« Une carrière qui mène à tout | Accueil | Ubu-Barroso, 3me porte à droite, frappez fort ! »

La fesse n’est plus ce qu’elle était.

- Tu peux pas faire deux pas dans la galanterie sans tomber sur une artiste !
- Plains-toi. Au moins tu vocalises les quinze premiers jours…
- Non. Je parle pas des artistes du bidet transparent, de l’épaulé jeté de nains, de la pseudo amoureuse indienne de la rue Porte-aux-oies, de l’enthousiaste en quatuor, de l’avocate qui met sa robe pour te limer le barreau… non… non… cette engeance-là, tu attends pas un mois pour t’apercevoir que le 98 c, c’était du flan, que la trapéziste en chambre est anémique ou que ta pisseuse à jets discontinus a un début de leucorrhée que tu sens à l’index qui remonte pas à Kupperman. Je te parle de l’artiste artiste. Celle qui te pond des vers qui sont pas des entérobius vermicularis, mais qui frisent chez Alexandre en pieds d’iule. Je te parle de la dessinatrice, de l’artiste graphique, de la boulimique du Caran d’Ache… celles qui peignent à l’huile. J’ai connu une acrylique qui s’envoyait l’acheteur rombier par toile vendue. Elle vendait bien, parole. Elle avait pas la vulve étroite… Ça s’était répandu la nouvelle de son talent. Ça s’est gâté quand elle a fait des dons aux malheureux… Un prof de l’aca lui a refilé une blenno… La clientèle faisait antichambre… Mais la pire… c’est celle qui faisait collage !...
- Elle vivait à la colle ?
- Elle découpait des tronches et des sapins de Noël des magazines qu’elle volait dans les salles d’attente…
- Glaude était une sculpteuse. Elle stylisait à mort. T’étais tellement stylisé que t’avais la forme d’un étron quand tu sortais de son four… faut dire que la terre cuite, ça aide à la ressemblance…
- Elle aurait vendu ses pièces en fausses merdes aux farces et attrapes rue Saint-Gilles, qu’elle se serait fait du blé. .
- Qu’est ce qui t’arrive ces temps-ci, pour verser dans une honteuse misogynie ?
- Je suis sur le coup d’une artiste-collectionneuse.
- C’est la terrible engeance !
- Elle collectionne les emballages de fromage. Quand elle en a un tas, elle les décolle. Tu penses, une crotte du diable sur un Munster, faut la patience pour pas déchirer. Puis, elle découpe pour que ça ressemble à une allée de la Vecquée, ou à la cour du Val. Oui. Elle est de Seraing…
- Je vois pas l’art, là-dedans.
- Moi non plus. Par contre, je te dis pas ce que tu sens quand t’as devant toi l’emballage d’un Herve qu’à mis quinze jours à sécher.
- T’as l’avantage qu’il colle facile sur le support.
- Elle fait des histoires pour rien… que je peux pas la voir… qu’elle est dans son laboratoire… qu’elle fait sécher ses œuvres… que je suis pas le mec à comprendre l’artiste… que je bouffe pas de fromages… que je sabote son travail…
- A ce que je vois, t’es en phase de décrochage ?
- Aussi bien, c’est de ma faute aussi. Est-ce que j’avais besoin de me fourrer au CHREAM !
- C’est là que vous vous êtes rencontrés ?
- Comme tu vois.

bouteillon1.jpg

- T’es quand même dur avec ceux qui se démerdent pour aider leurs semblables.
- Pas du tout. Ils n’en peuvent. C’est la faute à qui les fréquente. Elle a exposé là.
- Et alors ?
- Toutes les mouches du boulevard avaient pris rendez-vous ! L’horreur…
- C’est vrai que dans le bon cœur tu vois de tout…
- J’ai remarqué.
- J’ai connu un type qui se dévouait pour la cause animale. C’était un zoophile, dis donc !
- C’est dit. Je m’inscris au Golf Club du Sart-Tilman.
- Là tu changes de registre. C’est pas de l’artiste dont tu vas tâter, mais de l’emmerdeuse snob.
- Comment tu le sais ?
- J’y ai rencontré ma femme.
- T’étais golfeur, toi ?
- Non, caddie…
- Tu me déconseilles ?…
- La gonzesse sous la barre de la quarantaine y est rare. Les quatre ou cinq qui entreraient dans les possibles, c’est tout en chichis et mouche à deux culs. Elles parlent que fringues et croisières. Comme j’étais caddie et qu’à l’occasion je nettoyais les chiottes, par contre, pas plus dégueulasses sur le vase. C’était Verdun tout l’après midi. Au début, je me demandais ce qu’elle foutait l’escabelle dans un coin. Ce qu’elle m’a servi pour éponger les éclaboussures jusqu’au plafond, tu peux pas savoir ! Et toujours impec à la sortie, elles étaient. C’est ça leur force, d’un certains sens, hautaines de prime abord, mais salopes, pire qu’on imagine…

voile.jpg

- Qu’est-ce qu’on va devenir ? Qu’est-ce qu’il faudra faire pour en tirer une ?
- Faut plus y penser…
- Je vais tout de même lancer un appel et laisser mon adresse chez Richard III.
- Surtout pas malheureux. Tu le connais. Il a toujours préféré être tout seul sur une bonne affaire, qu’à deux sur une mauvaise. Y a pas plus égoïste !

Poster un commentaire