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La trouille de perdre le pouvoir rendrait-elle bête ?

Deux événements apparemment étrangers sont pourtant liés par la façon de plus en plus frileuse dont notre Société gère ses rapports avec l’histoire et la démocratie.
1. L’intention de supprimer au Vlaams Belang, la dotation accordée à tous les partis;
2. La polémique à la sortie du film « Der Untergang » qui retrace les derniers jours de la vie d’Adolphe Hitler dans son bunker de la Chancellerie.
Une démocratie se juge sur le respect qu’elle accorde à ses minorités, comme à ses majorités afin d’établir une règle commune pour que chacun puisse s’y exprimer.
La question de savoir est évidemment sous-jacente, d’un courant d’extrême droite majoritaire grâce à cette permissivité,.
La réflexion est là.
Une démocratie doit établir une Loi pour tous. Elle ne peut y déroger sous peine de se conduire comme ceux qu’elle condamne. C’est sa force, mais aussi sa faiblesse. Ce qui, en définitive, en fait sa grandeur.
Si on refusait une dotation au Vlaams Belang, je verrais mal comment condamner ce parti, accédant au pouvoir, et prenant les mesures dont il a été victime, pour les appliquer aux autres ?
Par contre, si ce parti arrivé au pouvoir supprimait les subsides, sans que les partis « démocratiques » lui aient retiré sa dotation lorsqu’il était minoritaire, à juste titre, ses "victimes" pourraient crier au scandale et en appeler à la démocratie.
Je sais que l’application de la Loi qui va être sans doute votée ne pourrait se faire que si le Vlaams Belang commettait à nouveau des actes de haine raciale. Mais, dans ce cas, on pourrait dénoncer les faits antérieurs à la Loi. Ne nous méprenons pas, cette disposition de faits antérieurs à la Loi rappelle les Tribunaux d’exception de Vichy qui ont prononcé des jugements à mort à l’encontre de communistes suite aux effets des Lois rétroactives. Cette similitude, me gêne profondément.
Le reportage de Jean-Claude Defossé « L’arrière cuisine du Front national » est sans appel : les dirigeants du Front et leurs membres sont des guignols, des imposteurs et pour certains des escrocs.
On pourrait, de la même manière, produire des documents et des interviews significatifs du Vlaams Belang qui du temps du Vlaams Blok a eu sa part de casseroles.
Pourquoi leur couper le sifflet ? Leurs discours sont des plaidoyers contre eux-mêmes ! Ce n’est pas très malin de leur enlever le droit de paroles en leur coupant les vivres, en épluchant chacune de leurs invectives, afin d’y trouver le mot de trop, la phrase qui vaut une plainte ! C’est leur laisser la couronne du martyr, et peut-être la majorité absolue en Flandre !
Ce n’est pas le Vlaams Belang qu’on touche en faisant cela, c’est la liberté d’expression.
Je suis farouchement contre l’extrême droite, mes écrits l’ont assez prouvé, mais je me battrai contre n’importe qui, pour que ces citoyens s’expriment, avec leurs mots, et leurs haines ! Comment voulez-vous que des démocrates placés entre deux feux puissent juger, s’ils ne peuvent savoir ce qu’une partie des Belges veut leur dire ? Comment se forger des armes contre l’extrême droite, si ses discours ne nous sont plus accessibles ?
Je regrette de devoir l’écrire, mais si le Vlaams Belang est un parti d’exclusion et antidémocratique, le PS par ses prises de position dans le sens contraire, n’en est pas loin non plus.

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La polémique au sujet du film, Der Untergagng, sur la triste fin du dictateur le plus sanglant du siècle dernier est du même ordre.
Nos hypocrites veulent traduire cet épisode douloureux de l’Allemagne nazie en images d’Epinal pour les classes du secondaire. C’est profondément débile !
Certains ne veulent pas d’une vérité dérangeante, alors ils l’arrangent.
Hitler n’était pas un schizophrène. C’était un homme ordinaire. Et vous ne voulez pas admettre cela parce qu’ils vous semblent que le monstre serait humanisé et partiellement pardonné. Mais pauvres innocents que vous êtes, en le déclarant dérangé de l’esprit, vous l’absolvez, au contraire, puisque vous le placez dans une catégorie d’irresponsables et de malades mentaux !
La vérité est plus terrible que celle que vous prétendez détenir.
Ce qui est épouvantable, inouï, c’est que Hitler était un homme ordinaire, pas très instruit, sans rien de particulier, pas très beau, vraiment quelconque. C’est-à-dire que nous avons parmi nous en 2005 des milliers de gens qui ont les mêmes caractéristiques et qui pourraient, placés dans les mêmes conditions, avoir la même nuisance.
C’est, à mon avis, un constat bien plus juste sur la fragilité humaine et sa monstruosité latente.
Penser une seule seconde que ce type aurait pu massacrer des millions de personnes et se conduire en dément dans son entourage, après ses forfaits, est proprement aberrant.
Oui, ce dictateur a fait assassiner froidement par des ordres scélérats des millions de Juifs innocents, des Tziganes, des Résistants, puis après, à la chancellerie ou à Berchtesgaden, il jouait avec les enfants de Goebbels et prenait une tasse de thé avec Eva Braun en parlant peinture.
Oui, Hitler est un homme qui projette une image inquiétante de l’homme. Oui, c’est un monstre. Oui, nous en avons en réserve de ces monstres. Hélas ! des enfoirés du genre du Belang ou du Front, des « dégoûtés » de la politique ou tout simplement des milliers et des milliers d’immatures ou de spoliés que nous fabriquons dans nos écoles à coups de mensonges et de relations bidons avec les grands événements de l’histoire, pourraient voter pour des pitres sanglants. Mais, sans remonter à l’histoire de la République de Weimar et à l’assassinat crapuleux de Rosa Luxembourg, si une chose pareille arrivait aujourd’hui vous en auriez une grande part de responsabilité.

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