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Sur une défaite des Bleus

L’élimination ce soir de l’équipe de France de football par la Grèce met fin à un enthousiasme français qui nous vaudra aux télévisions et aux radios de ce pays un retour vers des programmes moins chahutés par le sport et, espérons-le, meilleurs.
Tandis qu’une moitié des téléspectateurs trépigne et vibre au fil des matchs, l’autre paraît consternée que l’on puisse s’exalter à ce point pour ce genre de spectacle.
Un océan d’incompréhension sépare les pour et les contre.
Les inconditionnels vous diront, non sans raison, que ce sport est populaire et que ce n’est pas tous les jours que l’on rassemble tant d’aficionados dans un stade ; qu’il doit bien y avoir autre chose qu’un simple enjeu entre deux équipes pour susciter tant de passions.
Les sceptiques parleront des sommes folles payées à certains et l’injure faite aux salariés de base d’une telle manne pour aussi peu de mérite que courir derrière un ballon. Ils parleront ensuite de la médiocrité du spectacle.
Les amuseurs publics ont tranché. Ils bouleversent tous les programmes et ne font plus guère de place aux autres divertissements. Le relâchement des services est visible et même ceux qui ont mission de défendre autre chose paraissent tellement distraits qu’ils semblent avoir un œil sur la retransmission du match de la soirée, en vous parlant.
C’est que tout le monde a raison et tort en même temps.

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Une grande partie du public des stades et les supporters passionnés qui vivent les matchs ailleurs, ne font pas partie des gens aisés. Malgré cela, ils paient parfois 200 euros pour une place à la tribune, voire davantage, dans des rencontres comme le Portugal en voit actuellement. Ce sacrifice si important pour eux, doit bien avoir une signification ?
Que les grandes causes de l’humanité, la vie sociale et politique, la profession qu’ils exercent n’aient pas la même résonance est quelque chose qui serait incompréhensible, s’il n’y avait cette mauvaise éducation que les sociétés, quelles soient libérales ou socialistes, donnent par l’exemple à leur population.
Si encore le public sportif était partagé entre sa passion du sport et sa passion de l’humanité, on comprendrait que l’homme cherche un équilibre entre les plaisirs et le devoir. Ce n’est pas le cas. Ce sont en général des foules facilement exploitées, peu engagées ailleurs qui ont trouvé un sujet à leur niveau, pratiquement inépuisable.
Je suis à la fois inquiet et admiratif devant ceux qui les encadrent, dirigeants de club, politiciens habiles, rédacteurs sportifs pour leur mémoire quasiment infaillible des joueurs, des matchs et des buts qui ont été marqués et ce sur des décennies par des clubs pas toujours locaux ; alors, qu’ils seraient incapables de donner deux ou trois noms des dirigeants actuels de l’Europe et de leur pays..
Le sport à ce niveau, rendrait-il idiot ?
Il fallait voir au soir de la défaite de l’Italie, le malheur qui s’était abattu sur certains quartiers de Grâce-Hollogne. Les drapeaux pendaient aux fenêtres comme des linges sales. Il régnait dans les rues une détresse infinie.
Loin de se moquer, au lieu de considérer cela comme une aberration de plus, on peut regretter que cette sensibilité visible, cet amour pour une équipe au point qu’on l’accompagne dans le malheur, ne se portent pas sur de plus nobles causes.
Que ne pourrait-on faire si l’on pouvait canaliser toute cette énergie dépensée, ce formidable enthousiasme, cet attachement aux représentants d’un pays qu’on a quitté parfois depuis si longtemps ?
C’est un des échecs cuisants de l’éducation, celui de n’avoir jamais su exalter les grands desseins de la démocratie.
Le fonds existe. La sensibilité est là. Peut-être les dirigeants de ces grands clubs que sont les pays ne le veulent-ils pas ?

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