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La Constitution européenne : èt qwè ?

Les socialistes français paraissent divisés sur le référendum que Chirac doit organiser en 2005 sur le projet de Constitution européenne.
D’autant que Fabius a sorti de sa casquette une réponse de Normand et que tout en se démarquant du « oui » franc de François Hollande, par un « oui, si » en posant des conditions à Chirac tout à fait impossibles à réaliser, il rejoint, en fait, le camp des « non » avec Montebourg et la gauche « sang de pigeon ».
Et en Belgique ?
Il y a bien eu les regrets d’Elio Di Rupo sur les lacunes de la Constitution au niveau du social. Mais, c’est pratiquement assuré, les Socialistes belges voteront oui, sans état d’âme et sans arrière pensée, rejoignant ainsi sans plus de discours les libéraux européens dans le genre d’Europe souhaité par la droite.
C’est, une fois de plus, se moquer des électeurs de gauche.

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L’engouement « droite gauche » du traité de Maëstricht en 1992 augurait une ère nouvelle de prospérité pour l’Europe. Cela avait déjà paru suspect, alors, que le PS mangeait dans la main du CVP poids lourd des partis de l’époque. Mais bon, c’était pour la bonne cause : l’emploi, des conditions de vie meilleures et un social plus affirmé du fait de la diminution du nombre de chômeurs, tout cela, évidemment, au futur et programmable dans la décennie à venir.
Douze années plus tard, on n’a rien vu de tout cela. Le marché mondial influence de plus en plus l’industrie et le commerce, au point qu’il n’est plus question de progrès, mais d’alignement sur des partenaires au coût salarial moindre et qui travaillent plus. Si bien que partout en Europe on assiste à une productivité remarquable par travailleur et à un chômage massif. Les délocalisations disloquent le corps social. Le dumping l’achève. Le chantage à l’emploi s’affiche carrément dans le dernier discours de Rudi Thomaes pour « objectifs 2010 ».
Les textes de protection du travailleur européen faisant défaut, nous sommes les témoins d’une véritable casse sociale.
Le droit social en mutation régressive prend de plus en plus l’apparence du brouet anglo-saxon cher à Tony Blair.
De quel droit se dit-on plus européen en adoptant le projet de Constitution, par rapport à un autre concept de société dont il tarde que toutes les gauches européennes élaborent les grandes lignes ?

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L’orthodoxie socialiste qui consiste à dire amen aux propos du président n’est-elle pas en train de faire passer des militants de toujours, à côté d’un combat qui risque de ne plus se reproduire ?
Ne serait-il pas temps de rendre l’espoir aux gens en disant NON à ces messieurs de la droite unie ?
Ne sommes-nous pas, nous Européens de gauche, capables de proposer des solutions humaines en alternative à la paupérisation inévitable due à la logique capitaliste ?
Les propositions socialistes au Parlement européen et qui étaient de nature à faire supporter la Constitution par la majorité des européens ont été mises à mal par la droite libérale majoritaire. Il serait tout à fait normal - et ce geste ne serait nullement antieuropéen - de dire non à cette Constitution-là, s’il n’y a pas les amendements espérés de la gauche.
Il en va de la crédibilité de ceux qui ont le sort des petites gens entre leurs mains.
C’est donc sur un projet de rassemblement du Non à la Constitution que le gauche européenne devrait gamberger.
Hélas ! à ce titre, on est bien mal parti en Belgique.
Pourtant cette passivité vis-à-vis du libéralisme triomphant n’a jamais payé par le passé. Les dirigeants socialistes courent un gros risque en faisant voter OUI dans cette affaire. Ils risquent, ni plus ni moins, de se faire avaler par le centre dont tout le monde sait qu’il n’est qu’un morceau de la droite. Dès lors, assimilés à la droite, ils concourraient à diminuer les effectifs de leur parti, mais encore d’alimenter l’extrême droite, par un curieux retour du balancier.
Ce n’est donc pas en poussant des hurrahs pour l’Europe qu’ils vont entraîner les masses. Et quand bien même cela serait, qu’ils se méfient, les moutons de Panurge ne tombent pas toujours dans le ravin.

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