« Dieu dans la betterave. | Accueil | On se prépare un de ces avenirs !... »

Bush, un Croisé molletonné.

Une saturation du serveur a perturbé la parution régulière de ce blog. Afin que cela ne se reproduise plus, je vais être obligé de réduire d’un tiers les illustrations qui accompagnent les textes.
Ecrit avant les élections irakiennes, cet article vous est livré sans qu’il ait été remanié en fonction des dernières informations.
Je vous prie de bien vouloir me pardonner tous ces inconvénients.

Pas fou, le président intérimaire de l’Irak, Ghazi al-Yaouar, a été la première personnalité politique à voter dans un bureau spécial aménagé dans la Zone verte, périmètre sécurisé du centre de Bagdad. Forcément quand on est à l’abri du terrorisme, c’est d’un pas ferme qu’on se présente devant les caméras. Je suis heureux et fier en cette matinée bénie, a déclaré M. Yaouar en habit traditionnel en glissant son bulletin de vote dans l’urne avant de se faire remettre un drapeau irakien. On le croirait de chez nous, tant son discours est « téléphoné » et convenu. Si jeune en politique et déjà rôdé, à croire qu’il a eu le métier dans le sang dès le berceau, comme nos forces-vives !
C’est drôle, mais on reconnaît plus la démocratie aux lieux communs et aux poncifs de ses leaders que dans sa réalité sur le terrain. C’est quasiment du Belge, une démocratie de cet ordre…
On pense généralement que les élections en Irak vont être déterminantes. Pour quoi ? On n’en sait rien encore. C’est ce qu’on dit pour rassurer les gens. Alors, autant distribuer des « labels ». On finira par faire un guide Michelin de la démocratie. Je vois d’ici Verhofstadt, Onkelinx et Arena distribuer des étoiles.
Il sera surtout question de la capacité de l’Armée américaine à protéger les bureaux de vote et donner aux électeurs un maximum de sécurité. On peut déjà parler d’un échec dans la partie sunnite du pays. Quant à la police irakienne peu efficace et en nombre insuffisant, elle a été et reste la cible privilégiée des terroristes.
Mais, c’est surtout dans le monde arabe que l’inquiétude monte. Aucun des dirigeants actuels n’a été élu par la volonté populaire, si ce n’est grâce à des élections bidons comme en Tunisie ou en Algérie. Qu’un grand pays comme l’Irak procède à des élections qui, si elles n’étaient pas truquées, mettraient en place une équipe de dirigeants élus démocratiquement, a de quoi faire frémir les Emirats, l’Egypte, la Syrie et tutti quanti.
Mais, si la majorité absolue échoyait aux Chiites comme il est probable, un autre danger viendrait d’une guerre civile.
En effet, les Chiites sont très proches des Iraniens. Il y a 25 ans, Saddam Hussein, soutenu par les Américains et les pays occidentaux, envahissait l’Iran pour les mêmes raisons. La parole des ayatollahs d’Iran semblait et semble encore aujourd’hui inacceptable tant elle pousse à établir en Irak une république islamique sur le modèle de Téhéran.
Non seulement l’Iran ne plia pas, malgré un Saddam Hussein en confiance avec les appuis des Occidentaux et même de l’URSS, mais au contraire, cela sembla durcir le régime de Khomeiny et le renforcer !
Aujourd’hui, ce régime est toujours là. Mieux, il poursuit un programme nucléaire. A l’heure actuelle, il est difficile de savoir où il en est. Il est certain au rythme où vont les choses que l’Iran touche presque au but.

baghdad.jpg

Le péril chiite n’a jamais été aussi présent.
Le pouvoir « islamiste » en Iran, pourrait être « démocratique » en Irak, disent les experts. L’un dans l’autre, une majorité chiite s’étendrait sur les deux pays.
Cette alliance des chiites des deux pays ficherait une drôle de pagaille dans cette région du monde qui n’avait pas besoin des américains pour qu’elle soit explosive. Bush, en quelque sorte, avec son évangélisme et sa croisade pour une démocratie mondiale, est la cerise sur le gâteau.
Minoritaires dans le monde arabe, les chiites sont majoritaires en Irak.
Une seconde affaire du type Tutsi-Hutu se profile à l’horizon, cette fois en pays musulman. Car, rien ne distingue un Chiite d’un Sunnite si ce n’est l’appréciation de la succession de Mahomet ! Autrement dit, en matière de religion, plus c’est con, plus ça fait des morts !
En deux mots : le prophète est mort sans fils (les filles ne comptaient pas déjà !). Le califat est revenu à Ali, cousin et gendre du fondateur (656-661). Celui-ci est assassiné. Les révoltés établissent successeurs du prophète, non plus un de ses parents, mais un proche.
Voilà l’origine de la querelle, car les Chiites sont convaincus que le califat revenait de droit à la famille du prophète. Ils se déclarent « légitimistes de l’Islam ».
On sait comme on est sensible aux questions de religion dans le monde musulman. Par expérience, nous savons ce que nos guerres de religion ont coûté à l’Europe.
De jour en jour, on est de plus en plus convaincu que la politique de Bush en Irak consiste à jeter un pavé dans une marre aux diables qui n’a pas le romantisme de celle de Georges Sand.
Voilà probablement une des raisons de l’attitude de Condoleezza Rice devant le Congrès américain lors de son audition. En menaçant l’Iran d’une intervention, la secrétaire met ce pays en garde qu’il n’entre dans les affaires de l’Irak.
Dobeliou n’a pas les moyens d’occuper l’Irak et l’Iran en même temps, et ce faisant, madame Rice menace sans les moyens de sa menace. Si l’Iran le souhaite, il a une belle carte à jouer. En nous traînant derrière la politique de Bush, on n’est pas sorti de l’auberge !

Poster un commentaire