissent en notre nom !
Ce débat-là, ni la gauche, ni la droite n’a envie de le mener à l’occasion des élections européennes du 13 juin.
Que l’essentiel ainsi escamoté laisse les électeurs indifférents aux élections européennes, le contraire aurait été étonnant.

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