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Vivent les patrons de DHL, nom de dieu !

- T’es toujours chez DHL ?
- Comme tu vois.
- Tu vas à la manif pour soutenir ton patron ?
- Un peu mon neveu.
- T’y vas quand ? A celle du matin chez le Premier, ou à celle de l’après-midi chez Picqué ?
- A celle du matin. Parce qu’à celle de l’après-midi je vais chez Evelyne Huytebroeck avec les riverains qui savent plus dormir à cause des avions.
- Comment ça ?
- Oui, mon vieux, j’habite dans un quartier où il en passe trente à quarante par nuit. Moi, je m’en fous, je travaille quand ils passent, mais c’est ma femme et les enfants qui savent plus dormir… alors tu comprends par solidarité pour la famille…
- Tu trouves pas ça bizarre que le syndicat soutient une boîte pareille ?
- Si DHL mettait la clé sous le paillasson, faudrait qu’il licencie aussi, au syndicat.
- Donc tout le monde défend l’emploi ?
- Oui, sauf ceux qui savent plus dormir.
- Je croyais que c’est tout des Flamands qui travaillent chez DHL ? T’es Bruxellois, toi !...
- Parle pas si haut, mon délégué syndical pourrait t’entendre.
- Pourquoi ? Tu peux pas être Bruxellois pour travailler chez DHL ?
- La fameuse prospérité flamande, tu crois qu’elle est venue comment ?
- Bien…
- Une entreprise en Flandre, engage pas des travailleurs Bruxellois ou Wallons.

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- Sans blague !
- Et ça s’étend aux professions indépendantes. T’es au courant avec les indépendants chauffagistes. Ils vont devoir passer un examen de flamand pour réparer ta chaudière !
-Mais toi alors, comment t’es entré chez DHL, puisque t’es Bruxellois ?
- Je me suis fait passer pour un Turc.
- Ha !... parce que les Turcs peuvent travailler chez DHL !
- Evidemment.
- Ils aiment les Turcs, alors, les Flamands,
- Pas du tout. Ils n’aiment qu’eux-mêmes, mais ils reconnaissent qu’ils ont un problème à trouver des personnes pour faire les sales boulots. Alors, les Turcs et les Marocains peuvent travailler chez DHL.
- Dis donc, tu serais pas en train de me dire que ta boîte, c’est un sale merdier ?
- C’est bien pire encore que tu imagines.
- Et tu vas manifester pour des dégueulasses ? Et le syndicat laisse faire ?
- T’es obligé si tu veux pas te faire remarquer des deux côtés !
- La, je comprends plus rien.
- C’est facile à comprendre. Le syndicat derrière ses guichets, il est peinard. C’est pas un sale boulot, ça, au contraire… tu te rappelles à la CGSP de Bruxelles comme ils se sont tapés dessus pour celui qui resterait vissé à son fauteuil ?
- Vaguement.

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- C’est même passé au tribunal…
- Bon et alors ?
- Quand on liquide une affaire qui marche avec deux ou trois mille personnes, eux aussi se font liquidés. Tu sais où ils sont les délégués syndicaux de la Sabena ?
- Non.
- Au chômage.
- Et les contremaîtres ?
- Eux bouffent un peu mieux que nous et sont pas aux cadences. En plus, c’est pur Flamand 100 %. C’est l’avenir de la Flandre qu’est en jeu, là… On rigole plus.
- C’est pas clean cette affaire-là, c’est pas clean…
- Allais, salut. Fais comme si on se connaissait pas, voilà mon chef.

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