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Sainte Rita de Namur

Les temps ont bien changé. Rita est morte et la rue des Brasseurs a perdu sa honteuse utilité. La Ville de garnison n’est plus qu’un souvenir lointain. Celui où les apprentis bidasses faisaient « leurs trois jours » à la caserne Marie-Henriette.
Namur est cette ville moyenne mosane qui n’a pas d’immenses banlieues tristes comme Liège et Charleroi.

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La rue de l’Inquiétude est en sens interdit.

Le fonctionnaire wallon y est moins triomphant que son collègue européen à Bruxelles. Il n’en a pas les moyens. Cela se sent.
Le soleil est une entreprise de peinture gratuite qui remet tout à neuf. Même les murs gris de la Citadelle, sous ses rayons, sont moins sinistres. La Ville serait presque belle si la gare ne la coupait en deux. Des efforts ont été faits pour les voyageurs, mais dès que l’on s’écarte de la station, c’est la gare de formation et les terrains vagues qui reprennent le dessus. Avec la Poste aussi voyante qu’avant, c’est un coup de hache qui sépare la Vieille Ville des quartiers de la rive gauche.
Telle qu’elle est, le Liégeois s’y sent chez lui. C’est toujours ça.


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Au service le troufion
Glandait tout l’été au Grognon

Une ficelle ou aucun grade
On sait de la gare à Belgrade
Que tout Namur hait le soldat
Mais pas l’aguichante Rita

C’était Hayworth encor plus rousse
Fraise comme à Wépion pousse
Des soies noires moulaient des jambes
Que convoitaient les vieux de Jambes
Une robe à volants grenat
En soulignait le bel éclat

Las le malheur était son prix
Legs d’un maréchal-des-logis
Moyennant un taux usuraire
Un galonné aux cheveux gris
Sale et fripé sous son képi
L’juteux avait repris l’affaire
Il la menait à la baguette
Elle taillait la pipe honnête
Aux clients de son proxénète
Rue Marie-Henriette

La gamelle avait quelque bar
Des putains saoules sur le tard
Qui y tiraient des avantages
Du militaire en son bel âge
Le clairon rue des Brasseurs
Buvait sa solde en un quart d’heure

Quand l’adjudant était de garde
Le plouc grimpait dans la mansarde
Où Rita nue l’attendait
Couchée elle lui livrait
Les vices tus du Corps d’armée
Qu’elle avait fait dans la journée

Elle ne soldait en promotion
Ses faveurs qu’à l’heureux clairon
Rita était antimilitariste
Etant de nature altruiste
Elle a poivré plus d’un gradé
Par son soucis d’égalité
Mais elle aima l’instrumentiste
Pour elle c’était un artiste
Lui pistonner dame Rita
Le consolait de la rata
C’était ma foi dans ces années
La revanche du plouc aux armées

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